Le général, qui employait un ton martial mardi en menaçant tout sur son passage, est revenu à de meilleurs sentiments quelque temps après. En moins de vingt-quatre heures, le discours d'Ahmed Gaïd Salah change de teneur. Le général, qui employait un ton martial mardi en menaçant tout sur son passage, est revenu à de meilleurs sentiments quelque temps après. Son discours a-t-il été édulcoré ? A-t-il lui-même changé de discours ? Les questions restent entières. Après avoir dénoncé, mardi, les partis et les personnalités qui ont refusé de participer aux discussions initiées par Abdelkader Bensalah, le chef d'état-major de l'ANP, qui s'adresse désormais aux Algériens chaque semaine à la place des dirigeants politiques, est revenu le jour même à un ton plus conciliant. "Nous réitérons (…) que l'Armée nationale populaire demeurera engagée à préserver les nombreux acquis et réalisations de la nation, ainsi que l'accompagnement du peuple et de ses institutions à travers la mise en œuvre des solutions possibles, tout en approuvant toute proposition constructive et initiative utile allant dans le sens du dénouement de la crise et menant le pays vers la paix", a-t-il indiqué, dans une nouvelle version du discours prononcé mardi à Blida, envoyée hier par les services de la communication du ministère de la Défense nationale. Dans un premier discours, diffusé par les mêmes services, Gaïd Salah a souligné que "s'agissant de ces étapes prometteuses, visant à parachever le projet de l'édification nationale, nous avons constaté l'apparition de certaines voix qui ne veulent aucun bien à l'Algérie, appelant à l'entêtement et l'acharnement à maintenir les mêmes positions préétablies, sans tenir compte de tout ce qui a été réalisé, le rejet de toutes les initiatives et le boycott de toutes les démarches, y compris l'initiative de dialogue qui est censée être un des mécanismes civilisés qu'il y a lieu de valoriser, notamment dans ces circonstances particulières que vit notre pays (…)". Le chef d'état-major de l'ANP rappelle, dans le second discours, "l'alignement de l'Armée nationale populaire aux côtés du peuple afin d'atteindre ses objectifs visant à opérer le changement escompté et sa mobilisation continue pour accompagner les Algériens dans leurs marches pacifiques et leur sécurisation", une attitude qui "découle de la cohésion et de la concordance dans les visions et la démarche empruntée, entre le peuple et son armée". Au lieu des menaces de la veille, le chef d'état-major de l'ANP s'attaque, désormais, à des parties qui "conspirent" parce que "gênées" par cette entente entre l'armée et le peuple. "Cette cohésion semble déranger ceux qui portent une animosité profonde envers l'Algérie et son peuple, et ce, malheureusement, en conspirant avec des parties intérieures, qui ont vendu leur âme et ont hypothéqué l'avenir de leurs concitoyens à des fins et des intérêts personnels étroits", a-t-il indiqué. L'allusion, cette fois, au général Mohamed Mediène est évidente. Pour illustrer son propos sur ces "conspirations" le chef d'état-major de l'ANP donne l'exemple de l'interpellation, "au courant de la fin de la semaine passée, d'individus en possession d'armes à feu, d'armes blanches et de grenades lacrymogènes, ainsi qu'une grande quantité de psychotropes et des moyens de communication". Il fait ainsi écho à un communiqué de la police qui a évoqué cela il y a une dizaine de jours. Le document parlait même d'armes et de munitions de guerre ! Même au sujet de la justice, Ahmed Gaïd Salah a mis de l'eau dans son vin. Pour éviter de donner l'impression de se mêler du travail de la justice, il dit, désormais, offrir "la protection" de son institution à l'institution judiciaire. L'armée "offre des garanties suffisantes aux services judiciaires pour poursuivre avec détermination et en toute liberté, sans aucune contrainte ni pression, le jugement de ces corrupteurs, ces dispositions permettront ainsi de rassurer le peuple que son argent pillé sera récupéré par la force de la loi et avec la rigueur requise", a-t-il indiqué. Ces mises au point faites, Ahmed Gaïd Salah confirme, en revanche, qu'il poursuivra à s'impliquer dans le débat politique et à s'adresser aux Algériens. "L'Armée nationale populaire (…) continuera, en cette conjoncture sensible, à adopter la même démarche sincère en informant les citoyens régulièrement de tout ce qui a trait à leur sécurité et à la sécurité de leur pays", a-t-il annoncé. Ali Boukhlef
