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Hercule et l'hydre européenne
LA GRÈCE REECRIT SA MYTHOLOGIE
Publié dans L'Expression le 27 - 01 - 2015

Lorsqu'on observe bien ses personnages et leurs actes, on s'aperçoit facilement que la mythologie grecque n'est, au fond, qu'une tentative de l'humain, une autre, de contourner ses faiblesses en essayant d'échapper à sa réalité et en se projetant dans ses fantasmes et ses rêves. Ce n'est, en définitive, qu'une façon de vouloir échapper à cette incapacité qui lui est imposée par les limites de son corps, de son temps et de son esprit. La mythologie grecque a donc été une façon de trouver un refuge contre la faiblesse, une manière de repousser, ne serait-ce que dans le rêve, ses propres limites pour faire face à l'injustice et se tenir dans un coin à l'écart de la misère, bref elle procurait aux gens une échappée de leur difficile réalité surtout lorsque celle-ci s'impose avec son poids sur les épaules et son lest aux pieds. Les héros de cette mythologie avaient pour tâche de faire ce que l'homme de tous les jours ne pouvait pas faire, de réaliser ses rêves, de matérialiser ses aspirations mêmes les plus folles et pour que ces héros soient capables de pareils exploits, les auteurs de la mythologie leur avaient donné des caractéristiques et des qualités hors normes tant du côté de leur force physique et de caractère, ce qui poussa même à leur inventer une descendance à peine imaginable. Hercule, Ulysse, Achille, Jason... avaient tous des pouvoirs extraordinaires et ils étaient considérés comme bénéficiant soit d'une origine non humaine soit d'un soutien céleste au sens grec de l'époque. Ils avaient besoin de cela pour soulager l'homme de tous les jours, ne serait-ce que le temps que peut durer un rêve. Acculés depuis plusieurs années par les conditions imposées par l'Union européenne, les Grecs d'aujourd'hui ont concédé plusieurs sacrifices et accepté des plans successifs d'austérité drastique. Chaque fois que l'UE serrait la vis des exigences, les descendants des Athéniens se trouvaient dans l'obligation de renoncer à un peu plus d'eux-mêmes. Licenciement de fonctionnaires, montée du chômage, fermeture d'entreprises, réduction de salaires, baisse du niveau de vie, augmentation de la pression quotidienne... Le temps n'est jamais l'allié du faible, au contraire, plus il attend et plus sa faiblesse croît, plus sa vulnérabilité prend de l'ampleur et plus il se trouve à la merci des plus forts. C'est ce qu'ont dû se dire les Grecs cette fois à l'occasion des élections qui ont eu lieu ce 25 janvier car, d'un coup, ils se sont rappelé leur mythologie et, à l'aune de leurs ancêtres, ils ont décidé de faire appel à un héros qui les débarrasserait de ce cauchemar que leur fait vivre, depuis des années, l'Union européenne et ses 28 Etats membres, une sorte d'hydre moderne à 28 têtes. Ils ont besoin d'un nouvel Hercule au pouvoir hors pair, à la volonté surhumaine et au mental de fer.
Malgré son nom peu poétique et trop difficile à prononcer, Alexis Tsipras semble, pour les Grecs, capable de tenir le rôle de l'Hercule moderne. Il est jeune, il est beau, il a la force, l'âge et l'audace de la jeunesse. Mais malgré tout et pour accomplir le rôle qui est désormais sien, le nouvel homme fort d'Athènes a besoin de pouvoirs extraordinaires et les Grecs n'ont pas hésité à lui en conférer en lui donnant 149 sièges sur un total de 300. A défaut d'un soutien céleste, cette majorité historique est un soutien populaire énorme dont peut jouir le héros grec de la nouvelle mythologie.
Mais, fidèles à leurs habitudes dans la construction des mythes, ils ont, à l'image des anciens auteurs, volontairement gardé chez leur héros un point de faiblesse, une sorte de talon d'Achille, afin de pouvoir l'empêcher d'échapper à leur contrôle d'autant plus que le parti radical de gauche dont il est le chef charismatique, n'est pas sorti d'un jardin de jasmin qui entourerait les bains en plein air de la belle Artémis. 149 sièges et bien qu'étant un poids énorme ne donnent pas la majorité absolue, ce qui doit maintenir le nouvel Hercule d'Athènes à portée de main pour le peuple. Alexis Tsipras est donc obligé de composer avec d'autres partis pour constituer son gouvernement, une sorte de gouvernement de bataille qu'il doit mener pour signifier à l'Union européenne que «le mandat donné par le peuple annule les plans d'austérité».
Comme un Hercule est toujours bien accueilli et bien vu, alors à ce choix, beaucoup ont applaudi. Melonchon, Le Pen, Poutine et tous ceux qui, pour une raison ou une autre, s'attendent à ce que leurs peuples se mettent aussi à écrire des mythologies. Mais tout le monde n'est pas grec!


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