L'organisation de Nabil Sahraoui semble emboîter le pas à Al Qaîda et sa stratégie en Orient. Dans un communiqué portant n°06125 et daté du 6 juin 2004, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) menace de «s'en prendre désormais aux ressortissants étrangers en Algérie» afin de venir en aide aux frères d'Islam «agressés dans toutes les parties du monde». Le communiqué, signé par le nouvel émir du Gspc, Abou Ibrahim Mustapha alias Nabil Sahraoui, porte le titre de «communiqué de guerre contre les étrangers.» Il déclare que désormais «la guerre est déclarée contre tous les étrangers, leurs intérêts en Algérie et leurs installations et infrastructures», précisant que «le Gspc n'est pas responsable de ce que peuvent signer ou promettre les autorités algériennes avec les pays tiers». Ce régime algérien, ajoute le communiqué, comme tous les régimes arabes, est un régime «appendice», qui n'est là que pour fructifier les intérêts du monde judéo-chrétien, lequel se lance dans une guerre sans merci pour «anéantir les musulmans». Cette nouvelle escalade des actes de violence intervient au moment où Al Qaîda multiplie les attaques contre les étrangers aussi bien en Irak qu'en Arabie Saoudite, afin de donner un nouveau visage au djihad, qu'elle transpose de la guerre contre les régimes arabes à une guerre contre les judéo-croisés, stratégie pernicieuse dont le but évident est de faire adhérer le vaste monde musulman à leur cause. C'est bien la première fois que le Gspc déclare la guerre à des civils en Algérie. L'organisation, qui a toujours dénoncé les dérives du GIA, tentait depuis sa création, d'épargner les civils et déclarait ne s'attaquer qu'aux membres des services de sécurité dont elle s'est fait le «sniper» par excellence tuant près de 70 militaires, policiers, gendarmes, GLD et gardes communaux en l'espace de six mois. En suivant les traces d'Al Qaîda, pour laquelle il ne cache pas ses affinités, le Gspc entend ajouter un cran à son activisme. Cette donne, très importante, va contraindre les autorités algériennes à quadriller la capitale, à redoubler de vigilance dans les grands axes routiers et autour des complexes pétroliers et gazoducs, et même si les hommes du Gspc n'arrivent pas à toucher leurs objectifs, il leur restera le fait de contraindre les étrangers à vivre en reclus ou à limiter leurs mouvements, de faire une nouvelle pression sur les autorités et de pousser les investisseurs étrangers à faire preuve de plus d'hésitation. Dans un opuscule rédigé par la commission juridique, le Gspc diffusait déjà, il y a quelques mois, ses positions concernant les étrangers. L'opuscule, intitulé «Verdict contre ceux qui, des étrangers, sont en Algérie», donnait déjà un avant-goût de ce que sera la nouvelle stratégie du groupe. Le rapt des 32 terroristes étrangers dans le Sahara annonçait clairement la couleur et, d'après un dirigeant du Mdjt, «le groupe du Para a été capturé alors qu'il était à la recherche d'autres étrangers dans le Sahel». Le GIA, ancêtre du Gspc, avait déjà usé de cette même stratégie, tuant, entre 1993 et 1996 au moins 100 ressortissants étrangers, des Français notamment, mais aussi des Croates, des Espagnols, des Italiens, etc. En fait, si le GIA avait une tendance pour les ressortissants français, le Gspc affirme clairement ses préférences, comme pour sa branche-mère Al-Qaîda : les Américains seront sa cible privilégiée.