Quels que soient les motifs réels du changement d'attitude de Louisa Hanoune, on retiendra que la responsable du PT, contrairement à 2009 et 2012, n'a pas crié à la fraude cette fois-ci. La sortie, pour le moins surprenante, du leader du Parti des Travailleurs (PT), au lendemain de l'annonce des résultats préliminaires de l'élection présidentielle de 2014, suscite des interrogations. Dont celle de savoir quelles sont les raisons qui poussent Louisa Hanoune à réagir de la sorte et donc à "se réjouir" de sa chute dans les scores. Classée quatrième avec 140 253 voix représentant 1,37% des suffrages annoncés, Mme Hanoune est en effet l'une des grandes perdantes de ce scrutin. Pourtant, le jour même du vote, une fois "le devoir accompli", la militante de l'extrême gauche nous a confié au siège de son parti, à Alger, que si elle n'est pas alignée à la première position, elle occupera la seconde place, comme en 2009 où elle avait obtenu un taux de 4,22%. Mme Hanoune a d'ailleurs fait savoir qu'il est possible, dans l'Algérie de 2014, d'être présidente de la République, estimant qu'à l'inverse du peuple algérien, les élites et le régime en place "sont rétrogrades" et sont les seuls à contester cette évidence. Auparavant, plus précisément le 14 avril dernier, la responsable du PT avait affirmé, lors d'une conférence de presse animée au siège de sa formation, que si le prochain scrutin "se déroule dans la transparence, il y aura un deuxième tour, et étant la principale force politique organisée, je serai au deuxième tour". Les résultats obtenus, ce 17 avril, par la seule femme candidate à la présidentielle, une candidate qui, tout au long de la campagne, a curieusement épargné le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, en se déchaînant contre Ali Benflis, révèlent-ils alors les limites du soutien "tactique" du PT et de sa porte-parole vis-à-vis du pouvoir ? Viennent-ils refroidir l'ardeur des ambitions du Parti des travailleurs et le rappeler à l'ordre avant l'annonce des résultats définitifs ? Se manifestent-ils sous cette forme cinglante pour exiger un repentir ou s'imposent-ils comme un jeu préalablement arrangé, pour rappeler que l'heure des négociations est tout proche ? Quels que soient les motifs réels du changement d'attitude de Louisa Hanoune, on retiendra que la responsable du PT, contrairement à 2009 et 2012, n'a pas crié à la fraude cette fois-ci. "C'est une élection légitime et inattaquable. Je peux témoigner que cette fois-ci, le scrutin n'a pas été émaillé de fraude", a-t-elle déclaré récemment au cours d'une conférence de presse. Très conciliante, elle a témoigné n'avoir "jamais vu d'élection aussi propre depuis 1997", en veillant à préserver les rangs de son parti et en précisant que "Bouteflika a gagné et le peuple a choisi la stabilité". La victoire du candidat-président est aussi "une victoire" pour le PT, a-t-elle exposé, mais en évitant de parler, comme elle l'a fait avec nous, de l'ambition du parti de "devenir la formation politique majoritaire au niveau de l'APN, pour accepter enfin d'entrer au gouvernement". Et pour faire barrage à ceux qui dénoncent la fraude, notamment les candidats à la présidentielle ayant promis de riposter fermement et d'user pour cela de moyens légaux, Mme Hanoune a assuré que le vote des citoyens en faveur de M. Bouteflika "était franc, clair et net et ne laisse aucune place au chantage et à la manipulation du destin et de l'avenir du pays". Concernant son score personnel, Louisa Hanoune a fini par s'accrocher à l'idée de différence entre "la conjoncture politique" de 2009 et celle de 2014. Sans trop expliciter en quoi sa formation a atteint ses "objectifs politiques", la chef du PT a estimé que le parti a renforcé sa "position de force de décantation" dans la conjoncture présente. Mme Hanoune n'a, cependant, pas pu cacher longtemps sa perplexité devant le candidat quasi inconnu jusque-là, Abdelaziz Belaïd d'El- Moustakbal, qui a obtenu 3,036% des voix exprimées et qui l'a devancée d'une place : "Le cas Belaïd, je ne lui trouve aucune explication. Lui-même était étonné..." H A Nom Adresse email
