Le pays dispose d'immenses potentialités en matière d'énergies renouvelables pouvant le propulser au rang de puissance. Mais il reste viscéralement attaché aux ressources fossiles. Tous les gouvernements qui se sont succédé aux commandes ont affirmé l'obligation de favoriser l'utilisation de l'énergie propre produite par le vent et le soleil, et non par le pétrole, expliquant que la production de courant à partir des énergies renouvelables constitue un énorme potentiel futur dans le pays. Tous les gouvernements se sont également engagés à améliorer, à simplifier la réglementation relative au renouvelable et à impliquer les acteurs publics et privés dans l'investissement dans les énergies renouvelables. Tout cela est resté cependant une simple déclaration d'intention. Or, on ne peut se satisfaire de promesses sur le papier, alors que le monde se dirige vers une économie à faibles émissions de carbone et vers des énergies propres. Rabah Touileb, ancien cadre de Sonelgaz (ex-directeur général de la stratégie et de la prospective) et expert en énergie, rappelle que "l'intention existe", recommandant, cependant, qu'il faut "aller de l'avant, adopter une stratégie visible et efficace et réaliser des progrès dans ce secteur". L'expert formule des pistes de développement, estimant qu'il faut "encourager, par exemple, l'autoproduction". "Mais, dit-il, il faut le faire dans un cadre organisé et sous-tendu par une législation claire, transparente et surtout applicable." Et d'expliquer : "On devrait donner la possibilité aux particuliers de s'équiper en matériel adapté aux besoins de production d'électricité verte. Ils pourraient ainsi investir sur des systèmes de production à petite échelle ou à une échelle industrielle, se chauffer et s'éclairer à l'énergie solaire." Et que faire de l'excédent de production ? Rabah Touileb souligne : "Il faut que les distributeurs d'électricité soient légalement tenus d'assurer le raccordement pour permettre aux petits producteurs de le vendre au réseau, vente qui vient en déduction de leur propre consommation pendant d'autres périodes de l'année." "Cela apporte une garantie aux particuliers, les encourageant ainsi à produire", ajoute-t-il. Quels sont les acteurs qui feront bouger les choses dans ce secteur ? L'ex-directeur général de la stratégie et de la prospective pense qu'il y a "nécessité d'établir des liens de collaboration fructueux entre opérateurs publics et privés, l'objectif étant de créer une synergie et de favoriser le financement et la réalisation conjointe de projets". Et Sonelgaz dans tout cela ? Sonelgaz ne fait que ce que l'Etat lui commande de faire. "Si demain, l'Etat lui commande de monter un projet dans le renouvelable, elle le fera, mais le projet sera financé par des fonds publics", explique M. Touileb. L'autre "élément important" concerne la législation. L'expert relève à ce sujet qu'il existe "une réglementation qui encadre le secteur des énergies renouvelables, mais qu'il faut améliorer", poursuivant que "si l'Etat élabore des textes plus simples et plus compréhensibles, cela donnera des signaux positifs qui montrent qu'il (l'Etat) prend une direction plus claire en matière de renouvelable". Il affirme, en outre, que le renouvelable vient en complément et à l'appui de l'énergie conventionnelle et qu'il ne va pas s'y substituer. Il note, par ailleurs, que le renouvelable fait partie des secteurs qui créent beaucoup d'emplois et qui jouent un rôle capital dans l'économie. En résumé, le pays a déjà pris beaucoup de retard et il est temps qu'il agisse et qu'il structure ce secteur. Il devrait s'inspirer de l'expérience internationale disponible en la matière. Le contexte de baisse des coûts du kilowattheure va normalement l'y aider. Il offre une opportunité rare à des investisseurs locaux, ou internationaux, pour lancer des projets et développer les énergies propres en Algérie, un pays où l'on est encore en train de développer de l'énergie fossile à grande échelle.