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Pour qui votent les Franco-Algériens ?
Premier tour de l'élection présidentielle française
Publié dans Liberté le 22 - 04 - 2017

D'ordinaire, les binationaux donnent plutôt leurs voix à la gauche. En 2012, ils avaient beaucoup contribué à l'élection de François Hollande. Mais celui-ci les a déçus. Cette fois, les avis sont plus partagés. Les partisans de l'abstention sont aussi nombreux.
Abdel a toujours voté à gauche. Mais cette fois, il n'est même pas sûr de vouloir se rendre aux urnes. "Pour qui, et pourquoi ?", questionne-il avec déception. Dans la boucherie qu'il possède à Montreuil (département de la Seine-Saint-Denis (appelé plus communément le 93), les clients qui affluent sont comme lui, pratiquement tous venus d'Algérie. Eux-aussi avaient l'habitude, à chaque scrutin, de donner leurs voix aux partis socialiste et communiste. Au cours de l'élection présidentielle de 2012, François Hollande avait obtenu la majorité des suffrages dans la localité. Les soutiens sont surtout venus des immigrés qui forment un quart de la population. La grande majorité est d'origine algérienne (plus de 5 000 habitants). Les plus anciens travaillaient dans les ateliers de montage de véhicules Renault. Certains logent encore dans le foyer Adoma (ex-Sonacotra) pour travailleurs immigrés alors que d'autres ont été affectés avec femmes et enfants dans les cités HLM du haut Montreuil. Au fil des années, de nouvelles générations d'immigrés algériens se sont greffées aux plus vieilles. Les jours de marché, tout le monde se retrouve rue de Paris où se succèdent les épiceries maghrébines et les boucheries hallal. Celle d'Abdel ne désemplit pas. Outre les acheteurs, il reçoit régulièrement des démarcheurs de candidats pour la présidentielle. Le dernier en date est un représentant d'Emmanuel Macron, un Franco-Algérien, ingénieur en informatique, que le boucher connaît du temps où il était étudiant. "Pour lui, évidemment, la France représente une aubaine. Il est venu d'Algérie pour y poursuivre des études. Il a réussi et a monté sa propre boîte. Je comprends parfaitement qu'il soit sensible au discours de Macron", explique Abdel. Très au fait de ce qui se passe dans le 93, il fait mention de la visite très spéciale que l'ancien ministre de l'Economie a effectuée dans le département fin mars, pour rencontrer les jeunes des cités qui ont réussi.
Macron et le plafond de verre dans les banlieues
Le candidat d'En Marche ! avait en face de lui des gens qui ont à peu près le même âge que lui, mais issus de milieux beaucoup moins favorisés. Affirmant les comprendre, il leur a adressé un message plein d'espoir. "La Seine-Saint-Denis, il faut qu'on arrête d'en parler en disant que c'est l'endroit où on vole des voitures, où il y a de l'insécurité. C'est l'endroit où on crée le plus de start-up en France, c'est l'endroit où il y a deux aéroports internationaux. Mince ! c'est un endroit où on doit casser tous les plafonds", a lancé Macron devant un auditoire assez partagé. Certains ont soupçonné le candidat de faire comme ses rivaux de la récupération en jouant les cartes de la diversité et de la discrimination positive alors que d'autres se sont montrés enthousiastes.
"Macron, oui, pourquoi pas ?", plaide Hocine. Architecte de profession ; ce quadragénaire a passé une bonne partie de sa vie à Montreuil auprès de sa famille. "J'avais six ans quand j'ai quitté l'Algérie avec ma mère et mes deux sœurs cadettes. Mon père, qui travaillait chez Renault à Billancourt, nous avait demandé de le rejoindre. Il avait obtenu un F3 dans une HLM et nous y avons vécu plutôt heureux. Ce n'était pas toujours facile mais nous avons été tous persévérants", raconte Hocine, très fier de son parcours. Aujourd'hui, il vit à Vincennes, un quartier mitoyen plutôt huppé où il a son propre cabinet. Fort de ce succès, il estime que les jeunes des banlieues populaires doivent tous obtenir la chance de sortir du ghetto et de se fixer de nouveaux horizons. "Aujourd'hui, je constate que Macron est le seul à donner de l'espoir aux jeunes. Il ne les infantilise pas et ne veut pas en faire des assistés", estime l'architecte. Sur un autre registre, il salue les positions du candidat d'En Marche ! sur la colonisation qu'il a qualifiée de crime contre l'humanité. "Cette reconnaissance est importante pour les immigrés d'origine algérienne. Elle constitue quelque part une réparation", explique Hocine en rappelant que Macron est le seul candidat de la présidentielle à avoir effectué un voyage à Alger.
