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KIOSQUE ARABE
La base virtuelle de la d�mocratie Par Ahmed HALLI [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 08 - 2005

Non "douktour"! Il n'y a pas de "r�sistance noble" en Irak. Il y a certes comme vous des r�sistants au progr�s, � la d�mocratie, � la modernit�. Ils existent "douktour" et ils sont de toutes les longitudes araboislamiques. Vous aviez toute libert� de chanter les "exploits" meurtriers de Zarqaoui en les attribuant � de nobles r�sistants. Dans ce pays, le mot "djihad" autorise tous les d�rapages depuis que vous en avez perverti le sens. Aujourd'hui, vous pouvez gloser � longueur de colonne sur cette pseudo-r�sistance irakienne.
Il para�t que vous vous �tes battus jadis pour ce droit. El-Hachemi Cherif aussi a combattu pour lib�rer le sol et la parole dans ce pays. Il ne s'autorisait pas, pour autant, des �carts de langage et des d�tournements de s�mantique. Le "moudjahid" que fut El-Hachemi Cherif n'a jamais os� comparer un "serial killer" jordanien � ses compagnons d'arme tomb�s au champ d'honneur. Vous l'avez fait, de fa�on elliptique certes et dans votre style. Des inconscients se pr�valant du combat de leurs p�res ou de leurs grands-p�res ont attent� � leur image en y superposant celle de Zarqaoui. Si cette "noble r�sistance" (Al-muqawama al-charifa) irakienne, comme vous l'appelez, existe, "douktour", pourquoi a-t-elle d�sign� un agent de Ben Laden comme leader et porte-parole? Qu'attend-elle pour condamner les attentats aveugles frappant en priorit� des Irakiens? Pourquoi son silence devant l'assassinat de nos diplomates? Lorsque vous chantez les exploits de la "noble r�sistance" irakienne, celle de Zarqaoui, vous passez prudemment sous silence certains de ses actes les plus r�pr�hensibles. Vous ne parlez pas des attentats contre les mosqu�es chiites. Vous fermez pudiquement les yeux pour ne pas voir les bombes d�chiqueter les fid�les � l'heure de la pri�re. Vous d�tournez le regard des voitures qui explosent au milieu des march�s chiites. Bref, vous fa�tes preuve de cette solidarit� malsaine qui fait de vous un supporter sunnite contre l'�quipe chiite d'en face. Il est vrai, pour votre d�fense, qu'un d�compte ponctuel montrerait que chez ZArqaoui la haine de l'autre est �quitablement r�partie entre les deux communaut�s. Mais il y a toujours cet atavisme qui mobilise derri�re Zarqaoui une partie de l'opinion arabe. Prenez l'exemple de la derni�re sortie de Aymen Zawahiri, le bras droit de Ben Laden! La semaine derni�re, tous les m�dias arabes dont les n�tres ont fait leur "une" avec l'apparition du nouveau docteur Mengel. Avec une jubilation � peine dissimul�e que certains confr�res ont annonc� les nouvelles menaces de Zawahiri. Avec un peu plus de courage qu'ils en ont, certains auraient pu arborer ce titre : "Tremblez m�cr�ants et infid�les ; le fl�au de Dieu va frapper!". A cette technique, la palme revient comme toujours � la cha�ne qatarie Al-Jazira. Donc, � en croire les larges extraits diffus�s par Al-Jazira, Zawahiri promet des lendemains apocalyptiques aux Am�ricains. Ce qui fait craindre le pire pour les Arabes et les musulmans du monde entier. Examinons les faits et les chiffres : pour blesser un soldat am�ricain par voiture pi�g�e, Al-Qa�da doit massacrer au moins 34 enfants. Pour tuer un Am�ricain, il faut tuer au moins cinquante fois plus d'Irakiens. Ce qui signifie que si Zawahiri tient ses promesses d'apocalypse, il voudra encore tuer plus d'Am�ricains ou d'Anglais. Conclusion premi�re : les Irakiens devront pr�parer encore beaucoup plus de linceuls. Et si Zawahiri fait exploser une bombe dans une ville occidentale, gageons qu'il choisira un lieu et une heure de grande affluence de ses coreligionnaires et admirateurs honteux. Rompant avec la tradition de silence complice ou de vivats sous le boisseau, un m�decin alexandrin interpelle l'adjoint de Ben Laden. Ce m�decin, Omar Isma�l, pr�cise d'entr�e qu'il a le m�me �ge que