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NADIA AT MANSUR
�Nos contes sont des bijoux�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 05 - 2007

Le Soir d�Alg�rie : Psychanalyste, m�decin, chanteuse dans la tradition soufie, po�te, �crivain. Vous �tes tout cela � la fois. Comment s'articulent ces diff�rentes activit�s ?
Nadia At Mansur : Mon activit� actuelle se concentre sur l�exercice de la psychanalyse et l��criture. J�ai d�but� dans la vie professionnelle par un parcours m�dical classique, une sp�cialisation suivie d�un post-doctorat en recherche.
Par la suite, j�ai totalement quitt� ce domaine qui ne me satisfaisait pas, et dans lequel j��touffais pour tout dire, pour aller vers ce qui m�appelait sans doute depuis longtemps, qui est l�univers de la psychologie. Ma d�couverte du psychiatre suisse C. G. Jung avait auparavant constitu� un tournant dans mon existence. C�est lui qui m�a procur� les instruments n�cessaires � la navigation sur les eaux tumultueuses de l�inconscient, qui m�a ouvert les portes d�une compr�hension symbolique des choses de l�esprit, du ph�nom�ne religieux. J�ai, depuis, dirig� mes activit�s dans cette voie junguienne, qui inclut aussi bien l�activit� psychanalytique proprement dite, que l�approche psychologique des contes, des mythes, des textes sacr�s. Quant � la cr�ativit� artistique qui m�a saisie un temps, elle a sans doute voulu exprimer la joie int�rieure devant ce qui s�apparentait � une sortie d�Egypte.
Vous �tes n�e � Alger. Vous avez �tudi� la m�decine � Paris o� vous vivez. Vous avez s�journ� en Suisse, travaill� dans la recherche aux Etats-Unis, voyag� en Afrique. Quelle est votre qu�te ?
Le d�part pour Paris avait pour objectif les �tudes m�dicales. Le s�jour am�ricain servait mon ambition d�alors, aller aupr�s des meilleurs dans mon domaine, la dermatologie, tout en observant un certain recul vis-�-vis d�un horizon hospitalo-universitaire parisien �troit que je supportais de moins en moins. Le d�part pour la Suisse, par contre, r�pondait � une exigence int�rieure et marquait mon changement d�orientation vers la psychologie. C��tait un p�lerinage sur les lieux de vie et d�enseignement de C. G. Jung � Zurich. J�y ai effectu� ma psychanalyse personnelle tout en travaillant en tant que m�decin-assistant en psychiatrie. Quant � l�Afrique noire, je l�ai d�couverte � l�occasion d�un voyage au S�n�gal qui m�a nourrie et m�a pleinement confirm�e dans mon sentiment d�africanit�. J�ai eu la chance de pouvoir assister � des c�r�monies de d�senvo�tement, une c�l�bration dans un mausol�e de saint musulman, ainsi qu�� une messe catholique. J�y ai vu le musulman Mamadou assis en compagnie du chr�tien Augustin. La terre s�n�galaise est exceptionnelle de douceur et de tol�rance. Pour r�pondre pr�cis�ment � votre question sur la qu�te, la connaissance de soi � et son corollaire, la perte des illusions � est pour moi d�une importance vitale et l�objet d�un travail sans fin.
L'Afrique et la Chine ont une place particuli�re dans votre parcours. Pourquoi ?
Je ressens l�Afrique comme �tant la M�re int�rieure, mes racines les plus profondes. Au contact des S�n�galais, j�ai pu appr�cier � quel point nous autres Alg�riens �tions africains. Les Touareg m�ont fait aussi une forte impression, dans leur enracinement naturel, leur noblesse de caract�re. La Chine appara�t dans mes songes comme �tant la manifestation d�un territoire psychique inconnu, fort lointain, tr�s �loign� de la conscience et qui repr�sente le But. N�oublions pas qu�elle est la patrie du tao�sme et du c�l�bre Yi King (�Le Livre des transformations �) dans lequel on pourrait puiser tous les jours. J�ajouterais � ces deux contr�es la Suisse, pays auquel je dois beaucoup. C�est l� que se sont produites les mutations les plus d�cisives en ce qui me concerne.
Vous-m�me �tes � la crois�e des traditions. Berb�re kabyle par votre p�re et Fran�aise de Sologne par votre m�re. Quelle place ont l'une et l'autre dans votre vie ?
