La mouture de l'avant-projet de la révision constitutionnelle a donné à tamazight un statut inaliénable et constitutionnel. C'est une démarche irréversible dont la valeur identitaire sera estampillée du sceau d'intangibilité et d'irréversibilité. Dans ce sens, le débat qui est en train de prendre forme et corps au sein de la société et de la classe politique fait ressortir des lectures et des appréhensions quant à cette dimension historique et identitaire qui constitue l'un des maillons forts de notre référentiel et de notre personnalité nationale. Nul ne pourrait maintenant faire de tamazight un cheval de bataille, surtout que le caractère constitutionnel va lever les équivoques et dissiper les imbroglios et les ambiguïtés. La récupération politicienne de l'une de nos composantes identitaires à des fins de pouvoir ne saurait s'exprimer vertement. La revendication identitaire n'est plus un geste relevant de l'opposition politique et de l'action de la rue. Cette valorisation est certainement le produit des années de lutte et de militantisme et de combat pour la reconnaissance de tamazight et de sa constitutionnalisation. La mouture de l'avant-projet de la révision de la Constitution donne une place prépondérante à tamazight comme variante identitaire, constituant ainsi le socle de l'algérianité dans son triptyque. D'ailleurs, le Haut Commissariat à l'amazighité (HCA) a répliqué au bien-fondé de la mouture suggérée au débat et enrichissement en précisant d'«avoir soumis une contribution écrite au Comité d'experts chargé par le président de la République d'élaborer un texte consensuel dans le cadre des consultations autour du projet de la révision de la Constitution», a-t-il souligné. Le HCA a pris cette démarche avec un sens très positif et encourageant dans la mesure où tamazight ne pourrait plus constituer un élément de la discorde ou de division sur le plan politique et identitaire. De ce point de vue, il a été souligné que «le HCA affirme s'être limité à son domaine de compétence et à ses missions institutionnelles en se référant au socle d'enracinement historique et social commun aux Algériens et à l'unité de la Nation forte de sa diversité», précise-t-on. Pour le Haut Commissariat à l'amazighité, l'héritage identitaire, socle de notre personnalité nationale a été bel et bien scellé avec cette nouvelle approche telle que relevée par le contenu de la mouture de l'avant-projet de la révision de la Constitution soumise au débat et enrichissement. Dans ce registre, le Haut Commissariat à l'amazighité a précisé que «sceller tamazight dans la Constitution, signifie une réappropriation historique, résolue et franche d'un héritage foncièrement authentique qui nous invite à nous référer à l'histoire lointaine et à nous inspirer avec fierté des faits marquants de la résistance et de la quête de la liberté dont la terre algérienne a été le théâtre depuis des millénaires», et d'ajouter «la contribution du HCA s'articule autour de la redéfinition de l'appartenance de notre pays dans le texte du préambule, (histoire et géopolitique), du principe de l'équité constitutionnelle qui affirme que tamazight est une constante de la Nation aux côtés de l'islam et de la langue arabe et de l'exigence de la création d'un Haut Conseil à l'amazighité», affirme-t-on. Le Haut Commissariat à l'amazighité considère que la constante dont l'amazighité jouit, n'est qu'un prolongement historique au référentiel algérien dans sa richesse et de sa diversité civilisationnelle et culturelle. C'est une manière d'épargner tamazight et d'autres variantes identitaires de l'instrumentalisation et de la manipulation des apprentis sorciers et des politicards dont l'identité n'est qu'un fonds de commerce pour atteindre leurs fins étroites. D'ailleurs, le Haut Commissariat est très clair quant au statut de tamazight dans le cadre de l'Algérie nouvelle en indiquant en la matière que «le HCA plaide pour le positionnement de tamazight dans la Constitution comme une disposition intangible qui ne peut faire l'objet de révision à l'avenir afin de prémunir les générations montantes des pièges liés à des conflits en rapport à l'identité, à la discrimination, à la marginalisation et au discours de la haine et tenir les langues nationales loin des tiraillements politiques». La future Constitution aura le mérite de sceller une fois pour toutes la question de tamazight en la libérant définitivement des ambivalences politiciennes et des tiraillements mortifères.