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«Halte aux violences faites aux femmes...»
Djaïli Amadou Amal, choix du Goncourt Algérie
Publié dans L'Expression le 15 - 11 - 2021

En 2014 et 2015 elle était venue au Pavillon Esprit Panaf (Sila) présenter ses romans. Elle avait déjà l'étoffe d'une grande. Elle s'appelle Djaïli Amadou Amal.
Une ecriviane, connue pour ses engagements pour la cause féminine. Djaïli Amadou Amal est, en effet, une militante féministe et écrivaine camerounaise d'expression française. Son livre «Les impatientes» parait le 4 septembre 2020 aux éditions Emmanuelle Collas. Dans «Les Impatientes», son premier roman, publié en France, l'écrivaine Djaïli Amadou Ama raconte le destin de trois femmes vivant à l'extrême Nord du Cameroun, Ramla, Hindou et Safira.
Ces dernières luttent chaque jour contre les formes de violence que peuvent subir les femmes dans nos sociétés conservatrices musulmanes, notamment le mariage forcé, le viol conjugal...
Couronnée du prix Goncourt des Lycéens 2020, en France, après avoir reçu le prix Orange du livre en Afrique, Djaïli Amadou Amal, n'a de cesse depuis, de glaner des prix et, notamment celui du «Goncourt choix Algérie». C'est dans ce cadre que l'Institut français d'Algérie a organisé, avec elle, samedi dernier, une visioconférence et ce, en direct via les cinq instituts du pays.
Un combat pour venir en aide aux femmes
Une femme qui, via ses livres, consacre un combat acharné contre toute forme de violence que subissent les femmes subsahariennes. Elle-même a eu à subit ce genre d'affres.... Elle est aussi la présidente de l'association «Femmes du Sahel» où elle vient en aide aux femmes en difficultés et aux filles défavorisées en prenant en charge leur scolarité. Car, pour elle, la violence économique asservit encore plus la femme. «Education et développement» sont ainsi les mots d'ordre de cette association qui contribue à aider ces femmes par leur insertion dans la vie sociale par de nombreuses activités. Initialement, «Mounial, les larmes de la patience», paru en 2017, au Cameroun est couronné de succès. Il sera réécrit, et remanié en retravaillant un peu sur la langue, sur le conseil de son éditrice Emmanuelle Collas pour qu'il soit plus accessible à un public universel.
Aujourd'hui, Djaili Amadou Amal connaît un succès retentissant indéniable, une consécration internationale, notamment dans l'Hexagone, qui a permis à redonner une seconde vie à son livre. Ce dernier, intitulé «Mounial...» qui veut dire en langue «peule», patience ou «sabr» en arabe, aborde en profondeur les préoccupations alarmantes quant à la place de la femme dans le monde.
Mounial ou le «souffre et tais-toi!»
Avant de passer au jeu des questions-réponses du modérateur de la table ronde, l'ambassadeur de France en Algérie, a tenu a rappeler la genèse du prix Goncourt des lycéens et, notamment de la composante du jury du «choix Algérie», non, sans tarir d'éloges sur l'ecrivaine.
À propos du titre «Mounial» l'invitée de l'Institut français d'Algérie, expliquera que «les femmes dans notre société subsaharienne n'ont pas tellement droit au chapitre.
Les sujets des violences faites aux femmes, que ce soit le mariage forcé, les violences physiques, psychologiques ou la polygamie, sont des sujets tabous. Il faut absolument ne pas en parler.
Toutes nos cultures se rejoignent pour museler la femme et faire en sorte qu'elle continue à subir toute sorte de violence. Il était temps qu'une femme se lève et dit exactement ce que toutes les autres ressentent. Il était pour moi essentiel d'évoquer toutes les formes de violence, mais en le faisant dans un seul roman. Ceci était le défi.
