Tony Blair accusé de suivisme

Une cinquantaine de diplomates britanniques de haut rang lui demandent de réagir

De mémoire de Britannique, jamais un Premier Ministre n’a fait l’objet d’une initiative similaire à celle émanant d’anciens diplomates le sommant de mettre un terme à son alignement sur Washington.
“Nous estimons que le moment est venu pour nous de rendre publiques nos appréhensions�, écrivent à Tony Blair cinquante-deux anciens diplomates de renommée. Selon le contenu de la lettre, le Chef du gouvernement britannique n’a pratiquement plus de politique extérieure, notamment en ce qui concerne le dossier irakien. Il s’aligne systématiquement sur les positions de George Bush. Le locataire de Downing Street est accusé de “suivisme�.
Devant cet état de fait, les auteurs de la correspondance lui demandent tout simplement d’ouvrir un débat sur la question irakienne au Parlement de Westminter pour en discuter publiquement. Mieux, les anciens diplomates, tous de haut rang, suggèrent à Tony Blair d’user de son influence auprès de George Bush pour tenter de lui faire changer de politique dans la gestion de la crise irakienne. Pour eux, l’entreprise du président américain est vouée à l’échec et n’a aucune chance de succès. Reste maintenant à savoir quelle attitude adoptera le “Prime Minister� britannique face à cette nouvelle levée de boucliers contre sa politique irakienne. Il devra faire preuve de beaucoup de persuasion pour espérer contrer cette initiative émanant de personnalités chevronnées en diplomatie, qui viennent battre en brèche tous les arguments qu’il avait développés pour justifier sa décision de soutenir les États-Unis dans leur guerre contre l’Irak. S’il avait fait la sourde oreille devant les contestations de certains membres de son gouvernement, à l’instar de Robin Cook et Short Clare, qui avaient démissionné de leurs fonctions en signe de protestation contre son alignement sur George Bush, il ne pourra en faire de même cette fois-ci. En effet, la renommée des signataires de la correspondance ne lui permet pas de rester de marbre encore une fois, parce qu’une telle attitude pourrait être perçue comme un signe de faiblesse de sa part. Cette initiative risque de mettre à mal Tony Blair, car elle intervient dans un contexte qui lui est totalement défavorable. La recrudescence de la violence depuis le début du mois courant en Irak, qui s’est traduite par l’augmentation sensible du nombre de victimes, constitue un atout supplémentaire entre les mains de ses détracteurs. Pis, la coalition est en train de vivre des moments difficiles avec l’apparition des fissures. La décision de l’Espagne de retirer ses troupes d’Irak, immédiatement suivie par le Honduras et la République dominicaine affaiblissent davantage la position de Tony Blair, de plus en plus acculé. Il aura d’énormes difficultés à s’en sortir indemne de cette nouvelle épreuve, en raison des capacités de ses vis-à -vis, diplomates de haut rang, à détruire ses arguments en cette période de violence et de vive tension en Irak.
K. A.