Après le vain parcours du combattant pour se procurer un toit tout juste décent en ce bas monde, voilà que l'Algérien est confronté à une autre problématique liée toujours à cette fameuse quête d'une demeure, éternelle celle-là. Il est en effet de plus en plus délicat ces derniers temps pour nos compatriotes de trouver où «caser» un parent ou un proche décédé. Notamment au niveau des grands centres urbains, comme Alger, Oran, Constantine ou encore Annaba. Déjà fortement endeuillées par la perte parfois tragique d'un être cher, nos familles appréhendent de plus en plus cette dure épreuve, car dénicher au défunt son ultime demeure, pourtant d'à peine 2 m2 de superficie relève d'une gageure. Nos cimetières affichent en effet complet du fait de leur saturation. Pour ne prendre que l'exemple de la capitale, pas un espace de libre n'est disponible au niveau de ses cimetières qui étouffent sous le poids des morts, notamment El Kettar et Sidi M'hamed. Ces espaces de repos éternel n'ont pas suivi l'extension et le surpeuplement effrénés de nos villes, dont certaines ont connu ces dernières années un afflux massif de populations venant de l'Algérie profonde, fuyant l'insécurité pour certaines et courant après le magique emploi pour d'autres. Même le recours à la réouverture d'anciennes tombes, dans la limité des 5 ans, délai scientifiquement suffisant pour le constat de la décomposition totale du corps, en vue d'y enterrer de nouveaux morts ne semble pas régler le problème. L'opération étant assujettie à l'accord préalable des familles qui, le plus souvent, ne voudraient pas entendre parler d'enterrement de morts issus d'autres familles dans les tombes des leurs. Pour certaines familles entretenant encore le lien ombilical avec les proches en campagne, notamment celles nombreuses issues de Kabylie, point de souci à ce sujet. Celles-ci préfèrent enterrer les siens dans le giron des aïeux même au prix de démarches administratives lourdes et surtout contraignantes et d'un déplacement long et harassant. La solution, l'inévitable solution : l'ouverture de nouveaux sanctuaires. Mais à ce niveau, nos collectivités locales et autres établissements de gestion des pompes funèbres en charge de ces lieux sont confrontés à une autre problématique d'ordre foncier, déjà qu'on peine à localiser des projets d'utilité publique faute d'assiettes ! Quant à l'entretien de ces lieux censés assurer le repos éternel à leurs occupants, c'est une toute autre histoire. Il est même des bâtisses habitées au cœur même de cimetières dont certains sont à la merci des quatre vents alors que d'autres sont dans un état de délaissement déplorable, assidûment fréquentés qu'ils sont par les hommes et les bêtes, pour paraphraser l'illustre Mouloud Feraoun.