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«L'écriture en tamazight est un combat»
Lynda Hantour, romancière, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 14 - 09 - 2020

L'Expression: Après avoir écrit sur des sujets divers, vous avez décidé de passer au roman en rédigeant et publiant votre premier roman en langue amazighe, pouvez-vous nous raconter comment a germé l'idée de ce roman?
Lynda Habtour: Certes, j'ai tardé à me mettre au roman de manière concrète, mais le désir était là depuis fort longtemps. J'ai écrit ma première nouvelle en langue française en 2004 intitulée: « La folie...gamie». C'est cette même nouvelle que j'ai développée en roman en tamazight au fil des années.
Pourquoi avoir opté pour la langue amazighe pour la rédaction de ce premier roman au lieu du français ou de l'arabe que vous maîtrisez également et malgré ce qui se raconte comme quoi le lectorat amazigh est très réduit?
L'idée d'écrire en tamazight ne vient pas de moi, mais du chercheur et universitaire Saïd Chemakh qui m'a beaucoup encouragée à écrire en tamazight, et ce, en 2004. J'ai longtemps hésité vu que je n'ai pas bénéficié d'un quelconque enseignement en tamazight, puis un jour, je me suis mise à écrire en kabyle spontanément durant des heures, j'ai gardé au secret ma démarche car je ne réalisais pas vraiment ce qui se produisait. Des années après, j'ai lu mes premiers textes timidement à des proches qui ont beaucoup aimé le style et la poésie, ils m'ont motivée, j'ai continué grâce à leurs encouragements jusqu'à l'édition du roman: «Iseflan n tudert», en 2020 aux éditions «Routnahcom». Certes, le lectorat amazigh est très réduit, mais cela ne doit pas être un frein pour l'édition en langue amazighe.
Donc, le roman amazigh se porte plutôt bien?
Le premier romancier de l'humanité est amazigh, cela en dit long sur le potentiel intellectuel du peuple amazigh. Un effort titanesque est déployé, chaque jour, au département de langue et culture amazighes de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou par des enseignants et chercheurs qualifiés qui soutiennent et encouragent tant bien que mal les étudiants à l'écriture et l'édition. Je citerai Saïd Chemakh, Ali Bekhti et Takfarinas Nait Chabane que je salue au passage. De Belaid At Ali à Boulifa, à Rachid Alliche dans les années 80 avec ses deux romans «Asfel» et «Fafa», 30 ans après une révolution silencieuse est en marche, plus de 60 titres en 10 ans, je suis fière du résultat, j'encourage l'élite à oeuvrer davantage car dans la conjoncture actuelle l'écriture en tamazight n'est pas littérature, mais combat.
Comment a été accueilli votre premier roman en tamazight par les lecteurs, les universitaires spécialisés, etc.?
Bien, très bien même et j'en suis contente, beaucoup ont assisté aux rencontres organisées autour du roman dans diverses localités à Ath Douala, à Tirmitine, à Azazga, à la Maison de la culture «Mouloud Mammeri» de Tizi Ouzou. La lecture de certains passages a ému l'assistance car beaucoup se sont identifiés aux personnages. Parmi l'assistance beaucoup d'universitaires m'ont honorée de leur présence. Une doctorante de l'université de Bouira qui prépare sa thèse de doctorat sur le roman féminin a émis le souhait de prendre mon roman parmi ceux choisis pour sa thèse, cela m'a fait plaisir de voir la gent féminine universitaire débattre des exploits des femmes. L'avenir est entre les mains de cette élite dont je suis très fière.
Vous êtes aussi auteure d'une pièce de théâtre sur Matoub Lounès, pouvez-vous nous parler en détail de cette expérience?
«Hymne à l'identité» est ma première expérience dans l'univers théâtral, une comédie musicale en hommage à Matoub Lounès et toutes les victimes du combat identitaire où je fais parler Lounès sous forme d' «Anza» et l'élite à travers des dialogues, des chants, de la poésie, ichewiqen et de la chorégraphie.
Les textes ont été écrits par moi-même (scénario, chants, poésie, ichewiqen et le nachid). Quant aux mélodies, c'est une oeuvre de l'artiste d'Akfadou Abderahmane Waghlis qui a su associer brillamment les paroles à une mélodie qui chatouille notre sensibilité. Les personnages sont: Mouloud Mammeri, Tahar Djaout, Matoub Lounès, Massin U Haroun, Saïd Amnadi, Mohand Arab Bessaoud, Smail Bellache, Malika Domrane, Massinissa Guermah, Koceila, Taous Amrouche... Une cinquantaine de militants cités dans le but de leur rendre hommage tels les Benai Ouali, Idir, Kateb Yacine, Dilem Ali, Mohya, Boudjemaâ Agraw, Nabila Djahnine... «Hymne à l'identité» est une belle et douloureuse expérience faite d'amertume et de beauté, de fidélité et de trahison, de chantage, ce de quoi est fait hélas notre environnement culturel et artistique.
