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Commandant Zaghoul, né Benadda Benaouda
Les oubliés de la Révolution
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 06 - 2020


Par Ali Chérif Deroua
Tout d'abord, je remercie infiniment tous ceux qui m'ont remercié ou félicité d'avoir écrit l'article paru sur le Soir d'Algérie du 21 juin 2020, concernant mon regretté compagnon Amine Zirout.
Cette fois-ci, je mets à la disposition du lecteur algérien et surtout de notre jeunesse un article sur un autre oublié de la Révolution, un article qui permettra de juger le parcours et la valeur de l'un des hommes qui ont libéré notre chère Algérie, et dont ils doivent en être fiers, j'en suis sûr et certain.
Il a pour nom de combat: commandant Zaghloul, Wilaya 5.
Benadda Benaouda est né le 1er février 1927 au douar Anatra, commune de Sidi Benaouda, wilaya de Relizane.
Orphelin de mère dès l'âge de 3 ans, il a vécu une enfance difficile durant sa jeunesse au sein d'une famille dispersée entre Relizane et Oran.
Juste après la guerre 1939-1945, il adhère en 1947 au mouvement nationaliste MTLD, dont le responsable à Oran, en ce temps-là, s'appelait Hamou Boutlilis et qui mérite lui aussi un article-témoignage de ma part.
Confronté à la misère de l'après-guerre qui touchait terriblement le peuple algérien, il décide de s'engager dans l'armée française en 1949. Envoyé en Indochine, il y séjourne jusqu'en décembre 1955. C'est en Indochine qu'il acquiert l'expérience de la guerre révolutionnaire, expérience qu'il met plus tard au service de son pays pour se libérer du joug colonial.
Au mois de janvier 1956, il profite durant le retour sur Marseille de visiter Le Caire. Le bateau sur lequel il voyageait fait escale à Suez où il doit attendre son tour pour emprunter le canal de Suez. Vu la largeur du canal, les bateaux doivent le traverser en convoi de 20 bateaux de façon alternative, un jour Suez Port Saïd, le lendemain Port Saïd Suez. Obtenant une permission, il en profite pour visiter avec un de ses amis et compagnons d'armes, Abdelmoumen, Le Caire et les pyramides. Il est surtout impressionné par la statue de Saad Zaghloul, une figure légendaire de l'Egypte et un exemple de patriotisme du monde arabe. Arrivé en France, il séjourne à Marseille durant quelques semaines, puis se retrouve, début février 1956, dans une caserne française aux environs de Nedroma, wilaya de Tlemcen. Quelques semaines plus tard, le temps de prendre contact avec les responsables des maquis de la région, il déserte l'armée coloniale pour rejoindre l'Armée de libération nationale le 12 mars 1956 avec 12 de ses compagnons dont Abdelmoumen, l'ami et de compagnon de toujours avec armes et bagages et le grade de sergent chef.
Cet apport de soldats d'expérience permet au commandement de la Zone 5, future Wilaya 5, de créer plusieurs unités de combattants avec à leur tête des déserteurs algériens ayant acquis une expérience avérée en Indochine. C'est ainsi que 3 unités de 50 combattants chacune, ayant à leur tête Zaghloul, Abdelmoumen et Jebli, reçoivent comme instructions de pénétrer par le nord du pays pour faire la jonction militaire avec la Zone 4 future Wilaya 4 aux abords d'Orleansville, Chlef actuellement. La jonction organisation, encadrement et implantation a précédé avec comme responsables Boucif et Othmane futur responsable de la Zone 4 Wilaya 5 et son adjoint politique.
Le 14 juin, il dresse une embuscade à un convoi ennemi au niveau de Madagh, près de la ville d'Oran.
