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Vers un nouveau système monétaire international
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 05 - 2020


Par Belhaouari Benkhedda, enseignant universitaire
La Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne ne cessent d'imprimer massivement des dollars et des euros à partir de rien. Le Covid-19 sert de prétexte pour justifier une crise financière de grande envergure qui était déjà là depuis le mois de septembre. Aux Etats-Unis, le déficit commercial a atteint un niveau record. Les Etats-Unis n'arrivent plus à résoudre leurs problèmes financiers en faisant tourner la planche à billets, idem pour l'Union européenne. Le système monétaire international est littéralement en train de s'effondrer. Mais comment on en est arrivé là ?
Les accords de Bretton Woods de 1944
A cause de la guerre, l'année 1914 a signé la disparition définitive de l'étalon or. En 1944, les accords de Bretton Woods ont mis en place un système de change fixe. La monnaie américaine a été indexée sur l'or (1 dollar vaut 1/35e d'once), tandis que les autres monnaies ont été indexées sur le dollar. Les paiements internationaux, dorénavant, devaient être réglés en billet vert. Pour faire passer le traité, les Etats-Unis se sont engagés à rembourser en or les dollars excédentaires accumulés par les autres pays. Mais en 1971, les Etats-Unis ne pouvaient plus respecter leurs obligations. Le 15 août de cette année, le Président Richard Nixon, sans préavis, a annoncé, au monde entier, à la télévision et à la cow-boy, la fin de la convertibilité du dollar en or.
Les accords de la Jamaïque de 1976
Les accords de la Jamaïque ont inauguré officiellement le système des changes flottants, un système où les valeurs des monnaies peuvent varier librement, en fonction de l'offre et de la demande sur le marché des changes, à condition que le FMI exerce une surveillance sur les politiques économiques et financières menées par les différents pays. Depuis 1976, la plupart des grandes économies ont adopté un régime de change flottant. Cependant, certains pays ont préféré rester dans le régime de change fixe. C'est le cas de plusieurs pays africains (Franc CFA indexée sur le franc français). D'autres pays ont choisi un régime de change intermédiaire (régime de flottement dirigé), comme la Chine. Le yuan est indexé sur un panier de devises, mais les autorités chinoises gèrent le cours de change en achetant et en vendant leur monnaie sur le marché.
Concernant l'Algérie, c'est en 1964 que le dinar algérien a été créé par la Banque centrale d'Algérie, BCA. Il a été défini à parité fixe avec le franc français (1 FF= 1 DA). Quelques années plus tard, en 1974, l'Algérie a opté au rattachement de la valeur du dinar à un panier de 14 devises représentant les monnaies de ses principaux partenaires commerciaux. Entre 1988 et 1994, une grande série de réformes ont eu lieu à la suite de la baisse des prix du pétrole et l'effondrement économique. A partir de 1994, l'Algérie a connu un passage progressif vers un régime de flottement dirigé. Notons que l'alignement monétaire (fixation de nouveaux cours de change de la monnaie par rapport aux monnaies étrangères) est mesuré à l'aide de l'indice taux de change effectif réel (TCER).
En réalité, les accords de la Jamaïque ont mis au monde, encore une fois, un système monétaire international au service des cow-boys installés aux Etats-Unis. Le FMI, la BM, les banques centrales privées, qui étaient déjà là, ont vu leur pouvoir s'accroître. Ces dernières décennies, ils ont réussi à restaurer l'esclavage pour dette.