Un spectacle écrit avec mes larmes, ma douleur, ma blessure indélébile, une inspiration qui s'est invitée sans que je sois préparée, qui a donné naissance à une deuxième moi que j'avais du mal à reconnaître. Je ne pouvais expliquer ce revirement ni à moi-même ni aux autres, au point de fuir les miens, est-ce un délire? Une révélation? Un message de l'au-delà?
Je m'enfermais durant des heures à écrire des chants, des poésies qui s'échappaient de mes tripes comme si quelqu'un me les dictait de l'intérieur (envoûtée). C'est dans cette profonde douleur qu'est née Wenza Dwala, la nouvelle moi (pseudonyme sous lequel est publié le roman de Lynda Hantour, Ndlr). J'ai géré et continué grâce aux encouragements de mes proches. La générale a été jouée le 20 avril 2018 au théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou, suivie d'un 2ème spectacle le 27 avril 2018 au théâtre Malek Bouguermouh de Béjaïa et d'un 3ème le 23 juin 2018 au théâtre régional Kateb Yacine pour les 20 ans de l'assassinat de Matoub Lounès que je pleure toujours. Je remercie tous ceux qui ont contribué au succès du projet, je citerai l'APW de Tizi Ouzou, la famille Matoub, mon amie Lynda Ammouche, ma famille, l'homme de théâtre Youcef Ait Mouloud qui m'a accompagnée par des encouragements et conseils en mise en scène durant des mois, les comédiens, le scénographe et chorégraphe du spectacle, le personnel du théâtre de Tizi Ouzou et de Béjaïa et à l'artiste d'Akfadou Waghlis qui a été d'un grand soutien durant toute la durée du projet. À la demande d'un professeur de littérature du département de langue et culture amazighes de l'université de Bouira, en l'occurrence Laoufi Amar (enseignant et chercheur dans le domaine du théâtre) et de Saïd Chemakh, ledit scénario sera édité sous forme de manuscrit en tamazight pour les besoins des travaux de recherche universitaire. Il sera entre les mains des lecteurs très bientôt. Je le dédie à tous ceux qui portent dans le coeur notre noble cause.
Il y a quelques années vous avez publié un guide détaillé de la wilaya de Tizi Ouzou, que peut trouver le lecteur dans cet ouvrage?
Le guide touristique «Agerruj» est aussi une belle expérience, je l'ai édité à l'occasion du 20 avril 2011, réédité en 2016, dédié à ceux qui portent la Kabylie dans le coeur. J'ai sillonné une partie de la Kabylie (Tizi Ouzou) où j'ai rencontré des gens braves qui m'ont bien accueillie et encouragée.
Le guide en question contient les potentialités culturelles et touristiques de notre wilaya, tels les sites naturels (montagne et mer), les sites et structures culturels et historiques, les fêtes locales, les coutumes et traditions berbères, le potentiel artisanal (bijoux, poterie, tapis...), c'est une invitation au voyage, à venir découvrir la Kabylie du Djurdjura. Notre région est dotée d'une immense richesse pas bien exploitée et qui n'est pas assez mise en valeur. J'invite le mouvement associatif à mettre en valeur nos sites par des campagnes de sensibilisation, de volontariat et la création de microprojets tels les maisons d'hôtes et le tourisme solidaire qui sont des indicateurs de réussite de tout projet touristique dans les régions montagneuses, j'invite également les autorités locales à sécuriser les sites et ce, par le recrutement d'agents sur les sites, chose qui inciterait les familles à visiter nos sites sans se soucier de leur propre sécurité.
Que représente l'écriture pour vous?
L'écriture c'est ma voix intérieure.
Après ce premier roman en tamazight, allez-vous poursuivre le chemin de l'écriture romanesque ou allez-vous changer encore de genre?
J'ignore ce que demain me réserve, je suis passée du tourisme à la littérature à la dramaturgie, mes écrits ont répondu à un besoin (un manque). Je suis contente d'avoir contribué à travers mes modestes écrits à enrichir notre bibliothèque et ce, dans divers domaines (tourisme, littérature et théâtre).
Un dernier mot, peut-être pour conclure?
J'espère pouvoir créer davantage tout en invitant les autres à faire pareil, voire à faire mieux car, seul on fait, ensemble on construit.


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