Finalement, le moment clé qui englobe toute cette forme de violence était pour moi le mot «patience» ou Mounial car ça a une autre intensité. On sent à travers lui toute cette oppression exercée sur la femme dont on invite à subir ces violences en souffrant dans le silence...» Et d'ajouter: «Quand on dit à une femme supporte ou mounial, cela veut dire accepte surtout sans te plaindre. Une femme, selon ce fameux concept du mounial, devrait accepter de se faire frappé pour le bonheur de ses enfants et accepter de faire abnégation de son propre bonheur pour la dignité de sa famille et accepter de faire passer tous les autres avant elle. C'est juste à ce moment-là qu'elle deviendra une épouse accomplie. Malheureusement, dans nos sociétés peules, les femmes reproduisent elles-mêmes ces violences qu'elles ont vécues.
Le message à travers ce livre, c'est aussi de faire rompre cette violence à notre niveau. Je dois rappeler que le mariage précoce est presque l'une des violences des plus pernicieuses qu'elle soit, car elle entraîne, automatiquement toutes les autres formes de violence. C'est ce qu'on voit dans ce livre à travers le personnage de Ramla...».
Un livre étudié dans les écoles, au Cameroun
À propos de l'impact du livre sur le public camerounais, l'écrivaine fera remarquer «par rapport à la société civile, ce livre est un outil nécessaire, quelque chose sur lequel on peut s'appuyer pour faire du travail sur le terrain. Parce que non seulement ça vient d'une femme, mais ça vient d'une femme qui a vécu ces histoires, ce qui donne une certaine légitimité..» Et d'indiquer que le livre a été bien accueilli dans le milieu intellectuel, également, puisqu'il est inscrit au programme scolaire au lycée et étudié au niveau des universités camerounaises.
Toutefois, Amal relèvera avoir eu quand même quelques «critiques qui attesteraient que ce livre va à l'encontre de l'islam et d'autres qui disent que j'exagère», tout en se réjouissant qu'elle ait malgré tout le prix Goncourt de l'Orient.
«On se rend compte que non! Il ne faut pas se taire, il faut dénoncer et dire les choses telles qu'elles sont. Car ce sont des choses qui, justement, n'ont rien à voir avec la religion. Cette dernière est elle-même prise en otage par des pratiques que d'aucuns considèrent comme des traditions...»
L'écrivaine camerounaise relèvera aussi avoir eu quelques attaques virulentes de la part de ces traditionnalistes sur les réseaux sociaux.
Un accueil favorable et des attaques des traditionalistes
Cependant, il y eut aussi des femmes de la campagne «me too» qui ont haussé le ton pour dire que cela existait..».
À propos du rôle de la littérature, Djailli Amadou Amal, dira que «sans nul doute, la littérature a son rôle à jouer», tout en regrettant «qu'en Afrique, hélas on ne lit pas suffisamment car il n' y a pas une bonne diffusion du livre en Afrique.
Il n' y a rien qui puisse permettre à l'économie du livre de pouvoir décoller. Ce qui est encore dommage c'est que, jusqu'à aujourd'hui, tout le monde connaît la problématique, on en a souvent parlé pendant le Salon du livre d'Alger de cette mauvaise diffusion du livre en Afrique, mais on n'arrive pas encore à trouver une moindre solution à mettre en place.
La littérature peut être un levier de développement...». Abordant la question de la peur, l'ecrivaine dira ne pas avoir eu peur d'écrire ce livre, mais a vu ses souffrances revenir car on n'oublie jamais vraiment.
Le plus important, a-t-elle souligné, «était de ne pas s'autocensurer, surtout, même si en éprouvant cette souffrance, il fallait surtout que ça sorte car on ne sait jamais quand on est réellement prêt à écrire...Il fallait donc se laisser aller à écrire en allant jusqu'au bout de ma pensée et toutes mes émotions». Et de conclure: «Je n'ai pas écrit pour avoir des prix ou qu'on m'applaudisse ou parce que j'ai peur de la réaction de certains. J'ai écrit parce que j'en avais besoin et parce que je pense par conviction que ça peut être utile et nécessaire pour des milliers de femmes. C'était ça le plus important.
La littérature sert à ça, également. À défendre des causes, à conscientiser et surtout n'oublions pas que l'écrivain est le miroir de sa société. C'est en cela qu'on peut mettre le point sur des problèmes qui sont importants, quii, finalement, en suscitant des débats, trouveront forcément des réponses.».


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