L�origine berb�re a fa�onn� en moi une �me instinctive, proche de la nature et des �motions. Elle me relie au corps, au monde concret. Elle me fait vibrer, chanter, bercer mon enfant et l�allaiter longtemps. Je lui dois ma flamme, mes �lans, aussi ma subjectivit� la plus partiale. Par ma m�re, j�ai h�rit� d�une tradition spirituelle qui remonte loin dans le temps, celle des Paulmier, humbles p�lerins chr�tiens qui s�en allaient � pied visiter le Saint S�pulcre � J�rusalem. A travers elle, m�a �t� infus� un certain esprit �th�r�, un amour prononc� pour l�objectivit� et une propension � l�introversion, � la solitude et � l�approfondissement. Ces deux lign�es m�ont nourrie de deux tendances vitales aussi contraires que compl�mentaires et je m�en r�jouis tous les jours.
Vous appartenez � la lign�e des A�t Mansour Amrouche. Taos Amrouche a-t-elle influenc� d'une fa�on ou d'une autre votre choix artistique ?
Si influence il y a eu, elle aura �t� inconsciente. �Ma� cr�ativit� artistique n�a pas �t� voulue ni construite. Pour vous en donner une image, c�est un peu comme si votre fen�tre s�ouvrait un beau jour sous le coup d�une forte rafale de vent et que s�engouffrait dans votre salon une nu�e de papillons exotiques. En fait, je l�ai plut�t v�cue comme l�irruption d�un torrent dans ma maison... Exp�rience aussi puissante que saisissante. Ceci �tant dit, j�ai des affinit�s sans doute nombreuses avec cette grande dame de la chanson kabyle. Sa musique et la mienne se rencontrent peut-�tre dans quelque chose comme une tentative de relier terre et ciel. Nos d�marches sont toutes deux, je crois, assez originales. Je n�appartiens pas au �main stream�, aussi bien en psychanalyse qu�en musique.
Quelle est l'origine de votre int�r�t pour les contes berb�res kabyles ?
Les contes rec�lent des tr�sors pour qui s�int�resse � la psychologie. Ils apportent beaucoup � la connaissance des structures profondes et universelles de l�esprit. D�autre part, il existe des particularit�s r�gionales qui font qu�un conte n�est pas strictement le m�me s�il na�t � Annaba ou � Ajaccio. De la m�me fa�on, un r�cit qui voyage verra se modifier subtilement certains d�tails de sa narration. Ceci car il est l�expression en miroir de la vie psychique collective sur laquelle il �nonce des faits sans d�tour. Il est donc important de tenter de l�analyser, m�me si l�essence d�un conte est un myst�re qui nous �chappera toujours.
Vous avez choisi d'analyser le r�cit initiatique kabyle A�ni. Pourquoi ce choix ?
Le conte intitul� �A�ni� est absolument exceptionnel et nous devons � celui qui l�a recueilli, l�anthropologue allemand L�o Frob�nius, de pouvoir le lire aujourd�hui, ainsi que beaucoup d�autres r�cits anciens d�une grande richesse. �A�ni� est une histoire pour adultes qui raconte une initiation � l�amour, avec toutes les difficult�s, les pi�ges et les rebondissements qui accompagnent ce genre d�aventure. C�est v�ritablement un conte mature, tout en nuances, d�livrant un enseignement symbolique sur la relation entre les sexes � travers l�apprentissage par le h�ros de la psychologie f�minine. Un conte tel que �A�ni� devrait �tre largement connu car il nous divulgue avec une grande intelligence l�art subtil de l�Amour. Et de la ma�trise de cet art d�pendent en grande partie notre sentiment de bonheur, notre capacit� � �tre en paix avec nous-m�mes. Faut-il le dire, le conte finit bien...
Vous allez nous livrer prochainement d'autres contes. Lesquels et pourquoi ?
Mon prochain livre est consacr� � l�interpr�tation du conte kabyle �Le grain magique� (A�eqqa yessawalen). Celui-ci illustre � merveille la vision objective de la psych� collective sur elle-m�me, sans fard ni apitoiement. C�est la Kabylie vue de l�int�rieur. Une vision dont on a grand besoin. Il y a aussi des retomb�es concr�tes sur le plan individuel pour qui veut se conna�tre et progresser. Nos contes sont des bijoux. Aujourd�hui, ils doivent �tre non seulement �cout�s et transcrits, mais �galement compris au meilleur de nos capacit�s afin d�enrichir notre v�cu, d�alimenter spirituellement notre quotidien. Tout comme les r�ves, les contes doivent �tre interpr�t�s. Et leur parole pleine de sens deviendra vie.
