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L’heure est aux accusations
Au lendemain des révélations sur le décès des prématurés de Djelfa
Publié dans Liberté le 11 - 05 - 2004

Le corps médical est unanime. Les cas de septicémie ne sont pas isolés.
“Le ministre a parlé de trois cas de septicémie. Cela ne veut pas dire que les dix autres bébés sont morts autrement�, lance le docteur Benchehra sur le ton de la confession. Ses réserves sur le constat établi par la tutelle, dimanche, dans la précipitation, relancent la polémique sur cette affaire de bébés décédés à l’hôpital de Djelfa laquelle défraye la chronique depuis trois jours. Président du conseil médical de l’établissement, le praticien est catégorique. Tous les décès enregistrés sont suspects. Un procès-verbal du conseil rend compte du scepticisme de la communauté médicale.
Daté du 21 février dernier, il relève l’augmentation inquiétante du nombre de décès au service de néonatalogie et les lie à des causes septicémiques et nosocomiales.
Exhibant le précieux document, le Dr Benchehra cite d’autres anomalies graves dans la gestion de l’établissement, telle la cohabitation d’un centre de transfusion sanguine et d’un service antituberculeux, à l’intérieur d’une annexe de l’hôpital. “Le directeur de la santé et de la population (DSP) nie, aujourd’hui, avoir été alerté de cette situation dramatique, alors que nous lui avons envoyé une copie du P-V�, dénonce notre interlocuteur. Sarcastique, il ajoute : “Le directeur de l’hôpital est son ami, il est normal qu’il le protège.� Selon lui, une conjonction d’“intérêts exclusivement pécuniaires� a tout naturellement conduit à l’étouffement des scandales préjudiciables à la “bonne marche des affaires�.
Le Dr Benchehra détient des preuves sur une série de transactions frauduleuses qui ont parfois occasionné des dégâts irréparables. Il cite, à titre d’exemple, “cette nouvelle maternité de banlieue, sous-équipée, où une jeune mère a trouvé la mort récemment�. “Les autorités sanitaires locales ont préféré faire des économies sur le budget alloué au projet�, ironise le président du conseil médical.
Le transfert du service néonatal à l’origine du décès des treize bébés prématurés obéissait-il à cette logique parcimonieuse ?
De l’avis de la communauté médicale, l’“abus d’autorité� du premier responsable de l’hôpital doublé de la bienveillance du DSP explique amplement le drame. Démontant le discours distillé çà et là sur la fragilité des bébés prématurés et la faiblesse de leurs chances de survie, le Dr Ikhinissa, chef du service pédiatrique, persiste et signe. Les conditions de transfert et d’hébergement des nourrissons dans une salle inappropriée sont les principales causes de leur mort.
Une moyenne d’un décès par jour
“Trouvez-vous normal qu’il y ait eu treize décès en l’espace de deux semaines, soit un cas par jour ?� tonne le pédiatre. Le médecin révèle que ce pic n’a jamais été atteint auparavant. “Certes, nous enregistrons régulièrement des décès. Mais ce nombre représente le double, sinon le triple du bilan habituel durant une période identique�, soutient son collègue, le Dr Benchehra. Ressassant les circonstances du drame, les deux médecins affirment que “la saignée� a commencé aussitôt après le déplacement des couveuses en date du 17 janvier. “Le transfert a été effectué durant le week-end par le directeur et l’économe. Des agents d’entretien se sont chargés du transport des couveuses�, confient-ils.
Le Dr Benchehra souligne que le lieu improvisé pour l’accueil des nourrissons était insalubre. “Il était auparavant affecté à l’ hébergement des mamans ayant subi une césarienne. L’une d’entre elles y a trouvé la mort peu avant la reconversion de la salle�, précise le président du conseil médical. En dépit de la protestation du principal concerné, à savoir le chef de la pédiatrie, les couveuses restent en place jusqu’au mois d’avril.
Pendant trois mois, le Dr Ikhinissa multiplie les appels à la raison en direction du premier responsable de l’hôpital. En vain. “Il n’a même pas pris la peine de charger une équipe de prévention de faire des prélèvements dans la salle et s’assurer que les conditions bactériologiques ne sont pour rien dans la mort des nouveau-nés�, constate avec dépit le Dr Benchehra.
À Djelfa depuis dimanche, la commission d’enquête ministérielle a commencé ses investigations. Riche d’une série de rapports et de procès-verbaux, le président du conseil médical entend tout déballer.
Ses principales cibles sont les directeurs de la santé et de l’hôpital. Il soupçonne le premier d’avoir intercédé pour la nomination du second à son poste actuel. “L’ancien directeur, qui avait neuf ans de service, a été limogé par l’ex-ministre de la Santé, M. Aberkane, à cause d’une affaire montée de toutes pièces. Lors de la visite du ministre, des personnes malintentionnées ont transformé la cuisine en porcherie si bien que le directeur a sauté�, rapporte le Dr Benchehra.
Selon lui, le gestionnaire a payé pour avoir refusé de cautionner le fameux projet de la maternité. “Il était de l’avis des médecins et voulait à son tour la mise en place d’une infrastructure dotée de tous les moyens de prises en charge, dont un bloc chirurgical�, précise le praticien. Fait encore plus troublant, notre interlocuteur affirme que la maternité a vu le jour suite à la conclusion d’un marché de gré à gré, sans l’aval de la commission des marchés. “Des coupes ont été faites dans le budget. Où est parti l’argent ? Personne ne le sait�, constate amèrement le président du conseil médical. Mise en route avec les moyens de bord, la maternité a été inaugurée durant la campagne électorale par Nouara Djaâfar, ministre de la Famille.
