Par Kader Bakou Un geste «anodin» que personne dans ce jardin algérois n'a remarqué. L'enfant, en passant, a arraché d'une preste main une fleur du jardin. Son père qui lui tient l'autre main ne voit apparemment rien et ne bronche pas lui aussi. Le père se met à discuter bruyamment politique et religion avec d'autres adultes dans un coin, un peu à l'écart. De leurs gestes, de leurs propos et de leurs expressions du visage, se dégage une incompréhensible violence. Ils se coupent mutuellement la parole et parlent souvent tous en même temps, bien que, apparemment, ils sont d'accord sur toute la ligne sur les responsables de leur «colère». L'enfant entre dans la partie gazonnée, à quelques mètres de son père. Il remarque un petit palmier et se met à sautiller pour essayer de saisir le sommet du fragile arbuste. Un homme l'air intello qui était assis sur un banc du jardin va vers l'enfant et essaye de lui expliquer gentiment et avec un langage enfantin que «ce n'est pas bien d'arracher une plante». L'enfant est comme pris de rage. Cette fois, il se met à gronder et à sautiller toutes griffes dehors vers le visage de l'homme. Surpris, celui-ci fait un geste réflexe pour éloigner le diablotin. Un grognement se fait entendre derrière le dos de l'homme. C'est le père de l'enfant qui a vu que quelqu'un a «osé» toucher son rejeton. Tous ses amis sont solidaires et d'accord avec lui. Tous trouvent «injuste» et «grave» qu'un adulte puisse reprocher à un enfant, «un ange», selon eux, le fait de piétiner le gazon, d'arracher les plantes du jardin et de pourchasser le petit chat qui dormait au soleil. Un mal-éduqué (ou carrément non éduqué) peut-il éduquer son enfant ? K. B.