Alors qu'on a noté l'absence de grandes productions religieuses cette année, comme ce fut le cas dans les années précédentes, avec Hassan Oua El Hussein, Khaibar et Omar, cette année les Arabes se sont tournés vers un feuilleton étonnant Haret el-Yahoud (le quartier juif); où on montre le quotidien des juifs égyptiens dans les années 1950. C'est la deuxième fois que les Egyptiens font un travail audiovisuel sur les juifs d'Egypte, réalisé par Amir Ramses. Dans ce feuilleton, Les juifs est pourtant une production audiovisuelle égyptienne, où les juifs ne sont pas présentés comme «méchants» mais comme des cousins des musulmans. Il est suivi par des dizaines de millions de téléspectateurs, de l'océan Indien à l'Atlantique. Le feuilleton raconte l'histoire des familles juives Haroun et Mizrahi, mais aussi de familles chrétiennes et musulmanes vivant dans le quartier juif du Caire et commence avec la guerre de 1948 entre organisations juives et armées arabes qui débouchera sur la création de l'Etat d'Israël. Le feuilleton égyptien parle d'une histoire d'amour entre Ali, un officier musulman et Laila, une jeune fille juive, sorte de «Roméo et Juliette». La série commence avec la guerre de 1948, qui débouche sur la création de l'Etat d'Israël et s'achève en 1954, en passant par la montée des nationalismes arabes et la période nassérienne. L'époque montre surtout l'histoire de la société égyptienne où juifs, chrétiens et musulmans cohabitent paisiblement, tandis que de l'autre côté de la frontière est créé l'Etat hébreu. C'est surtout cette coexistence pacifique qu'a souhaité rendre visible le réalisateur Medhat el-Adl. Mais le feuilleton a provoqué de nombreuses critiques dans la presse égyptienne et même arabe. Les milieux islamistes s'en prennent le plus violemment au feuilleton qui cherche, selon eux, à donner une image positive des juifs, donc d'Israël. Car le problème est là. Beaucoup d'Egyptiens font l'amalgame entre juifs et Israéliens. Un amalgame qui remonte à la création de l'Etat d'Israël et qui a été suivi de nombreux attentats prêtés aux Frères musulmans contre la communauté juive égyptienne. Dans le feuilleton, on retrouve le comédien jordanien qui a joué le rôle d'El Djamaâ consacré au parcours de Hassan El Benna, fondateur des Frères musulmans. Les médias européens et notamment français ont salué la programmation de ce feuilleton tout en dénonçant la polémique créée par les journalistes pro-islamistes. Même le Crif s'est mêlé de cette série en critiquant ce programme pourtant non destiné aux Français mais aux Arabes. En revanche, grande satisfaction pour les médias israéliens, qui pour la première fois ne sont pas présentés comme des méchants à l'image de Times of Israël ou i24 news ont applaudi la série et salué un travail qui ne porte pas un regard antisémite sur les juifs. L'ambassade d'Israël en Egypte a elle aussi réagi sur son compte Facebook. «Nous avons vu les premiers épisodes de la série et nous sommes fiers de voir une série arabe qui brosse un portrait humain des juifs, félicitations!». [email protected]