Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se rendait hier en Israël pour tenter d'arracher un accord de trêve à Ghaza au moment où le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer sur une résolution des Etats-Unis appelant à un «cessez-le-feu immédiat» dans le territoire ravagé par la guerre. Pendant que les diplomates s'activent, les affrontements se poursuivent dans la bande de Ghaza, notamment dans et autour de l'hôpital al-Chifa, le plus important du territoire, où les forces sionistes ont affirmé avoir assassiné plus de 140 Palestiniens et arrêté plus de 350 autres depuis le début de la semaine. Après cinq mois et demi de guerre, «le fossé se réduit» dans les négociations pour une trêve associée à une libération d'otages, a déclaré jeudi Blinken. «S'il est difficile de parvenir» à un accord, «cela est toujours possible», a-t-il ajouté. En parallèle à ces pourparlers, les Etats-Unis, alliés historiques d'Israël, ont déjà mis leur veto à plusieurs résolutions du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu, estimant que cela aurait bénéficié au Hamas. Mais face au lourd bilan humain et à la menace de famine, Washington redouble à présent d'efforts pour parvenir à une trêve et éviter une offensive terrestre sur Rafah.»Il y a de meilleurs moyens de gérer la menace du Hamas», a déclaré jeudi Blinken, qualifiant «d'erreur» et «d'inutile» une éventuelle invasion terrestre de Rafah, ville à la frontière égyptienne où s'entassent, selon l'ONU environ 1,5 million de Palestiniens, la majorité déplacés par la guerre dans le reste du territoire. Les 27 pays de l'Union européenne ont eux aussi exhorté jeudi Israël à ne pas lancer d'opération sur Rafah et appelé à une «pause humanitaire immédiate». Mais en dépit des pressions internationales, le Premier ministre sioniste Benjamin Netanyahu affirme qu'une offensive sur Rafah est nécessaire pour «vaincre» militairement. Lors de sa sixième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre, Blinken a rencontré jeudi au Caire le président Abdel Fattah al-Sissi pour discuter des moyens de parvenir à un cessez-le-feu, avant une réunion avec les chefs de la diplomatie de cinq pays arabes -Egypte, Qatar, Arabie saoudite, Jordanie, Emirats arabes unis qui ont appelé à «un cessez-le-feu complet et immédiat».Les discussions sur une trêve se poursuivent à Doha entre représentants des Etats-Unis, du Qatar et de l'Egypte. Le chef du Mossad, les services de renseignement israéliens, David Barnea, devait y rencontrer hier le directeur de la CIA, William Burns, ainsi que le Premier ministre qatari Mohammed ben Abdelrahman Al-Thani et le chef des services de renseignement égyptiens, Abbas Kamel. Après avoir exigé un cessez-le-feu définitif, le Hamas a infléchi sa position la semaine dernière en acceptant le principe d'une pause de six semaines dans les combats. Mais des différends semblent persister sur l'échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens incarcérés en Israël. L'entité sioniste exige avant une trêve la liste des otages encore en vie, tandis que le mouvement de résistance Hamas veut choisir l'identité des principaux prisonniers palestiniens qui seront libérés, soulignent des médias à propos de ces pourparlers qui portent aussi sur l'augmentation de l'aide à Ghaza. L'entité sioniste impose un siège complet à la bande de Ghaza depuis le début de l'agression barbare et contrôle strictement l'aide qui arrive principalement depuis l'Egypte via Rafah. Or ces contrôles serrés, selon l'ONU, ont pour effet de réduire le nombre de camions entrant dans le territoire. «Les enfants meurent de faim. Ils sont privés de nourriture», s'est alarmé jeudi le Comité des droits de l'enfant des Nations unies. Le Premier ministre sioniste, Benjamin Netanyahu, a fait savoir hier au secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, qu'il compte bien mener une agression génocidaire contre Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, même si les Etats-Unis devaient ne pas le soutenir.» J'ai dit que nous n'avions pas la possibilité de défaire le Hamas sans entrer dans Rafah. Je lui ai dit que j'espérais le faire avec le soutien des Etats-Unis, mais s'il le faut, nous le ferons seuls», a-t-il dit après sa rencontre à Tel-Aviv avec le responsable américain.