Les relations algéro-françaises ne sont pas banales. Elles sont passionnelles et fluctuantes, traversées par un fleuve mémoriel qui déborde un peu trop souvent. C'est ainsi que décrivent les politiques, les observateurs et les historiens, ce lien unique en son genre. L'ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, partage cette approche et y ajoute quelques arguments fondamentaux qui rassurent sur les intentions des deux présidents, algérien et français. L'ambassadeur qui a rendu, ce mardi, une visite de courtoisie à L'Expression, est de cette race d'homme qui ne croit pas à la fatalité des disputes insolubles. «C'est justement parce qu'on ne s'entend pas sur certains dossiers qu'il faut en parler», dit-il comme pour signifier qu'entre l'Algérie et la France, la difficulté n'a jamais été dans les querelles de voisinage qui brouillent les relations, puisqu'elles ne l'empoisonnent jamais. Cette relation revient immanquablement au-devant de la scène. Stéphane Romatet en veut pour preuve que personne, à Alger comme à Paris, n'est dans une posture d'insulte à l'avenir. Ces portes qui demeurent toujours entrouvertes, trouvent face à elles, ces trois dernières années, deux hommes qui ambitionnent de les ouvrir franchement. En cela, l'ambassadeur de France en Algérie ne cache pas son enthousiasme de prendre part à cette formidable oeuvre historique et annonce à L'Expression un alignement des planètes en faveur d'une opportunité unique de refonder ces relations. Les trois ans d'action qui restent dans le second mandat présidentiel d'Emmanuel Macron et la détermination qu'il affirme avoir constaté chez le président Tebboune, l'amènent à croire à une destinée formidable de cette relation. La dépolitisation du débat mémoriel est, affirme-t-il, un important acquis dans l'édification d'un partenariat apaisé qui se construit entre deux peuples qui ont des liens qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. Soulignant que 10% de la société française sont rattachés d'une manière ou d'une autre à l'Algérie, le diplomate fera remarquer qu'au sein de l'Hexagone, cette grande densité humaine n'a pas son pareil avec les autres communautés d'origine étrangère qui forment la société française. Cela au plan humain. Concernant l'état des relations diplomatiques entre les deux pays, l'ambassadeur de France en Algérie, souligne le bénéfice qu'ont tiré Alger et Paris de l'élection de l'Algérie au Conseil de sécurité de l'ONU. Les deux résolutions algériennes pour le cessez-le-feu à Ghaza et l'admission de la Palestine en qualité de pays membre de plein droit à l'ONU, votée par la France a constitué, pour le diplomate une séquence de dialogue importante. «Regardez le travail qui a été fait depuis le mois de janvier. On a voté votre résolution au Conseil de sécurité.» Ceci fait dire à l'ambassadeur de France que «quand la France et l'Algérie se parlent, ça produit du résultat». Ces deux moments historiques ont ainsi permis de constater qu'en tout état de cause, les Algériens et les Français parviennent à se parler, à trouver des terrains d'entente et à coopérer dans l'intérêt de la paix dans le monde. Il est donc très possible de réussir sur des dossiers précis, même si dans d'autres des divergences peuvent subsister. Le dialogue algéro-français à l'ONU fait dire à Stéphane Romatet que les deux pays vivent déjà «un moment très particulier où Paris retrouve le chemin d'Alger et Alger retrouve le chemin de Paris».