Le recensement général de la population et de l'habitat sera parachevé avant la fin du premier semestre de 2022, d'après le gouvernement. Selon les déclarations du Premier ministre à ce propos, le but de cette opération est de donner une nouvelle dimension de développement pour le citoyen dans les plans de croissance socioéconomique. Les dernières données démographiques ont révélé que le nombre d'habitants de l'Algérie est passé à 43,9 millions le 1er janvier 2020, contre 43,4 millions le 1er janvier 2019, selon l'Office national des statistiques (ONS). Mais au-delà de constituer une méthode quantitative pour connaître l'évolution démographique d'un pays, quelle est concrètement l'utilité de ce type de recensement d'envergure ? Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Tentant d'éclairer l'opinion publique sur l'utilité, voire la nécessité de réaliser régulièrement un recensement de la population, les experts se rejoignent sur le fait que la situation démographique en Algérie retient l'attention, tant elle est marquée par une explosion exponentielle du nombre d'habitants et du volume de naissance. Pour rappel, la population résidente en Algérie était de 43,424 millions de personnes au 1er juillet 2019 et le nombre des naissances vivantes avait atteint 1,034 million, soit 4 000 naissances de moins qu'en 2018. A ce rythme de croissance de l'année 2019, la population résidente totale a atteint 44,7 millions au 1er janvier 2021, selon les dernières données de l'ONS. Pour le sociologue Zoubir Aroussi, l'importance du recensement démographique régulier de la population est «stratégique». Dans la mesure où il permet à n'importe quelle société « de fournir des informations sur les caractéristiques de sa population : âge, profession, moyens de transport utilisés, conditions de logement». Outre ces détails, il fait également savoir que les données statistiques qui en découlent «permettent de définir les politiques publiques nationales». Elles peuvent à titre d'exemple renseigner l'exécutif sur les équipements et les infrastructures publics et collectifs à prévoir pour la population. C'est ainsi, à partir de ces indicateurs qu'il sera possible «d'identifier les besoins économiques, sociaux et culturels, dans l'optique de répondre de façon adéquate à ces attentes», a-t-il expliqué. Prenant maintenant la dimension sociale de la démographie en Algérie, Zoubir Aroussi a fait savoir que les dernières études menées dans ce sens établissent «l'allure exponentielle de l'explosion démographique». En sachant que le volume de la population est sans doute amené à croître davantage d'après les prévisions des spécialistes du domaine. Pour le sociologue, ce rythme ne peut que prêter à l'affolement quand on sait que les Algériens vont de crise en crise. «L'explosion démographique amorcée depuis quelques années a fait naître une situation où il n'est plus possible d'assurer aux citoyens, des besoins élémentaires dont dépend leur survie», a-t-il signalé. Et ce, même en prenant compte du facteur de l'immigration massive des jeunes notamment, qui s'opère depuis un long moment maintenant. Tout en établissant la corrélation entre l'augmentation du nombre des naissances vivantes et de l'explosion démographique, notre interlocuteur aurait trouvé plus logique qu'avec la crise économique qui dure maintenant depuis 2014, «les Algériens soient moins portés sur la procréation sans limite». M. Abdelhamid Chelouche, sociologue spécialisé dans la démographie sociale, estime de son côté que les raisons principales qui expliquent l'importance d'effectuer un recensement démographique au moins tous les dix ans reviennent aux «transformations structurelles et aux changements dans les différentes activités économiques et sociales». Il juge, lui aussi, que l'évolution démographique de la population algérienne nécessite des études plus approfondies et plus précises. Faisant une brève rétrospective sur l'histoire de ce type de recensement en Algérie, il indique que «le tout premier RGPH de l'Algérie a été réalisé en 1966». Le but de cette opération était de «cibler les besoins socioéconomiques avant de constituer les bases d'un plan de développement local et national», poursuit-il. Aujourd'hui, des mutations non négligeables sont survenues sur les plans social, économique et culturel. « Un nouveau recensement plus précis s'impose dans ce contexte », d'après lui, en prenant en considération de nouveaux paramètres. Le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, avait indiqué que «toutes les mesures nécessaires ont été prises pour la réalisation, courant 2021, du sixième RGPH». M. Z.