Les données à retenir sont qu'une entreprise algérienne doit s'acquitter de 27 différents impôts et taxes, un processus qui nécessite 265 heures de travail et qui consomme 66% des profits des entreprises. L'Algérie a amélioré, de 9 places, son classement dans le rapport Doing Business 2019 de la Banque Mondiale publié, hier, en se hissant à la 157e place, sur 190 pays, avec un score de 47,76 points. L'Algérie occupait la 166e place dans l'édition 2018. Malgré cette progression, l'Algérie est très en retard par rapport à quasiment toutes les autres économies de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena). Elle est notamment devancée par le Maroc (60e rang), la Tunisie (80e) et l'Egypte (120e). L'Algérie devance, seulement, l'Irak (171e), la Syrie (179e), la Libye (186e) et le Yémen (187e), des pays aux prises avec une instabilité politique persistante. Les Emirats arabes unis (11es) sont les mieux classés des pays de la région Mena. Selon le rapport Doing Business 2019, l'Algérie a introduit deux réformes entre 2017 et 2018. Notre pays a notamment réduit le délai du commerce transfrontalier et amélioré l'accès à l'électricité au PME. Au-delà du mauvais classement international de notre pays, le rapport de la Banque mondiale révèle l'emprise de la bureaucratie sur l'économie algérienne. En effet, créer une entreprise en Algérie relève du "parcours du combattant". Pour créer une entreprise, il faut compter 12 procédures distinctes et une durée de 17,5 jours en dépensant à cette occasion 11,8% du revenu moyen d'un Algérien. L'Algérie est classée à la 150e place en matière de "création d'entreprise". Note pays ne fait pas mieux concernant l'obtention d'un permis de construire où il arrive au 129e rang. Le rapport a comptabilisé 19 procédures, 136 jours et un coût représentant 7,8% du revenu par habitant pour la construction d'un entrepôt. L'Algérie se positionne à la 178e place concernant l'obtention de prêts et à la 168e place sur le plan de la protection des investisseurs minoritaires. Sur la pression fiscale, notre pays est classé au 156e rang. Les données à retenir sont qu'une entreprise algérienne doit s'acquitter de 27 différents impôts et taxes, un processus qui nécessite 265 heures de travail et qui consomme 66% des profits des entreprises. Dans le domaine du commerce transfrontalier, même si la Banque mondiale relève une légère amélioration, l'Algérie reste mal classée, se positionnant à la 173e place. C'est le cas aussi pour le raccordement à l'électricité. Malgré les réformes introduites, notre pays est classé au 106e rang. Au-delà de l'outil de référence qu'il est devenu, le classement "Doing business" fait face depuis quelques années à bien des critiques. C'est l'ancien économiste en chef de la BM, Paul Romer, qui a jeté un pavé dans la mare. Paul Romer, qui a obtenu récemment le prix Nobel d'économie, a laissé entendre que ce classement est influencé par des considérations politiques. Au-delà de Doing Business, de sa pertinence et de ses limites, la grande leçon que devraient tirer les autorités algériennes est celle de l'urgence de la mise en œuvre effective de nombreuses réformes plusieurs fois annoncées. Cela est une nécessité absolue dans un contexte national et international de plus en plus dominé par des incertitudes. L'urgence des réformes est une rengaine que les pouvoirs publics eux-mêmes et de nombreux experts n'ont eu de cesse de répéter sans avoir eu besoin du rapport Doing Business. Les autorités au plus haut niveau affichent une réelle volonté de faire de l'entreprise le véritable moteur de la croissance et du développement. Mais malheureusement, les intentions affichées et la volonté déclamée ne sont pas traduites dans les faits. Meziane Rabhi