Le FMI et la BM
Le FMI et la BM ont été créés en 1944, tous deux ont leur siège à Washington. Officiellement, le FMI est censé assurer la stabilité du système monétaire international et aider les pays en difficulté, alors que la BM est censée lutter contre la pauvreté en apportant des aides et des financements aux Etats déficitaires. Mais tout le monde sait que le FMI et la BM sont de très bons exécutants de la stratégie de choc qui consiste à pousser les Etats à abandonner les subventions des produits et services de première nécessité. Malheureusement, ils ont réussi à mettre en esclavage plusieurs Etats par la signature des accords dictant des programmes de mesures d'austérité. Mais qui décide au FMI et à la BM ? Voici la réponse du docteur Eric Toussaint, porte-parole du réseau international du Comité pour l'abolition des dettes illégitimes : « Les voix sont réparties en fonction des quotes-parts des membres. Autrement dit, plus les Etats versent de l'argent, plus ils ont de droits de vote ! Mais ces quotes-parts sont décidées par les statuts du FMI. Un Etat (la Chine, par exemple) ne peut pas décider d'augmenter sa contribution au FMI pour augmenter ses droits de vote. Les décisions les plus importantes (prêts, budget, changements de la charte, répartition des droits de vote, etc.) nécessitent de réunir 85% des voix. Les Etats-Unis disposant de 16,73% des votes, ils jouissent dès lors d'un droit de veto de fait. De plus, un vote de consensus des 10 pays les plus riches suffit à atteindre une majorité absolue (57,99%). À l'inverse, une union de tous les pays dits « en développement » ne suffit pas. Concernant la BM, les Etats-Unis y ont également un droit de veto tacite avec 16,66 % des voix ».
Les banques centrales privées
La Réserve fédérale américaine FED a été créée à l'image de la Banque d'Angleterre (1694) et de la Banque de France (1800). La FED est née le 23 décembre 1913. La Banque centrale américaine est désormais une banque privée composée de plusieurs banques non américaines (internationales), parmi lesquelles la Rothschild Bank et la JP. Morgan Bank. La FED a le monopole de la création de la monnaie papier, si le gouvernement américain a besoin d'argent (pour faire une guerre par exemple), il devra l'emprunter à la FED. Les citoyens doivent payer la dette et le taux d'intérêt qui va avec (fixé à 8% en 1991). Les banksters ont pensé à tout, l'impôt sur le revenu a été créé le 25 février 1913 pour garantir le paiement de la dette. C'est ainsi qu'ils ont asservi tout un peuple. Du côté européen, le 13 décembre 2007, les vingt-sept Etats membres de l'Union européenne signent le Traité de Lisbonne, qui entrera en vigueur le 1er décembre 2009. L'article 123 de ce traité interdit à la Banque centrale européenne (BCE) et aux banques centrales des Etats membres d'accorder des crédits aux autorités publiques et aux entreprises publiques. Les pays signataires doivent se retourner vers les banques privées qui, elles, ont le droit d'emprunter de l'argent à la BCE, à faible taux d'intérêt. Actuellement, les banques sollicitent des liquidités auprès de la BCE pour une période de 4 ans à un taux d'intérêt de 0% ! L'argent sera prêté aux entreprises privées et publiques à un taux d'intérêt positif.
La crise financière actuelle
A la fin de l'année 2019, l'économie du secteur de la production de l'Europe, de la Chine et des Etats-Unis enregistrait une faible croissance. La FED et la BCE ont décidé alors de faire recours à la planche à billets pour pallier la crise de liquidités « crédit crunch », raréfaction du crédit. Les banques ont perdu de fortes sommes, suite à la faillite de leurs débiteurs (sociétés zombies), raison pour laquelle elles ont cessé d'accorder des prêts. Cette fois-ci la crise a frappé doublement, nous avons à la fois une faillite des banques et celle des entreprises, en conséquence, le chômage atteint un niveau inédit aux Etats-Unis et en Europe. Selon Bruno le Maire, ministre français chargés de l'Economie et des Finances, la crise actuelle est comparable à la grande récession de 1929. Il donne une justification : « … parce qu'elle touche l'économie réelle, parce qu'elle est mondiale .» La crise actuelle est catastrophique parce qu'elle paralyse l'activité économique concernée par la production de biens et services et pas seulement les marché monétaires et les Bourses. L'économie réelle est endommagée au point où l'on ne sait plus comment la redémarrer.