Zawahiri et qu'il a fr�quent� le m�me lyc�e et la m�me facult� que lui. Dans une lettre ouverte � Zawahiri publi�e vendredi 5 ao�t par le magazine Elaph, il interroge : "Qu'as-tu gagn� personnellement et qu'avons-nous gagn� lorsque tu as renonc� � ton m�tier (m�decin) qui est de sauver des vies et non d'en tuer?" "Je ne suis qu'un simple citoyen d�sireux de vivre en paix et en s�curit�, un inconnu alors que ton nom est sur toutes les l�vres, que ta t�te vaut des millions de dollars. Il y en a qui te consid�rent comme un des h�ros de cette nation et d'autres qui te voient comme un criminel. Depuis que tu as abandonn� ton m�tier et que tu as rejoint ceux que tu appelles les "moudjahidine", la mort est devenue ton sacerdoce et a supplant� la vie. Sadate a �t� tu� par tes compagnons. Cela t'a-t-il apais�. Ce meurtre a-t-il �t� b�n�fique � l'Egypte ou � un tiers? Y a-t-il, de ce fait, plus de justice et de prosp�rit� en Egypte? Ton groupe a tu� des dizaines de touristes innocents � Louxor. En quoi cela a-t-il �t� utile � la nation islamique? L'Egypte a-telle gagn� en religiosit�, ses habitants sont-ils devenus plus vertueux et plus pieux? Des centaines d'innocents sont morts � Nairobi et � Dar-al- Salam. Ces morts ont-ils profit� � la nation islamique et amen� les Etats-Unis � cesser leur soutien � Isra�l? Apr�s avoir �num�r� les divers crimes de l'organisation de Ben Laden, le Dr Omar Isma�l aborde un autre chapitre. "Tu pr�tends dans ta derni�re intervention que Al Qa�da contr�le la majorit� de l'Afghanistan. Comme je ne comprends pas grand-chose, peux-tu m'expliquer ceci : l'Afghanistan n'�taitil pas enti�rement entre vos mains? N'aviez vous pas la possibilit� d'y instaurer l'Etat islamique id�al qui se serait �tendu de fa�on pacifique � tous les pays musulmans? Un Etat o� auraient r�gn� la justice et la prosp�rit�, qui aurait nourri et habill� ses habitants. Un Etat qui aurait prouv� effectivement que nous sommes "la meilleure des nations" et nous aurait rendu notre fiert� au regard du monde. Au lieu de cela, vous avez �rig� un Etat qui �tait tout le contraire. Un Etat qui opprimait les femmes et leur interdisait l'�cole. Un Etat dont la seule obsession �tait d'appliquer les punitions et les avatars de l�islam au d�triment du message r�el (.) L'Afghanistan s'est transform� entre vos mains et celles des talibans en exemple � ne pas suivre pour tous les Musulmans. Sans compter l'aversion que vous avez suscit�e chez les autres peuples". Sur un autre registre, notre ami Chaker Naboulci est revenu dans le quotidien kowe�tien Al- Siassa sur la �ni�me conf�rence islamique inutile qui s'est tenue le mois dernier � Amman. Le sociologue constate d'abord que beaucoup de th�ologiens qui participaient � cette conf�rence ont �mis des "fetwas" incitant � tuer des civils, hommes, femmes, enfants, vieillards sous le parapluie du "djihad". "Si ces "juristes" �taient sur la juste voie, affirme Chaker naboulci, ils auraient �mis des "fetwas" condamnant � mort Ben Laden, Iman Zawahiri et Zarqaoui et tous leurs cadres en tous lieux. Au lieu de cela ils se contentent, comme d'habitude, de condamner et d'�grener des slogans sur la tol�rance et la coop�ration entre les religions". Un slogan comme celui de la "muqawama charifa" dont le moins qu'on puisse dire est qu'il manque de noblesse. C'est le derniers recours de ceux qui avancent le pr�texte de l'occupation �trang�re pour refuser les r�formes. Il y a pourtant des messages salvateurs qui sont venus dans les bagages des conqu�rants, "douktour". Mes anc�tres ont bien accept� l'islam apport� par des cavaliers �trangers, et sans trop de batailles sanglantes, selon vous "douktour". Alors, pourquoi me refusez-vous le droit d'accepter la d�mocratie occidentale? Elle est d�j� chez nous sous la forme d'une base US virtuelle implant�e au Sahara?
A. H.
Cette chronique est d�di�e � El-Hachemi Cherif qui n'a transig� et finalement c�d� que devant la mort.


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