, le colonel de gendarmerie Salihou Maïga se veut un «homme de droit ». A 58 ans, ce Malien du Nord, revenu chez lui fin janvier, se dit prêt à traduire en justice ceux, y compris les militaires, qui se livreraient à des exactions. Le colonel Maïga promet la « transparence » alors que, depuis le début de l'offensive contre les groupes islamistes armés dans le nord du Mali, des ONG et médias ont mis en cause l'armée malienne pour des exactions, voire des exécutions sommaires. Dans l'entrée, cinq détenus sont assis ou allongés sur le sol. « On est installés ici parce qu'on n'a pas de local », s'excuse le colonel Maïga. Après dix mois d'occupation islamiste, Gao, à 1.200 km de Bamako, n'a plus d'administration et les bâtiments publics ont été pillés. Un Touareg d'une soixantaine d'années, barbu et coiffé d'un turban, hèle le colonel. Il réclame un interprète en langue tamasheq, mais « il est un peu tard, il est déjà rentré chez lui », explique un gendarme. « La population d'Ansongo l'a dénoncé. Selon la clameur publique, c'était lui le commandant de cercle du Mujao » (Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest), un des groupes armés qui ont occupé le Nord en 2012, raconte le colonel Maïga. L'homme nie de la tête. « Il dit que c'est pas vrai.... Mais on va le déférer à Bamako pour qu'il soit présenté à un juge qui décidera ». Le colonel Maïga fait ensuite chercher « Ousmane », un Nigérien de 23 ans qui s'est présenté samedi avec son arme à la gendarmerie. «Il nous a dit qu'il voulait abandonner le Mujao pour se rendre », explique l'adjudant Mohamed Ibrahim qui a procédé à son audition. Le jeune homme, efflanqué, porte une profonde marque violette autour du cou, comme s'il avait été attaché ou pendu. « Il est arrivé comme ça, peut-être a-t-il été pris par des villageois. Il disait seulement qu'il avait faim », dit l'adjudant. « Au Niger, il a appris que le Mujao recrutait des gens qui étaient très bien payés. Alors, il est venu, mais en deux mois il n'a pas touché un sou », affirme le colonel Maïga.