Les Houthis au Yémen ont menacé de riposter aux frappes américaines qui ont visé plusieurs de leurs bastions, dont la capitale Sanaa, et fait au moins 31 morts selon les insurgés, hier. En annonçant les raids samedi, le président américain Donald Trump a promis «l'enfer» aux «terroristes houthis» après leurs menaces contre le commerce maritime et l'entité sioniste, et a sommé l'Iran de cesser son soutien à ces rebelles. L'Iran a condamné des frappes «barbares» et rejeté les menaces de Trump. Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen en guerre, dont la capitale Sanaa, ont averti que les frappes américaines menées samedi soir «ne resteront pas sans réponse». «Nos forces armées sont prêtes à répondre à l'escalade par l'escalade», a prévenu le bureau politique des Houthis, qui font partie de ce que l'Iran appelle l'«axe de la résistance» face à l'entité sioniste et qui regroupe aussi le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais et des factions irakiennes. Selon le ministère de la Santé des Houthis, les frappes ont visé Sanaa, le gouvernorat de Saada (nord) et la ville de Radaa dans la province d'Al-Bayda (centre) et ont fait au moins 31 morts et 101 blessés, «la plupart des enfants et des femmes». Des images diffusées par les médias houthis montrent des enfants et une femme parmi des blessés soignés aux urgences d'un hôpital, dont une fillette aux jambes couvertes de bandages. «Je n'ai jamais eu autant peur depuis le début de la guerre» au Yémen, confie un habitant de Sanaa, Malik, père de trois enfants, évoquant des bombardements «absolument terrifiants». «Mes enfants hurlaient et pleuraient dans mes bras. C'est la première fois que je prononce la Chahada», la prière récitée avant la mort, assure cet homme de 43 ans. Les Etats-Unis ont mené «une action militaire décisive et puissante» contre les Houthis, a déclaré Donald Trump sur son réseau social Truth en annonçant ces premières frappes américaines au Yémen depuis son retour à la Maison-Blanche. «Nous utiliserons une force létale écrasante jusqu'à ce que nous ayons atteint notre objectif», a-t-il prévenu. Le Commandement central américain, qui a publié des vidéos d'avions de combat décollant et d'une bombe détruisant un complexe, a fait état de «frappes de précision». Les Houthis ont mené plusieurs attaques aux missiles contre l'entité sioniste et des navires en relation avec elle, en solidarité avec les Palestiniens, après le début de l'agression génocidaire dans la bande de Ghaza, depuis le 7 octobre 2023. Après l'entrée en vigueur le 19 janvier d'une trêve à Ghaza après 15 mois de guerre destructrice, les Houthis avaient cessé leurs attaques. Mais le 11 mars, ils ont annoncé leur intention de reprendre les attaques au large du Yémen contre des navires de commerce liés à l'entité sioniste, après son blocage de l'acheminement de l'aide humanitaire à Ghaza. Téhéran a déclaré par le biais de son chef de la diplomatie Abbas Araghchi: «Le gouvernement américain n'a aucune autorité et aucun droit de dicter la politique étrangère de l'Iran.» «L'Iran ne cherche pas la guerre, mais si quelqu'un le menace, il donnera des réponses appropriées, résolues et définitives» à toute attaque, a averti le général Hossein Salami, le chef des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique d'Iran. Lors d'une conversation téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov, le secrétaire d'Etat Marco Rubio a affirmé que «la poursuite des attaques houthies contre les navires militaires et commerciaux américains en mer Rouge ne sera pas tolérée», selon le département d'Etat. Lavrov, dont le pays est proche de l'Iran, a répondu que toutes les parties devraient s'abstenir de recourir à la force au Yémen. Les attaques des Houthis contre les navires ont perturbé le trafic en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, poussant les Etats-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l'aide du Royaume-Uni. Selon le Pentagone, les Houthis ont «attaqué des navires de guerre américains 174 fois et des navires commerciaux 145 fois depuis 2023». Pays pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est en proie à une guerre civile depuis 2014 qui a fait des centaines de milliers de morts et provoqué une catastrophe humanitaire.