Pour sortir de la crise, Christine Lagarde, présidente de BCE, et Jerome Powell, président de la FED, font recours à deux mécanismes : quantitative easing et baisse du taux directeur. C'est tout ce qu'ils ont trouvé pour éviter une récession semblable à celle de 1929. D'une par, la BCE et la FED rachètent massivement la dette des Etats et des entreprises. D'autre part, ils accordent aux banques des prêts à taux 0% en espérant que celles-ci relancent des crédits pour les entreprises et régénèrent la production. L'expérience montre que les banques internationales, au lieu d'injecter l'argent directement dans l'économie réelle, elles le placent en Bourse ou le prêtent aux riches. Les banksters sont doués pour produire des bulles spéculatives et engendrer des risques de faillite en cascade. Il faut garder à l'esprit que la grande dépression de 1929 s'est prolongée plusieurs années.
Quels enseignements tirer de la crise financière et économique ?
La situation profite à une oligarchie financière. La mainmise de cette oligarchie sur les systèmes politiques et médias mainstream qui cachent les vraies raisons de la crise est inquiétante. Dans ce contexte, la chute des demandes de pétrole risque de se prolonger, l'augmentation des prix n'est pas pour demain. C'est une catastrophe pour les pays producteurs y compris les Etats-Unis. Mais la planche à billets américaine va remplir sa mission de sauvetage des entreprises du pétrole de schiste submergées par les dettes. La chute des prix du pétrole risque d'impacter plusieurs facteurs de l'économie et la finance algérienne : PIB, taux d'inflation, pouvoir d'achat, réserve en devises et, par ricochet, taux de change. Nous devons donc bien préparer une stratégie de sortie. Il est évident qu'il faut accélérer la libération de la dépendance de la rente pétrolière. L'heure est venue de miser sur la jeunesse algérienne qui a donné de belles images de sacrifice en temps de pandémie du Covid-19 et qui a manifesté des capacités intellectuelles exceptionnelles. Mais il ne faut surtout pas prendre exemple sur la BCE et la FED en matière politique, économique et financière. Si on baisse les taux directeurs, il faut veiller à ce que l'argent soit injecté dans l'économie réelle. Concernant l'endettement des entreprises, la dette privée ne doit pas être rachetée et transformée en dette publique. Il faut nationaliser les entreprises zombies et faire plutôt profiter le peuple de la nouvelle donne.
Le nouveau monde
L'argent sert à gouverner le monde. L'expansion continue de Blackrock (société multinationale américaine spécialisée dans la gestion d'actifs) est révélatrice du nouveau monde. Blackrock est présente dans 30 pays, elle est l'un des principaux actionnaires du CAC 40 et actionnaire majoritaire dans 20% de l'ensemble des sociétés cotées américaines. En France, elle a joué un rôle important dans le projet de réforme des retraites, car elle a voulu placer l'argent en Bourse. A présent, elle se prépare pour explorer un autre terrain de chasse, l'Afrique, sous prétexte de vouloir faire des investissements dans l'environnement. Dans le nouveau monde, c'est Blackrock qui décidera quelles activités économiques seront affectées à quelles régions du monde.
Pour les banksters, l'idéal serait de pouvoir former un gouvernement mondial. Ils rêvent d'un système monétaire international basé sur une monnaie mondiale unique sous forme de crypto-monnaie, conçues dès le départ comme une arme de destruction massive des Etats souverains. En effet, la gestion centralisée de la monnaie permet aux banksters le contrôle de l'affectation des ressources monétaires, l'orientation de la façon dont les économies vont pouvoir interagir les unes avec les autres et la sectorisation des économies en fonction des intérêts de ceux qui tiennent les ficelles (voir à cet égard les travaux du Dr Valerie Bugault).
«Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites», nous dit Montesquieu. Dans L'Esprit des lois (1748), il prône la nécessité de la séparation des trois pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire). Pour qu'on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir, dit le philosophe français. Montesquieu n'a pas parlé des banques, parce qu'à l'époque, leur pouvoir était limité. Mais aujourd'hui, si on écrit une Constitution, il faudra penser à restreindre le pouvoir des banques et insister sur le fait que seul l'Etat a le droit d'émettre la monnaie nationale.
À la mémoire de ma mère.
B. B.


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