L'Iran a dit, hier, espérer que les discussions sur son programme nucléaire soient menées «loin des pressions et considérations politiques», avant une réunion cruciale cette semaine à Vienne de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, s'est rendu, vendredi dernier, sur deux importants sites nucléaires en Iran, au moment où le président iranien, Massoud Pezeshkian, affirme vouloir lever «doutes et ambiguïtés» sur le programme de Téhéran. Ce déplacement du directeur de l'agence onusienne du nucléaire est intervenu avant une possible résolution critique du Royaume-Uni, de l'Allemagne et de la France au Conseil des gouverneurs de l'AIEA, dont le siège est à Vienne, en Autriche. Le Conseil doit se réunir de mercredi à vendredi. L'Iran est disposé à poursuivre avec l'Agence des discussions techniques, «loin des pressions et considérations politiques», a indiqué, hier, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï. La visite avait pour objectif de «permettre à l'Agence internationale de l'énergie atomique d'effectuer son travail technique à l'abri des pressions destructrices et malveillantes de certaines parties», a souligné Baghaï. Le déplacement de Grossi a été perçu comme une des dernières chances pour la diplomatie avant le retour, en janvier 2025, à la Maison-Blanche de Donald Trump, artisan d'une politique dite de «pression maximale» à l'encontre de l'Iran durant son premier mandat (2017-2021). Le dossier du nucléaire iranien «au cours de l'année à venir sera délicat et compliqué, mais nous sommes prêts à faire face à tous les scénarios», a estimé, samedi passé, le chef de la diplomatie iranienne. Il existe une chance «limitée» de régler par le biais de la diplomatie la question du programme nucléaire de l'Iran, a affirmé Abbas Araghchi à la Télévision d'Etat. En 2018, Trump avait retiré les Etats-Unis d'un accord sur le nucléaire conclu entre l'Iran et les grandes puissances trois ans plus tôt. Le texte prévoyait un allègement des sanctions internationales, en échange de garanties que l'Iran ne cherche pas à acquérir l'arme atomique. Téhéran nie farouchement avoir de telles ambitions sur le plan militaire et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie. En représailles au retrait américain, l'Iran a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies à 60%, proches des 90% nécessaires pour élaborer une arme atomique, selon l'AIEA. L'accord sur le nucléaire plafonnait ce taux à 3,67%. L'Union européenne a annoncé, hier, avoir renforcé ses sanctions contre l'Iran qu'elle accuse de soutenir l'effort de guerre de la Russie contre l'Ukraine en lui livrant des drones et des missiles. «Ces mesures supplémentaires ont pour cible le recours à des navires et à des ports pour le transfert de drones, de missiles fabriqués en Iran et de technologies liées» à la fabrication de ces armes, ont indiqué les 27 dans un communiqué. Les 27 avaient décidé, à la mi-octobre, de sanctionner 14 entités et personnes en Iran, dont la compagnie aérienne Iran Air, pour «avoir livré ou facilité la livraison de missiles balistiques à Moscou». Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne avaient déjà adopté des sanctions de ce type mi-septembre. Les mesures annoncées, hier, interdisent l'exportation, le transfert ou la fourniture depuis l'UE de composants utilisés dans la fabrication de missiles ou de drones par l'Iran. Elles prévoient aussi une interdiction d'utilisation de ports iraniens, comme Amirabad ou Anzali sur la mer Caspienne, selon le communiqué des 27. L'UE interdit également l'assistance à tout navire impliqué dans ces transferts, à l'exception des demandes d'aide humanitaire ou en raison d'un danger menaçant le navire et son équipage, précise le texte. L'Iran rejette en bloc ces accusations. Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a jugé ce week-end que l'UE utilisait une nouvelle fois un «prétexte» pour s'en prendre à son pays. «La liberté de navigation est un principe de base des lois de la mer. Quand elle est appliquée de façon sélective par certains, une telle étroitesse de vues tend en général à avoir un effet boomerang», a-t-il encore averti, dimanche, sur X. «Il semble que certains pays européens insistent pour poursuivre la confrontation, ce qui ne bénéficiera à personne», a souligné de son côté, hier, un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, ajoutant que son pays se réservait le droit de répondre.