Il décide avec Abdelmoumen et Jebli d'attaquer la base aérienne de Tafraoui. Leur présence signalée à l'armée française, celle-ci organise un ratissage de la région. Accrochées, les 3 unités de l'ALN tiennent tête aux troupes françaises du 18 au 20 juillet 1956, offrant un spectacle de guerre aux Oranais des deux communautés qu'ils n'ont jamais oublié à moins de 10 km de la ville. Il n'est pas dans mes habitudes de donner des bilans pour autoglorifier notre glorieuse ALN. Tenir tête pendant 3 jours à l'ennemi malgré son armement, son aviation, sa logistique, son expérience,et la qualité de ses officiers, à 10 km d'Oran et 3 km de la base aérienne est une gageure.
Après le Congrès de la Soummam, il est nommé lieutenant militaire de la Zone 4 Wilaya 5 et son ami Abdelmoumen est nommé sous-lieutenant responsable de région.
Il remplace Othmane promu commandant comme responsable de la Zone 4 Wilaya 5 en décembre 1958. Entretemps, le commandement de la Zone 3 de la Wilaya 5 décimé, est intégré à celui de la Zone 4. Quelques mois plus tard, Zaghloul, gravement blessé à une jambe dont il sera amputé, est fait prisonnier par l'ennemi le 11 avril 1959 dans les environs de Aïn Temouchent. Malgré ses blessure, il est torturé, puis incarcéré à la prison d'Oran puis condamné à mort. Après sa condamnation, il est emprisonné à Alger et aura comme compagnon le regretté Djamel Bouhara, l'un des héros de la Bataille d'Alger.
Au mois d'octobre, il se retrouve avec d'autres compagnons dont Djamel Bouhara transféré à la prison de Saint-Leu (Bethioua) wilaya d'Oran.Il reprend contact avec le capitaine Mohamed Beni Saf, élément qu'il avait sous ses ordres, et lui demande d'organiser son évasion. C'est ainsi que Zaghloul retrouve la liberté le 21 décembre 1961 et reprend le combat avec un handicap d'unijambiste qui ne fait qu'alimenter sa renommée et son aura dans toute la Wilaya 5. Son compagnon Si Othmane, devenu colonel de cette wilaya, l'élève au rang de commandant. Infatigable, il sillonne la wilaya dans la cadre de ses prérogatives. Le 14 mars 1962, il tombe au champ d'honneur dans la commune de Hamri, dans les environs de Relizane.
Son évasion
En juin 2001, je rends visite avec mon ami et compagnon Dekkar Boualem, connu sous le pseudonyme de Ali Guerez, à Djamel Bouhara dans sa villa située à El Mouradia, Alger. Celui-ci me raconte leur évasion et leur séjour au maquis.
Première tentative : trois fois par semaine, un tracteur avec une remorque vient prendre les ordures entassées dans des fûts métalliques pour les jeter dans un oued à proximité de la prison. Le chauffeur du tracteur et un ouvrier étaient des Algériens militants de la cause nationale. Le 17 décembre, il y a eu la première tentative mais elle a échoué pour la simple raison que Zaghoul dans le fût ne pouvait pas plier sa jambe en bois.
Il a fallu découper une partie du fût dans le quel Zaghloul devait se glisser, lui faire glisser la jambe en bois et le recouvrir avec des détritus. Le nécessaire ayant été fait, le 21 décembre, il y a eu la deuxième tentative qui a été un succès pour Zaghloul avec un incident qui aurait pu faire échouer la tentative. Djamel Bouhara, qui aidait Zaghloul à s'installer dans le fût, a profité de l'occasion pour se cacher dans un autre fût malgré le refus du chauffeur et de l'ouvrier... Et c'est Zaghloul qui leur a ordonné de démarrer et de ne plus s'occuper de Djamel.Une fois hors de danger, il l'a félicité pour son initiative et a pris sur lui la décision de s'évader à deux.
Zaghloul spécialiste de la guerre révolutionnaire
- Au maquis, après chaque accrochage avec l'ennemi, il nous ordonnait de quitter les lieux et de s'éloigner du lieu de l'accrochage au-delà d'un rayon de 30 km pour éviter d'être pris dans un ratissage qui suit automatiquement.
