Blair, l’inconditionnel allié

États-Unis - Grande Bretagne

Le Premier Ministre britannique, Tony Blair, devrait afficher demain à Washington sa détermination à maintenir, au côté de son allié américain George W. Bush, un front ferme face à la crise en Irak.
“Nous sommes d'accord avec les Américains sur la stratégie et l'approche à adopter pour faire face à la situation en Irak. Il n'y a aucune différence entre nous�, stipulait mardi Downing Street, balayant ainsi les critiques naissantes en Grande-Bretagne sur les méthodes musclées de Washington en Irak. L'entourage de Tony Blair, en parlant d'une rencontre de “routine�, tente malgré tout de dédramatiser le déplacement du Premier Ministre. Tony Blair, en vacances aux Bermudes, arrivera discrètement aux États-Unis dès aujourd’hui, pour dîner à New York avec le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan. Il devrait plaider en faveur d'un rôle accru de l'organisation internationale en Irak, sans grand espoir toutefois d'y parvenir. Kofi Annan a en effet souligné mardi que la dégradation de la sécurité constituait une “contrainte majeure� dans la perspective d'un retour de l'ONU en Irak dans un avenir proche. Jusqu'à présent, les Nations unies ont seulement accepté d'aider le gouvernement provisoire irakien pour le transfert de souveraineté aux Irakiens au 30 juin et l'organisation d'élections. Malgré une situation confuse sur le terrain, M. Blair, tout comme MM. Annan et Bush, écarte pour l'instant tout report de ce transfert du pouvoir. Reste à voir si le chef du gouvernement britannique tentera, à huis clos, d'infléchir la manière forte employée ces derniers jours par les militaires américains en Irak. Pour gagner des points auprès de son opinion publique, Tony Blair aurait besoin que Washington ait “une manière plus subtile de prendre contrôle de la situation en Irak�, juge Dana Allin, un analyste de l'Institut international des études stratégiques à Londres. “La relation de Blair avec Bush est devenue une terrible source d'embarras et un handicap extrême qui porte préjudice au Premier Ministre chaque fois qu'elle est affichée en public�, commentait récemment Andrew Rawnsley, spécialiste du parti travailliste et rédacteur en chef politique de l'hebdomadaire de centre-gauche The Observer. Il relève que M. Blair n'est toujours pas allé chercher en personne une médaille d'honneur du Congrès américain, annoncée voici un an. “Des images ex Washington du président Bush épinglant une médaille sur la poitrine de Tony Blair, tandis que l'Irak est secouée par des tueries et des prises d'otages n'est absolument pas ce que Downing Street souhaite renvoyer� en Grande-Bretagne, ironise-t-il. La position du gouvernement britannique est délicate. Il se garde bien de soutenir M. Bush dans sa campagne électorale contre les démocrates, qui sont plus proches du Parti travailliste britannique mais aussi très critiques sur les informations utilisées pour justifier la guerre en Irak. Le voyage de Tony Blair pourrait néanmoins faire gagner des points à M. Bush auprès de l'électorat centriste, jugent certains éditorialistes britanniques. Mais au-delà des alliances de partis, MM. Bush et Blair “sont deux partenaires de l'occupation, de la démocratisation et de la construction d'un Etat en Irak, et l'Irak est en pleine pagaille et en pleine crise�, rappelle Dana Allin. “Il est logique qu'ils se rencontrent et en parlent�, ajoute-t-il. Les deux dirigeants évoqueront également la situation de crise au Proche-Orient, deux jours après le passage remarqué à la Maison-Blanche du Premier ministre israélien Ariel Sharon.