Par Arezki Metref [email protected] Dimanche 19 juin : Sursaut Euh ! Boum, coup d�Etat, pardon �sursaut r�volutionnaire� ? Combien d' ann�es d�j� ? Faut demander � Ben Bella. Il n�est pas rancunier, visiblement, Hmimed ! Il fait toujours ami-ami avec l�un des plus proches collaborateurs de son tombeur d�alors qui est le pr�sident d�aujourd�hui. Faut cultiver le pardon, la r�conciliation, la concorde, etc. ! � C�est la gr�ce de Dieu, wallah ! Mais dans cette logique d�apaisement, je ne comprends pas pourquoi Ben Bella semble avoir pass� l��ponge sur le coup d�Etat qui l�a d�pos� tandis qu�il continue � poursuivre de sa hargne � voire de sa haine � un type comme Abbane Ramdane. Haine s�lective difficile � comprendre ou alors trop facile � piger. Abbane a le malheur d��tre kabyle, serait-ce donc �a le fond du probl�me ? N�emp�che que Ben Bella travaille contre lui-m�me. Si tant est que l'on �prouv�t � son �gard une quelconque sympathie du fait des circonstances de son �viction du pouvoir et de son emprisonnement quinze ann�es durant, il a tout bousill� avec ses divagations posts�niles. J.L. Borges qui a tout dit sur tout, et de fa�on si simple et si intelligente, soutenait qu�� partir de 84 ans, �ge qu�il avait quand il a �mis cette r�flexion, tout ce qu�on fait et dit est d�une certaine mani�re posthume. Il para�t qu�il vient de se marier, Ben ! Mariage post� ? Lundi 20 juin : Il pleut toujours o� c�est mouill�, ouais ! Quand il pleut en Kabylie, c�est au Maroc qu�on r�colte. Le mot est d�un militant marocain de l�amazighit� commentant l�introduction de la langue berb�re dans la Constitution marocaine. L�article 5 du projet de Constitution qui sera soumis a r�f�rendum � la rentr�e consigne l�officialisation de la langue amazighe. Le vieux r�ve pour lequel se battent des g�n�rations de militants et de citoyens en Alg�rie trouve sa r�alisation au Maroc. Ils ont raison de nous narguer un peu, nos fr�res de l�Ouest. Ce ne sont pas eux qui sont plus pugnaces � ou moins � que nous mais nos gouvernants qui sont plus but�s que les leurs, voil� tout ! Mardi 21 juin : Le jour le plus long A propos de la Syrie, question primaire, essentielle, pos�e dans un article paru dans Al-Ittihad, quotidien de l'EAU ( Emirats arabes unis) : quelle alternative avons-nous � proposer � une population menac�e de mort ? Cette population, en l'occurrence, est celle de la Syrie contre laquelle se d�cha�nent les unit�s aux ordres de Maher El-Assad, fr�re du pr�sident. Face � cette r�pression de masse qui n'�pargne personne, pas m�me les enfants, hormis l'Union europ�enne, seule la Turquie fait entendre sa voix en condamnant les massacres. Et les gouvernements arabes me direzvous ? Eh bien, ils restent muets, se rangeant, par leur �incroyable silence�, pour reprendre le titre d' Al-Ittihad, du c�t� de la Russie et de la Chine qui, eux, ont carr�ment pris position contre... �le peuple syrien�. Une fois encore, les gouvernements arabes laissent, par leur mutisme, le champ libre aux pays occidentaux, et les slogans anti-imp�rialistes n'y changeront rien. Mercredi 22 juin : Baisse de la criminalit� aux States C'est � n'y rien comprendre. Malgr� la r�cession, la criminalit� aux Etats-Unis est en baisse. C'est du moins ce que souligne le quotidien londonien The Economist. En pleine crise financi�re, et en d�pit de la hausse du taux de ch�mage, les crimes avec violence, d�j� en baisse depuis 2008, ont recul� de 5,5% entre 2009 et 2010, de m�me que les infractions contre les biens (-2,8%). Les experts qui annon�aient un raz-de-mar�e d'agressions, de meurtres et de vols peuvent revoir leur copie. Les crimes avec violence seraient � leur niveau le plus bas depuis 40 ans. Pour expliquer ce ph�nom�ne, le criminologue Alblumstein avance un � effet Obama� qui aurait �loign� un certain nombre de jeunes Noirs des comportements d�viants. Si cette explication peut s'av�rer pertinente, d'autres sont plus fantaisistes. Il en est ainsi du lien �tabli par certains sp�cialistes entre l'exposition au plomb pendant l'enfance et la d�linquance � l'�ge adulte. A moins qu'il ne s'agisse des jeux vid�o et d'internet qui, selon certains, pr�senteraient l'avantage de maintenir les d�linquants en puissance � l'int�rieur de leur foyer... Jeudi 23 juin : Marche des sal� Comment une affaire locale peut provoquer