«Pouvons-nous égaler la carrure de ces hommes ayant sacrifié leur jeunesse pour cette Algérie attaquée par des prédateurs?», s'est interrogé un étudiant. Ils sont hautement politisés, alors que plus d'un les a, pendant de longues années, confondus avec une frange de société «égarée». Les étudiants ont dit, tout haut tout ce que leurs compatriotes pensent eux aussi, tout haut en sortant dans la rue, deux mois durant. «Nous avons plutôt peur de l'avenir incertain qui se profile à l'horizon et non de l'année blanche.» Tel a été le slogan principal scandé par plusieurs centaines d'étudiants, ayant observé leur marche du mardi de chaque semaine. Ce n'est plus l'heure de la spéculation ni des décomptes ni encore moins des règlements de comptes. Pour peu que ça grogne, ça râle sans sangloter, mais marcher et revendiquer sans faire le détour ni contourner la volonté populaire. Une devise qui trouve son terrain d'application dans une wilaya où la masse estudiantine ne se voile plus la face ni ne se cache derrière de fallacieux prétextes. Bien au contraire, ces futurs cadres sont, certes songeurs, pour le moment, mais aux esprits hantés par le spectre d'un avenir incertain, d'où leurs sorties dans les rues pour plaider le départ du système. «Nous ne sommes pas meilleurs que les étudiants, ayant brisé le mur de l'omerta et bravé la chape de plomb ayant marqué les années 1970 et 1980, en sortant dans la rue, aussi bien dans l'Algérois que dans la Kabylie pour «dire non à la dictature et au totalitarisme», dira un étudiant qui jure de «prendre part à toutes les manifestations jusqu'au recouvrement total du droit à la parole dans un pays à libérer des griffes, ayant chiffonné et blessé des millions d'Algériens en les méprisant». «Fini le mauvais vieux temps du silence troublant», lui a emboîté le pas un autre, expliquant que «le silencieux est, désormais, complice». Le ton est aux libertés lambda, à commencer par la liberté de la parole pour en arriver à la liberté de parler, d'en parler, de dénoncer et de revendiquer, tout en revendiquant un «état de droit et des hommes d'Etat». Il n'est donc plus question de méprendre ces étudiants, en les associant au plat des lentilles pour lequel ils se bousculaient dans les restos des résidences universitaires. Pour plus d'un manifestant, la tonalité est réglée pour le grand rendez-vous, l'histoire du changement pour lequel se battent tous les Algériens y compris les étudiants. «Finalement, il n'y a rien de difficile, quant à revendiquer ses droits», a affirmé une étudiante. «Pouvons-nous égaler la carrure de ces hommes et femmes ayant sacrifié la beauté de leur jeunesse pour cette Algérie attaquée par des prédateurs de tous bords pour la vider de ses intellectuels? s'est interrogé un autre étudiant ayant réitéré sa volonté, tout en engageant ses camarades, à se «figer» dans la rue, jusqu'à l'arrachage des droits, de tous les droits et, faire avancer de l'avant les revendications populaires. Sur sa lancée, il a ajouté que «nous ne sommes pas de la stature, ni n'avons le charisme de ces hommes ayant été les précurseurs de l'installation de la première Ligue algérienne des droits de l'homme». De tels aveux résument le fond de la pensée de ces milliers d'étudiants estimant que «les dernières mesures prises ne sont réellement que de la poudre aux yeux et ne rentrent aucunement dans le cadre d'un quelconque changement». «Convoquer Ouyahia ou encore emprisonner Ali Haddad n'a rien de commun avec le changement revendiqué, vu que le système est toujours en place», a affirmé un autre étudiant. Pour plus d'un étudiant, l'année blanche, dont les premiers contours commencent à se dessiner, ne fait plus peur.