Propos recueillis par Meriem Nour

�A la recherche de l��me� (*)
L�imaginaire kabyle est peupl� de contes qui, � la fois, le singularisent et le rattachent au destin universel. Nadia At Mansur Ikni, dans son ouvrage A la recherche de l��me, sous titr� Interpr�tation d�un conte kabyle initiatique, paru chez Edisud en 2005, nous introduit et nous guide dans cet univers de la sagesse ancestrale. Elle a choisi A�ni, un conte traditionnel kabyle que les vieux racontaient, dans les assembl�es de village, aux jeunes hommes d�sireux de se marier. La l�gende est ancienne. Recueillie par l�anthropologue allemand L�o Frobenius au XIX�me si�cle, elle figure dans un recueil de contes kabyles traduits il y a une dizaine d�ann�es par Edisud. Un conte hors du commun, fort dans son expression, exacerb� dans les sentiments qu�il d�veloppe, cruel dans les ch�timents qu�il �voque. Il est dit initiatique car il vient �veiller � la connaissance de soi. Dans une premi�re �tape, l�auteur nous pr�sente le conte. Elle prend soin de le situer dans son contexte culturel, dressant un tableau lucide et sans concession de la soci�t� kabyle traditionnelle : �Dans la soci�t� masculine kabyle, l��motion authentique est masqu�e et le domaine des sentiments est particuli�rement ombrageux. Ecrire que la susceptibilit� est d�mesur�e est encore la sous-estimer. � Le conte restitu�, Nadia At Mansur nous en livre l�interpr�tation. Elle en d�chiffre les symboles universels � la cl�, la porte, la cire, la colombe, � qui donnent acc�s aux mille et une facettes de l�inconscient. �Le conte est l��me qui se raconte�, nous dit l�auteur. M�decin, psychologue junguienne, po�tesse, chanteuse, compositeur et interpr�te de ses propres textes, elle met au service de sa culture originelle sa connaissance de la psychologie des profondeurs. Elle conclut sur l�influence soufie qui, au-del� du conte, impr�gne le c�ur de la Kabylie. Un conte sur l�amour �tonnamment moderne qui nous rappelle que seul l�homme d�livr� du d�sir de poss�der une femme la poss�de r�ellement. Un livre �rudit et pointu mais racont� avec une simplicit� et une clart� telles qu�il demeure � la port�e de tous.
Meriem Nour
*A la recherche de l��me,
Interpr�tation d�un conte kabyle initiatique,
Edisud, 2005, Collection le sens cach� des contes, 143p.

Biographie
1966. 8 mai. Naissance � Alger de Nadia, fille de Ramdane Ouah�s
et Colette Ouah�s n�e Paulmier
1982. Etudes de m�decine � Paris
1983. Entreprend l�apprentissage du berb�re en traduisant, avec l�aide
de son p�re, les chansons de A�t Menguellet
1989. Interne des h�pitaux de Paris, sp�cialit� dermatologie, elle
quitte Paris pour les Etats-Unis et occupe un poste de chercheur �
Harvard (Boston)
1997. M�decin psychiatre en Suisse, elle s�initie � la psychologie junguienne
1999. Abandonne la m�decine pour se consacrer � la psychologie
des profondeurs
2001. Premi�re repr�sentation sur sc�ne, � la Maison pour tous de
Chatou, dans la r�gion parisienne, des Chants soufis de Kabylie dont
elle est l�auteur, le compositeur et l�interpr�te.
2002. Mariage avec Hakim Ikni et premier spectacle au Th��tre de
la Vieille Grille � Paris.
2003. Le 10 juin, participe avec d�autres artistes � la premi�re partie
du spectacle de A�t Menguellet � l�Olympia. Dix jours plus tard, naissance
de sa fille Rosa.
2004. Abandon de la sc�ne apr�s un dernier spectacle donn�, � l�occasion
de la f�te de la musique, � l�h�pital Sainte-Anne � Paris.
2005. Parution de son ouvrage A la recherche de l��me, interpr�tation
d�un conte kabyle initiatique.
Elle exerce aujourd�hui la psychanalyse junguienne � Paris.


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