une onde de choc plan�taire. Cela s'est pass� � Toronto au Canada, en avril dernier. Elles devaient �tre dix, au final, elles seront 3 000 personnes � d�filer dans les rues de Toronto pour protester contre l'attitude d'un policier qui, s'en prenant aux �tudiantes, leur avait d�clar� que si les femmes ne voulaient pas se faire violer, elles devaient �viter de s'habiller comme des �salopes�. Se r�appropriant l'insulte, les manifestantes ont baptis� leur marche, �SlutWalk�, traduit en fran�ais par marche des salopes, et d�filent en tenue l�g�re et provocatrice. Certaines ont m�me �crit l'insulte sur leur peau, brandissant des pancartes : �Salope et fi�re de l'�tre� ou encore: �Ne nous dites pas comment nous habiller. Dites aux hommes de ne pas violer.� Comme une tra�n�e de poudre, le mouvement s'est r�pandu des Etats-Unis � l'Afrique du Sud, en passant par l'Europe. La voici programm�e pour juillet � New Delhi et rebaptis�e pour la circonstance Besharmi Morcha, �Marche des effront�es�, pudeur traditionnelle oblige. Les manifestantes entendent ainsi attirer l'attention sur ce ph�nom�ne du viol, un quart de ces actes criminels ayant lieu � New Delhi. On apprend par la m�me occasion que l'Inde se place au quatri�me rang des pays les plus dangereux pour les femmes. Vendredi 24 juin : Matoub... C'est le 25 juin, mon cher Loun�s, et c'est le treizi�me anniversaire de ta mort. Quel vilain mot pour la comm�moration d'un assassinat : anniversaire ? Non, pas anniversaire ! Bref, il y a 13 ans, des assassins t'ont arr�t� dans un barrage et t'ont descendu. Depuis, tous les 25 juin, des millions de personnes ont une pens�e pour toi... Est-ce pour cette raison que je te fais ce petit mot ? Parce que c'est l'anniversaire... je veux dire la comm�moration de ton d�c�s ?... Une sorte d'hommage que je te rends dans une culture qui se tisse d'hommages en �vocations ?... Ce n'est pas parce que tout le monde pense � toi ce 25 juin que je m'y mets aussi... Non ! Si je le fais, c'est seulement parce que la date de ton sacrifice outrepasse ta personne. Elle �voque, au-del� de l'ami, le combat pour une culture, une identit�, pour la libert�, la tol�rance, pour un pays vivable... Elle a quelque chose d'universel et cette universalit� qui touche tous les hommes o� qu'ils soient, s'appelle tout simplement libert�... Mais je crois l'avoir d�j� dit... �a s'appelle aussi droits de l'homme avec le premier d'entre eux, le droit � la vie... C'est ce dernier qu'on t'a enlev�... D�ni�. Ot�. Brutalement, sauvagement... Et c'est ton peuple qu'on a essay� d'encha�ner. Je ne vais pas redire ici ton combat. Il suffit d'�couter tes chansons pour le savoir. Chaque mot et chaque note portent cette pugnacit� d'une identit� qui a des mill�naires d' irr�dentisme au compteur. Je veux dire de r�sistance et de r�bellion, si tant est que les deux mots diff�rent de sens... S'il y a des gens qui n'ont jamais dout� de l'efficacit� de ta voix dans la d�fense de la valeur de la libert�, ce sont tes ennemis et ses ennemis � elle, la libert�. Ce sont au total les m�mes. C'est d'ailleurs bien pour �a qu'ils t'ont tu�. Parce qu'ils savent qu'une voix comme la tienne finira par r�unir dans un m�me �lan de lib�ration les sans voix qui, par millions, soul�veront les montagnes... Parfois, quand je vois ce qu'est devenu ce pays, quand je vois o� m�ne la compromission, quand je vois dans quel �tat se trouvent la Kabylie et les Kabyles, la d�mocratie et les d�mocrates, la la�cit� et les la�cs, je me surprends � dire : heureux Matoub qui n'a rien vu... Mais par moments, je me dis aussi qu'il aurait d� �tre l� pour voir tamazight en voie de devenir langue officielle au Maroc et surtout entendre les Berb�res tunisiens d�couvrir le go�t de leur identit� nivel�e pendant des d�cennies, et surtout encore les Berb�res libyens se d�barrasser du pire dictateur arabo-machin que la terre ait port�... Mais de l� o� tu es, mon cher Loun�s, tu vois tout �a et je suis s�r que tu avais tout pr�vu... Mais tu sais, je suis comme tous les autres, je t'id�alise... Et tu auras bien compris, malin comme tu es, que quand je dis �je�, le pronom personnel n'est pas � moi seul. Ce sont tous les potes qui parlent sans doute en m�me temps que moi. Et ces potes se comptent par milliers. Que dis-je ? Par millions... Allez, salut, mon cher Loun�s...
