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La femme est l'avenir de... Cannes?
77e Festival de Cannes
Publié dans L'Expression le 27 - 05 - 2024

Après dix jours intenses de projections et de débats, le jury, présidé par la réalisatrice et comédienne américain Greta Gerwig, a rendu son verdict. Vingt-deux cinéastes en lice pour succéder à Justine Triet, et son incontestable Anatomie d'une chute, qui a bouclé une année, aussi dorée que la Palme décrochée l'année dernière sur cette même Croisette. Le Saint Graal est revenu à Sean Baker pour l'inattendu Anora. Une Palme d'or américaine après treize ans de disette (le précédent fut Terence Malick avec The Tree of Life (2011). Film qui ne manque pas d'audace et de générosité, dans son approche du quotidien infernal d'une jeune travailleuse du sexe tentant de s'extirper de sa misérable condition, en optant pour le mariage avec un Russe fortuné et déjanté. À l'arrivée, une oeuvre, «low budget», dans la veine du cinéma indépendant des années soixante-dix. Le cinéaste américain aura donc réussi son pari donc. Sa troisième sélection en compétition aura été la bonne. La formidable et énergique comédienne Mikey Madison aurait aussi pu prétendre, by the way, au Prix d'interprétation féminine. Ce prix est, toutefois, revenu au quatuor de comédiennes Karla Sofía Gascón, Zoe Saldana, Selena Gomez et Adriana Paz du dernier opus de Jacques Audiard, Emilia Perez, qui a aussi remporté le Prix du jury. Cette comédie musicale effrénée, dont la pièce maîtresse est un abominable baron de la drogue mexicain, au fait de sa gloire et déterminé à réaliser son rêve le plus secret de devenir femme. Plébiscité par une bonne partie de la presse et du public, qui le voyait déjà «palmé»... c'est ce qui explique la déception difficilement réprimée par son auteur, le réalisateur français Jacques Audiard, qui espérait le doublé, après Dheepan, en 2015. Sur scène, l'actrice transgenre Karla Sofia Gascon a laissé éclater sa joie et dédié son prix à «toutes les personnes transgenres qui souffrent (...) Je veux que ces personnes arrivent à croire comme dans Emilia Perez qu'il est toujours possible de s'améliorer».
Grand Prix assez inattendu mais ô combien mérité, All We Imagine as Light de Payal Kapadia, première cinéaste indienne en compétition. Film émouvant et délicat sur un trio de femmes dont les chemins se croisent et se nouent dans l'agitation de la mégapole indienne de Mombaï. Un bel hommage à la sororité: «J'ai justement voulu m'efforcer, dans ce film, de faire preuve d'espoir. Le monde en ce moment est tellement désespérant, heureusement qu'il y a le cinéma. L'union fait la force», a souligné la jeune réalisatrice. La comédie choc américaine, gore et trash, The Substance, de la Française Coralie Fargeat, remporte le Prix du scénario avec un sujet sensible sur le vieillissement du corps féminin. Une star écartée des écrans en raison de son âge tente de se refaire une jeunesse grâce à un sérum aux effets secondaires monstrueux. Impressionnante Demi Moore qui incarne cette femme qui accepte tous les excès pour rester dans la course. Le Prix d'interprétation masculine est allé à Jesse Plemons dans Kinds of Kindness, du stakhanoviste des plateaux, Yórgos Lánthimos (Lion d'or à Venise en 2023 pour Pauvres Créatures). Le comédien américain (magnifique dans Killers of the Flower Moon de Scorsese présenté à Cannes en 2023) accomplit une triple prestation à travers trois portraits de psychopathes dans ce film, néanmoins surfait et excessif, sur les vicissitudes du monde. Prix de la mise en scène pour l'austère Grand Tour du portugais Miguel Gomes. Un road movie en noir et blanc d'une femme abandonnée qui traque son fonctionnaire de promis à travers l'Asie du début du XXe siècle. Ovationné par le public, favori d'une bonne partie de la presse pour la consécration suprême, Les Graines du figuier sauvage, thriller politique de Mohammad Rasoulof, à l'arrivée, le Prix spécial du jury. Le cinéaste iranien, arrivé miraculeusement, par des voies détournées, à temps, à Cannes décrit, à travers le portrait d'une famille qui se déchire, à l'aune des débats en cours qui traversent et fracturent le pays, mêlant à la fiction la violence d'images documentaires. Un film d'une audace certaine. Rasoulof, ému, serrant son diplôme entre les mains, aura une pensée pour celles et ceux qui ont partagé cette aventure: «Permettez-moi d'avoir une pensée pour tous les membres de mon équipe qui ne sont pas avec moi pour célébrer ce prix (...) de saluer toutes les jeunes femmes dont le courage sans bornes a rendu possible ce film.» Un regret, cependant, l'absence au palmarès de The Apprentice, biopic explosif d'Ali Abbasi. Le réalisateur dano-iranien s'est intéressé à la fabrique d'un monstre, Donald Trump (Sebastian Stan) dans les premières années de sa carrière qui échappe à son créateur, l'avocat contesté Roy Cohn (Jeremy Strong), qui sont les deux impeccables. Ce cru 2024, plutôt moyen après une année 2023 exceptionnelle, est marqué par une empreinte bien réelle des femmes, qu'elles soient comédiennes ou réalisatrices et par des personnages féminins déterminants. Sur les vingt-deux films en compétition, une quinzaine évoque la condition des femmes. Donc, et pour pasticher Louis Aragon: «La femme est l'avenir de... Cannes.»

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