"Melenchon aime l'Algérie"
À gauche pourtant, on estime que l'homme qui aime le plus l'Algérie est le candidat de la France insoumise, Jean-luc Melenchon. "Il a dit, dans l'un de ses discours, que le premier pays qu'il visiterait s'il est élu sera le nôtre", rapporte M'hamed Kaki. Ce sociologue, qui préside l'association communautaire Les Oranges à Nanterre (Hauts-de-Seine), est un sympathisant de Melenchon depuis longtemps. Il a décidé d'aller plus loin en se portant candidat sur la liste de la France Insoumise aux prochaines législatives qui se dérouleront en juin. "Melenchon a un caractère qui ressemble à celui des Algériens. Il ne baisse jamais les bras face à l'injustice. Il ne se laisse pas faire. C'est un homme droit et sincère", commente M'hamed Kaki avec beaucoup de ferveur. Battant la campagne dans sa municipalité et l'ensemble du département, il s'emploie a convaincre les éventuels abstentionnistes d'aller aux urnes et d'élire son candidat. "Je comprends que les gens soient défaitistes. Ils ont été trahis par les socialistes. Mais aujourd'hui, l'espoir renait. On a tous la possibilité de voter pour une vraie gauche qui défend les droits des plus démunis, le droit à une meilleure scolarité, à l'insertion et à l'ascension sociale...", clame encore M. Kaki.
Le 17 avril dernier, il était avec Mélenchon sur une péniche qui a vogué sur les canaux parisiens. Au cours d'une halte près de Bobigny, le prétendant au poste de président s'est adressé à une foule importante sur le thème des banlieues. "Ce n'est pas vrai que vous n'avez le choix qu'entre Uber (entreprise de services de taxis NDLR) et dealer", a observé Melenchon. Condamnant les contrôles aux faciès, il a promis d'interdire cette pratique une fois élu. Le candidat a par ailleurs promis de généraliser le CV anonyme et de régler le problème de sureffectifs dans les classes. "Tous les citoyens ont droit au respect et à la dignité", a-t-il insisté, reprochant à "la République d'avoir délaissé des pans entiers de sa population." Dans les cités, le discours de Mélenchon plaît, surtout qu'il appelle à la régularisation des sans-papiers. "Il y a une déferlante Melenchon", s'enthousiaste M'hamed Kaki.
Benoît Hamon, la sanction d'un échec
Le candidat a en effet beaucoup grimpé dans les sondages, laissant loin derrière lui le représentant des socialistes à la présidentielle, Benoit Hamon. Celui-ci est déjà éliminé par une bonne partie de la presse qui ne le voit pas arriver au second tour. Chez les Franco-Algériens, peu aussi croient à ses chances de succès. "Je n'ai rien contre lui personnellement. Mais il incarne le parti socialiste et cela suffit à me dissuader de voter pour lui", tranche Naïla, hôtesse de l'air. Habitant avec son mari dans un quartier pavillonnaire du sud de Paris, la jeune femme connaît aussi très bien Montreuil où elle a grandi au milieu d'une vaste fratrie. Encore aujourd'hui, la municipalité est gérée par le parti communiste qui a préféré de soutenir Melenchon. Ailleurs, dans les quartiers administrés par des élus socialistes, Benoit Hamon semble avoir plus de sympathisants. Mercredi dernier, des centaines de personnes se sont joints à un rassemblement organisé place de la République, dans le XIe arrondissement de Paris. Parmi les présents, Youghourthen Ayad, président d'ADRA (Association des Algériens des deux rives et de leurs Amis). Affichant son soutien au candidat socialiste, le militant associatif estime qu'Hamon est le seul à défendre des valeurs justes, sur les plans humains, économique et écologique. Durant la campagne, il s'est rendu avec l'un de ses adjoints, Alexis Bacheley, dans le foyer Adoma de Gennevilliers. Sur place, le député des Hauts-de-Seine, qui avait été en 2013 rapporteur d'une mission parlementaire sur la situation des "chibanis", a fait savoir que les conditions des locataires seront améliorées si Benoit Hamon est élu.
Le danger Le Pen
Les urnes le diront, ce dimanche, à l'issue du premier tour de la présidentielle. Anticipant le verdict des 44 millions de Francais inscrits sur les listes électorales, les instituts de sondage ont la certitude qu'Hamon sera absent du second tour. À la place, ils tablent sur un duel Macron-Le Pen. Qualifiée de grande favorite, la présidente du Front National se voit déjà à l'Elysée. Pour rallier plus de partisans, elle n'hésite plus d'ailleurs à promouvoir ses idées les plus extrêmes sur l'immigration. Sa cible préférée : les habitants des quartiers populaires. Certains qui prônent l'abstention devront probablement de se rendre aux urnes pour voter contre elle. "Le problème, c'est que nous avons aussi sanctionné Sarkozy en 2012. Mais son successeur s'est avéré aussi lamentable", épilogue Abdel, le boucher.
S. L-K.


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