L'échec du dialogue est différemment commenté par la rue kabyle. En effet, en dépit de la focalisation de l'opinion à Tizi Ouzou sur le match Algérie-Maroc, quelques bribes de discussions ont été entendues hier, sur le divorce archs-Ouyahia. Des discussions qui ont trait souvent à accabler Ouyahia, coupable aux yeux de beaucoup de citoyens de vouloir soumettre «l'identité et la langue d'une frange importante de la nation algérienne au référendum». A ce titre, Mohamed de Tizi-Rached appuie la décision des compagnons d'Abrika de rompre définitivement, le dialogue. «L'officialisation de tamazight serait le couronnement d'un combat entamé depuis 1949 avec la crise berbère. A mon avis, les décideurs manquent de courage politique pour matérialiser cette revendication et ce, pour ne pas irriter leurs compagnons islamistes et autres arabo-baâthistes», estime le jeune licencié en philosophie. Hacène, chômeur de Boghni considère, quant à lui qu'«Ouyahia à travers le dialogue voulait surtout montrer même maladroitement aux Algériens que Bouteflika veut régler la crise de Kabylie. Mais à quel prix ? Si, il croit que les Kabyles sont prêts à redevenir dociles et oublier leurs 125 martyrs par la simple annulation des factures Sonelgaz, là, Ouyahia fait preuve de mal connaître ‘‘sa'' région». En revanche, Ammi Ali, retraité de l'éducation, juge le dialogue et son échec «de mise en scène concoctée par le pouvoir et ses relais dans la région, en vue de réussir l'opération ‘‘désert politique'' et laisser la voie ouverte à de nouveaux cercles inféodés à Bouteflika». Or, pour lui, le retrait des «24» de la table des négociations est «un non-événement», dans la mesure où il était préparé depuis longtemps. Pour sa part, Rachida, jeune avocate juge «la décision d'Ouyahia de révoquer les élus anti-constitutionnelle et remet en cause la crédibilité des institutions de l'Etat algérien». Pour cette jeune juriste, «Ouyahia a fait preuve d'hypocrisie en affirmant qu'il n'y a pas d'autres voie que celle du référendum pour officialiser tamazight alors que tout le monde sait que la loi prévoit d'autres moyens dont la légifération par décret par le président de la République». En attendant, les archs dialoguistes réservent leur réponse «musclée» à Ouyahia pour jeudi prochain, à l'occasion du conclave interwilayas, tandis que les antidialoguistes se frottent déjà les mains, car du grain à moudre, il y en a assez pour eux, après l'échec d'un dialogue qu'il n'ont cessé de dénoncer.