L'agression barbare sioniste contre la population palestinienne à Ghaza et en Cisjordanie occupée exacerbe aussi les tensions régionales, mettant face à face les puissances occidentales représentées par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et leur allié sioniste, d'un côté, et de l'autre un «axe de la résistance» principalement composé des groupes palestiniens Hamas et Djihad islamique ainsi que du Hezbollah libanais et du mouvement houthi au Yémen. Ce dernier a multiplié, au cours des deux semaines écoulées, les attaques contre des navires chargés de matériel de guerre destiné à l'entité sioniste de sorte que Washington a réagi en composant une nouvelle coalition pour une riposte qui a vu l'armée américane appuyée par son homologue britannique frapper à plusieurs reprises à coups de missiles des villes yéménites dont la capitale Sanaa et le port de Hodeïda. Du côté de la frontière libanaise, la situation n'est guère plus calme puisque les échanges de tirs de roquettes entre les combattants du Hezbollah et les forces sionistes qui occupent illégalement, depuis des décennies, une partie du Sud-Liban sont quasiment quotidiens, l'armée sioniste effectuant comme d'habitude des raids aériens contre les positions du Hezbollah, comme hier à Maroun al-Ras. Au large du Yémen, un missile tiré par les Houthis a atteint un cargo américain lundi, dans le golfe d'Aden. C'est dans ce contexte volatil que les Gardiens de la Révolution iraniens ont déclaré hier que plusieurs salves de missiles ont frappé des positions ennemies en Irak et en Syrie, évoquant la destruction d'un nid d'espionnage au profit de l'entité sioniste dans la région d'Erbil, au Kurdistan irakien. Il s'agit d'une riposte au récent assassinat du général Razi Moussavi, de la force spéciale Al-Qods, dirigée en son temps par le général Qassem Souleymani, lui aussi assassiné des années auparavant, à Baghdad, par un drone américain. Si la Syrie n'a pas réagi à ces frappes, l'Irak a condamné quant à lui une «agression» envers «sa souveraineté et la sécurité» de son peuple, convoquant le chargé d'affaires iranien avant de rappeler son ambassadeur à Téhéran. Les frappes à Erbil ont tué «quatre civils» selon des sources kurdes et elles interviennent dans un contexte régional déjà tendu. L'agence de presse officielle iranienne Irna a indiqué qu'elles ont visé «un rassemblement de groupes terroristes anti-iraniens». Le gouvernement a pour sa part ouvert une enquête afin de «prouver la fausseté des allégations de ceux qui sont responsables de ces actes condamnables». Il n'empêche, l'agression sioniste contre Ghaza et ses crimes incessants en Cisjordanie occupée ont fini par faire de toute la région moyen-orientale un véritable baril de poudre, d'autant que les Etats-Unis, allié inconditionnel d'Israël, n'hésitent pas à y jouer au gendarme pour y maintenir leur domination et protéger leurs intérêts. L'administration Biden, à l'inverse de l'administration Trump qui dictait la fin des expéditions américaines à travers le monde, aura misé à fond sur les crises, en Europe, en Asie et au Moyen-Orient. Allié de l'Iran, l'Irak est aussi un «partenaire» obligé des Etats-Unis et se retrouve pris au piège d'un exercice d'équilibre instable. En frappant le bastion kurde, l'Iran risque de déstabiliser plus encore un pays qui n'a pas fini de panser les graves blessures de l'invasion commanditée par George W. Bush.