Quelques jours plus tard, une femme y trouve la mort. L’inexistence d’un bloc opératoire a contraint les médecins à son évacuation vers l’hôpital. Sauf que l’unique ambulance à la disposition de la maternité était en panne ! Le sort en a voulu ainsi. La bêtise des hommes et leur appât du gain ont mené inévitablement au drame. “Les médecins comptent pour du beurre ! Personne ne demande leur avis ni se soucie de leurs exigences�, s’indigne-t-on à l’hôpital de Djelfa. Permutation du personnel des services, création d’unités de soins et suppression d’autres, selon l’humeur de la direction… Les griefs sont nombreux. Mais le reproche le plus important de la communauté médicale a trait à la gabegie et au gaspillage du budget de l’hôpital, ainsi que le népotisme. “Le directeur a préféré acheter une unité d’hémodialyse chez un gars de chez lui. Pour le ponçage des sols, il s’est également adressé à l’une de ses connaissances�, dénonce-t-on de toutes parts.
En ce lundi, après la bourrasque, la mine grise et renfrognée des médecins tranche avec les couleurs vives qui se déclinent sur le mur d’enceinte de l’établissement hospitalier. Des peintres s’emploient à lui donner un coup d’éclat. Mais depuis l’affaire des bébés, son image n’est pas seulement ternie. Elle est salie.
S. L.
Évanouies dans la nature Les familles des nourrissons introuvables
Que sont devenues les familles des nourrissons décédés ? Personne n’a été en mesure de nous renseigner sur leur devenir ou nous transmettre leurs coordonnées. Si les praticiens arguent du fait qu’ils sont astreints au secret médical, les autres personnels ne sont guère plus coopérants. Au bureau des admissions, il n’y a nulle trace du passage des bébés. Un seul des parents a tenté de porter l’affaire devant les tribunaux. Il se serait, en définitive, rétracté.
S. L.
Le directeur de l’hôpital de djelfa se défend
“Je n’ai rien fait contre l’avis des médecins�
Bien que suspendu de son poste, la veille, par le ministre de la Santé, M. Abdelouahed occupe toujours son bureau. Il attend, ce matin, le passage des membres de la commission d’enquête qui doivent l’auditionner. Faisant son propre plaidoyer, le responsable nie avoir pris la décision de transfert des couveuses de manière unilatérale et abusive. “Cette mesure a été soumise à l’appréciation du conseil médical qui a accepté. J’ai fait visiter la salle aux médecins concernés dont le chef du service pédiatrique et ils n’ont émis aucune réserve�, certifie notre interlocuteur. À la question de savoir s’il a une notification écrite de cette autorisation, le directeur préfère parler d’un accord verbal. Pour autant, il poursuit sa série de démentis en affirmant notamment que le déplacement des couveuses ne s’est pas déroulé durant le week-end mais dans la semaine. Une sage-femme, chef de la maternité, confirme ses dires. Cette dernière nous fait visiter la salle tant décriée. Elle nous montre les robinets d’oxygène, une bouche d’aération et des radiateurs. D’après elle, le lieu était tout à fait adapté pour l’accueil des nourrissons. Pourquoi alors un nouveau transfert en avril ? Notre sage-femme ne sait pas.
Pour sa part, le directeur de l’hôpital crie à la persécution. Il s’en prend au président du conseil médical qui, selon lui, veut nuire à sa réputation et à celle de l’établissement. Toute cette affaire, dit-il, relève de l’intox et de la diffamation. “Au bout d’un quart d’heure de débat, le ministre a exclu dix cas de septicémie�, souligne M. Abdelouahed en mettant en avant le professionnalisme de M. Redjimi. “C’est le premier responsable du secteur. Il sait de quoi il parle�, fait-il remarquer très élogieux. Confiant quant aux résultats de l’enquête, le directeur se demande, cependant, pourquoi toute cette affaire a été révélée maintenant. Les “inspecteurs� du ministère le diront, si toutefois leurs conclusions sont rendues publiques un jour.
S. L.
Des patients dénoncent
“Nous sommes à l’abandon�
Au service pédiatrique de l’hôpital de Djelfa, les petits patients et leurs parents en ont gros sur le cœur. “Venez voir dans quelles conditions nos enfants séjournent ici�, nous apostrophe cette jeune maman. Affolée par le décès d’une petite fille, intervenu au petit matin, elle a peur pour son fils.
“Hier, elle (la défunte ndlr) souffrait le martyre. Elle avait besoin de sang. Sa mère est analphabète et pauvre. Elle ne pouvait rien faire. Personne n’était à son écoute. Le personnel était mobilisé pour la visite du ministre, et le directeur faisait des rondes dans les couloirs afin de vérifier s’ils étaient bien lavés�, tempête notre guide. Courant de salle en salle, elle nous présente ses campagnes d’infortune, désespérées et hagardes.
L’une d’elle s’inquiète du sort de sa petite fille de 12 ans diabétique.
Originaire d’un bourg éloigné, elle est sans le sou si bien qu’elle ne peut pas offrir un menu adéquat à son enfant. À l’hôpital, les repas sont les mêmes pour tous : du fromage, du pain et des œufs durs accompagnés d’une soupe. Pour leurs besoins en eau, les patients sont soumis à un régime de rationnement.
Quant à la literie, c’est une règle. Chacun doit être muni de son paquetage.
S. L.


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