�Si je me trompe, je suis. Car celui qui n'est pas ne peut �tre tromp�.� (Saint Augustin) Notre syst�me solaire compterait 10 plan�tes au lieu de 9 ! Voil� une nouvelle ahurissante qui va rendre toutes les encyclop�dies et les livres scolaires p�rim�s ! Pourtant, dans le flot ininterrompu des nouvelles qui nous inondent via les nouveaux m�dias la r�volution num�rique, nous avons pris � la l�g�re cette information ; et peut-�tre m�me que certains d�entre nous n�y ont pr�t� aucune attention. La preuve ? Tr�s peu de quotidiens �voquaient cette extraordinaire d�couverte qui bouleverse toutes les connaissances astronomiques. Une dixi�me plan�te, voil� qui prouve encore une fois que la connaissance scientifique n�est jamais un chapitre que l�on peut clore d�finitivement. Au fur et � mesure que les scientifiques se dotent d�instruments d�velopp�s de recherche et d�investigation, cette connaissance �largit ses horizons et ce qui �tait impossible � imaginer devient v�rit�. Mais peut-on parler de v�rit� lorsqu�il s�agit de science ? Hier, on pouvait affirmer, et m�me gagner � �Akher Kalima � en donnant la r�ponse �9 � � la question : �Quel est le nombre des plan�tes du syst�me solaire ?�. Et ce qui �tait v�rit� hier devient erreur aujourd�hui ! Ainsi va la v�rit� scientifique. Elle est �tablie sur la base d�exp�rimentation scientifique, de recherches sophistiqu�es et d�analyses pouss�es. Une fois qu�on y parvient, elle devient la v�rit�, mais en fait ce n�est qu�une r�alit�, c�est-�-dire un niveau de connaissance v�rifi� et r�el, mais valable pour un temps seulement. En fait, cette r�alit� acc�de au statut de v�rit� presque par d�faut, tant qu�une autre v�rit�, d�couverte par les scientifiques, ne viendra pas la bousculer pour la remplacer. Depuis Newton, l�astronomie s�enrichit chaque jour de nouvelles d�couvertes et les th�ories �tablies au cours d�un si�cle sont presque toujours remises en cause par les d�couvertes du si�cle suivant, mais jamais on n�avait �t� aussi loin dans la remise en cause des �l�ments cl�s de l�astronomie, c�est-�-dire dans la connaissance du syst�me solaire que l�on pensait achev�e. Au moment o� les t�lescopes �volu�s inspectent les abysses d�autres syst�mes, personne ne pouvait supposer qu�une dixi�me plan�te tournait tranquillement dans le n�tre, sans capter l�attention des astronomes ! Une pr�cision quand m�me : cette plan�te qui n�a pas encore de nom serait situ�e � 15 milliards de kilom�tres de la Terre. Et si cette d�couverte est officialis�e, elle va rentrer dans les manuels scolaires et les encyclop�dies comme la nouvelle v�rit�. Mais une v�rit� toute relative, car rien ne nous dit que d�autres astronomes ne viendront pas, dans une ann�e ou un si�cle, tout chambouler en annon�ant la d�couverte d�une onzi�me plan�te ! Ainsi, celui qui pense d�tenir la v�rit� et pr�tend que c�est l�unique v�rit�, ne d�tient que ce que la connaissance de son �poque a pu �tablir et v�rifier. La v�rit� n�existe pas. Tant qu�elle peut �tre remise en cause, elle reste sujette au doute. La science fait reculer chaque jour les limites de la connaissance et nul ne peut dire de quoi sera fait demain ! A ce titre, la seule et unique v�rit� que l�on ne peut ni soumettre � l'�preuve, ni contester, puisqu�elle d�passe les hommes et leurs connaissances, est celle qui s�impose par les textes sacr�s. Sujette � diverses interpr�tations, elle reste cependant immuable et �ternellement valable. C�est La V�rit�, alors que la science ne nous livre que des v�rit�s, les unes succ�dant aux autres, dans un perp�tuel mouvement qui nous rapproche de la �vraie� v�rit�. Mais cette perception d��tre pr�s du but n�est valable qu�aujourd�hui : les Grecques pensaient aussi avoir tout d�couvert, et pourtant ils ne connaissaient pas grand-chose de ce que nous savons aujourd�hui. Cela veut forc�ment dire qu�en l�an 3020, les �tres qui habiteront cette plan�te � pour peu que les arri�re-petits-fils de Bush la laissent tranquille � riront de cette somme ridicule de savoir que nous exhibons fi�rement aujourd�hui ! Cette course infinie vers la connaissance sup�rieure permet � l�homme de relativiser sa capacit� � comprendre le monde qui l�entoure ; car ces nouvelles d�couvertes sont comme une gifle cinglante � sa pr�tention et l��l�ve qui aurait r�pondu �10� hier serait en droit de contester aujourd�hui le z�ro qu�il a r�colt�, ce qui serait une mani�re de ridiculiser son ma�tre. �Tout ce que je sais, c�est que je ne sais rien�, avait chant� un jour Jean Gabin, dans un moment de remise en cause qui est aussi un grand questionnement philosophique. Oui, cette plan�te, la dixi�me d�un syst�me solaire qui �devrait� n�en compter que 9, vient nous remettre � notre juste place : nos ordinateurs �hyperm�gatis�s�, nos t�lescopes spatiaux et nos tonnes d�instruments embarqu�s � bord des sondes qui voyagent au-del� du monde visible, nous permettent juste de rattraper notre retard ! Jamais d��tre en avance ! Et que faisons-nous g�n�ralement de cette formidable somme de connaissances ? Rien ou presque ! Juste bonne � titiller l�ego national des super-puissances, cette longue qu�te de savoir ne m�ne pas toujours l� o� elle devrait mener, c�est-�-dire � l�am�lioration de la vie sur la seule plan�te o� la vie existe. En ce d�but ao�t, il ne serait pas inutile de rappeler ce que l�homme a fait en premier en domptant l�atome. Il ne trouva pas mieux que de larguer cette horreur appel�e bombe atomique sur des dizaines de milliers d��tres humains, partis trop t�t pour voir que le nucl�aire pouvait aussi avoir d�autres c�t�s positifs. Destructeur inn�, l�homme a toujours cette tendance perverse � utiliser le savoir scientifique pour assouvir ses besoins de domination. C�est peut-�tre l�une des raisons qui expliquent que cette dixi�me plan�te n�a pas soulev� l�enthousiasme des foules et, pourtant, dans ce monde si moche, c�est quand m�me une bonne nouvelle, m�me si demain on rira de notre nouvelle v�rit� !