- Lorsqu'on était avec le Commando Redouane,il était toujours avec Djelloul et Bachir le dernier de file, le premier de file étant le lieutenant Redouane. A tout moudjahid malade, ne pouvant pas suivre la cadence infernale qu'il nous imposait, il lui remontait le moral en lui proposant de remettre son arme et ses munitions à Djelloul ou Bachir et de nous rejoindre à un douar indiqué lieu de notre destination. La totalité des djounoud malades refusaient, par fierté, d'être délestés de leur arme et se retrouvaient, comme par enchantement, en bonne forme, une fois que nous nous déplacions ensemble. A un moment donné nous avions entendu de nuit quelqu'un venir en sens contraire. Nous nous sommes cachés sur le rebord du chemin puis Zaghloul l'a interpellé et lui a demandé le mot de passe. L'inconnu a donné le mot de passe. Nous sommes sortis de notre retraite. Zaghloul lui a demandé quelle était sa mission.Le tissal lui a répondu qu'il avait une lettre pour Zaghloul. Celui-ci lui a demandé de la lui remettre et qu'il ferait le nécessaire à sa place. Je lui ai demandé pourquoi il n'a pas décliné son nom. Il m'a répondu : à quoi bon, la lettre était pour moi, si je lui donne mon nom et si par malheur il se fait ramasser par l'ennemi, il risque de nous dénoncer sous la torture .
Zaghloul un grand chef
Le jour de l'arraisonnement de l'avion des 5 leaders le 22 octobre 1956, Zaghloul débarque alors que tout le monde avait grise mine pour ne pas dire abattu.Alors qu'il était lui aussi au courant de l'événement, il demande à Redouane ce qui se passe. Redouane l'informe de la mauvaise nouvelle et Zaghloul de rétorquer : tant pis pour eux, ils voulaient rejoindre Tunis par avion.Bien fait pour eux. Ils auraient pu passer par le maquis, partager nos problèmes, nous saluer et s'adressant à Djelloul et Bachir, vous pouviez les porter sur vos dos et leur faire traverser l'Algérie jusqu'à Tunis. Et Bachir de répondre oui Si Zaghloul je pouvais pour l'un d'entre eux lui faire traverser sur mon dos le pays et Djelloul de surenchérir en déclarant qu'il pouvait en prendre deux dans ses bras. Il a demandé aux djounoud de se préparer pour une reddition à l'ennemi. Tous les djounoud étaient révoltés par cette proposition/provocation. Le calme étant revenu, Zaghoul fait un discours splendide avec : chacun d'entre vous est un leader de la Révolution, personne n'est indispensable... la Révolution ne s'arrêtera pas... D'autres prendront la relève....
Après avoir relevé le moral de la troupe, il demande à Habib de sortir sa flute et de l'accompagner pour chanter une quassida de Cheikh Bouras.
La liste de ces anecdotes est longue. Ceci n'est qu'un aperçu de la personnalité de ce moudjahid d'exception. Le choix d'un nom de combat de l'une des figures les plus emblématiques du monde arabe, un parcours remarquable, une exception dans les annales des révolutions ou du moins dans la nôtre, un unijambiste au maquis, le dernier commandant de l'ALN mort au combat 5 jours avant le cessez-le-feu.
Qui dit mieux ?
Je garde, pour mes vieux jours, certaines de ses anecdotes, que je me promets de les partager avec vous un jour.
Voici le combattant à qui s'applique à merveille le message légué par Didouche Mourad, l'une des icônes de la Révolution : «Si nous venions à mourir, défendez notre mémoire.»
Dormez en paix, chers compagnons. Il y aura toujours quelqu'un qui rappellera ce message.
Gloire à nos chouhada.
A. C. D.
NB : La photo du martyr est une copie gracieusement mise à disposition par le moudjahid Mohamed Freha dont le musée est devenu la mémoire de la Wilaya 5.


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