L'ancien président français Jacques Chirac lance aujourd'hui au Bénin «l'appel de Cotonou», prélude à une campagne de mobilisation de sa Fondation contre les médicaments falsifiés qui font chaque année des dizaines de milliers de morts. L'appel vise à inciter des responsables politiques du monde entier à se mobiliser contre ce trafic, qui, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), correspondrait à 10% du marché pharmaceutique mondial, soit quelque 45 milliards d'euros. «Il est de notoriété publique que le trafic de faux médicaments est florissant et extrêmement rentable», a déclaré le professeur Marc Gentilini, délégué général pour l'accès aux médicaments de qualité de la fondation Chirac. Selon lui, «il est en train de passer devant le trafic de drogue». Amor Toumi, de l'OMS, note qu'un comprimé de faux viagra coûte 0,05 dollar à fabriquer et que le bénéfice est de 6000 à 20 000%, selon qu'on le vende sur l'internet (3 dollars) ou sur le marché officiel (10 dollars). 200 000 vies, selon l'OMS, davantage encore selon d'autres estimations, pourraient être sauvées chaque année s'il n'y avait pas de faux médicaments. Il y a eu 300 morts au Panama en 2006 à la suite de l'utilisation d'un excipient contrefait. Près de 100 bébés sont morts au Nigeria en 2008, après avoir absorbé du faux sirop de Paracétamol. Sans compter les maladies mal soignées, dont la persistance suscite une méfiance des malades à l'égard de la médecine moderne. «Quand il s'agit de faux viagra ce n'est pas trop grave, mais quand il s'agit d'un médicament touchant une affection potentiellement mortelle comme des anti-paludiques ou des antibiotiques, c'est particulièrement redoutable», relève le professeur Gentilini.