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Et si on causait d'érotisme dans Les Mille et une Nuits ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 09 - 2020

Les choses étant ce qu'elles sont, le but est de faire aérien. C'est donc parti comme ça de la motivation de traiter un sujet anodin. Et décalé. Loin du stress ancien de la « Nouvelle Algérie » qui repart sur un pied inédit : l'« islamisme novembrisé ». Ça mène où ? L'enfer est pavé, etc., etc.
Donc, décalé. Par exemple, en parlant des Mille et une Nuits, ce réservoir d'hédonisme joyeux qui appartient au patrimoine de l'humanité. Mais pas de n'importe quelle façon. En essayant de ne pas jouer les gogos.
Les Mille et une Nuits pose problème. Ce que l'on connaît et ce qui est réellement diffractent.
Contes pour enfants ? On le croirait. Comme on aurait pu croire que de ces contes pour bambins, des voyeurs BCBG ont tiré, pour trasher l'image de l'Orient chaste, des histoires glauques qui exaltent les honneurs rendus à des princesses à travers les méandres de fastueux palais.
Il fut un temps où en, Occident et singulièrement à Paris, les Mille et Une Nuits était réduit à une sorte de Kamasoutra aspergé aux parfums d'Arabie. De nombreux dramaturges, essayistes, romanciers l'ont transfiguré dans ce qu'il porte comme une métaphore fondamentale, un univers voluptueux et lascif de souverains à la virilité insatiable et tentant de combler des hétaïres tout aussi insatiables dans une atmosphère de musc et de luth.
Dans les années 1990-2000, combien de spectacles de théâtre et de livres n'a-t-on vu, en particulier dans la capitale française, aux titres aguicheurs.
Mais, encore une fois, c'est ce qu'on croyait. On pensait que les Mille et une Nuits était un recueil des contes pour enfants, avec des princes et des princesses survolant de somptueux palais sur des tapis volants bigarrés, Sindbad, Aladin et le génie de la bouteille, tout cela à la sauce Walt Disney. Il s'agissait, croyait-on, d'un gentil livre d'images puériles, que des Occidentaux, une fois encore malveillants, avaient perverti en littérature X.
En vérité, c'est tout le contraire. Il ne s'agit pas d'un de ces rapts par des orientalistes en quête d'exotisme d'une œuvre moralement pure pour la défigurer en stigmate de mauvaises mœurs.
En revenant sur la genèse de ces contes, on découvre combien, dans leur origine indo-persane, ils étaient ouvertement érotiques et imprégnés de sensualité. C'est leur découverte puis leur traduction dans les langues européennes, essentiellement en français au début du 18e siècle, et en anglais, qui vont les édulcorer sous la pression du puritanisme chrétien.
La traduction d'Antoine Galland qui a fait connaître les Mille et une Nuits au monde les a expurgés de ses passages érotiques qui procèdent de la grande littérature, ne laissant que des succédanés de sensualité à peine allusive. L'autre traduction importante, en anglais, qui a contribué à l'universalité de l'œuvre est celle de William Lane. Comme Galland, William Lane a, lui aussi, joué du ciseau. Les plus grands écrivains et critiques littéraires se sont élevés au fil des siècles contre la mutilation littéraire et sémantique opérée sur une œuvre de création humaine au nom de valeurs religieuses. L'un des derniers en date, l'écrivain et critique littéraire argentin, Jorge Luis Borges, soulignait qu'« il suffit de la plus furtive et indirecte allusion charnelle pour que Lane oublie toute droiture et multiplie les entorses à la vérité et les omissions ».
C'est donc une œuvre sévèrement passée par le sas qui nous est parvenue. Elle a été façonnée par des traducteurs munis de sécateurs qui ont exécuté les limites morales des sociétés qui les ont produits. Aujourd'hui, il existe au moins deux versions des Mille et une Nuits. L'une, rare, inaccessible, se rapproche de la mouture originale. Elle comporte les séquences érotiques, d'une grande beauté littéraire dont le rigorisme religieux les a séparés. L'autre, la version populaire, expurgée, est celle que tout lecteur dans des centaines de langues peut encore lire aujourd'hui. Elle offre des moments de sensualité fugace et souvent suggestive que, par inattention ou indulgence, le censeur a laissé passer. Et ça donne, effectivement, du Walt Disney.
Mais, même cette version nettoyée par les censeurs européens au nom du puritanisme chrétien du 18e siècle reste encore trop torride pour les islamistes. Ainsi, il y a encore moins d'une décennie, une version publiée par le ministère de la Culture égyptien a subi les foudres d'intégristes musulmans. Ils ont demandé à la justice la saisie de l'ouvrage et la condamnation des éditeurs pour « offenses à la décence publique ». La lecture de ce livre mènerait, selon eux, au vice et au péché.
De l'intégrisme chrétien d'hier à l'intégrisme musulman d'aujourd'hui, le sort fait aux Mille et une Nuits est emblématique d'un (faux) conflit entre la morale religieuse totalitariste et la libre beauté d'une œuvre tout simplement humaine. C'est le conflit entre la création et l'intolérance. C'est dans ce conflit qui ne peut se dénouer que sous l'arbitrage de réalités humaines et non divines que s'inscrivent de nombreux méfaits. Ainsi de tous les meurtres et assassinats d'artistes et de créateurs (écrivains, cinéastes, peintres, caricaturistes) en raison de leurs œuvres et de leur pensée. Mais aussi les interdictions de représentations et de projections comme celle qui a frappé à Paris La dernière tentation du Christ de Martin Scorcèse.
Dans la nuit du 22 au 23 octobre 1988, un groupe « traditionaliste » catholique dépose un engin incendiaire dans une salle attenante à l'Espace Saint-Michel, salle dans laquelle est projeté La Dernière Tentation du Christ. L'attentat fait 14 blessés dont quatre grave. Cinq personnes, dont certains proches de l'église de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, seront condamnées en 1990.
C'est dans cela aussi que s'appréhendent les phénomènes ubuesques de ces dernières années comme par exemple le vol et les destructions par Daesh d'objets appartenant au patrimoine culturel de l'humanité comme à Palmyre, Moussol ou Racca. L'Etat islamique s'est doté d'une unité spéciale, la « ib Taswiya'Kata » chargée de la destruction du patrimoine culturel.
Dans le même cadre, s'inscrit l'exploit d'Abou Marteau, qui a saccagé la Baigneuse de Aïn-el-Fouarra de Sétif. Le but, rappelons-le, était de faire léger.
Et pour finir, un mot — léger, aussi, — quand même, et qui n'a rien à voir avec ce qui précède : solidarité avec Khaled Drareni et tous les détenus d'opinion !
A. M.


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