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"Radio chaîne II est un acquis de 30 ans de lutte"
BOUKHALFA BACHA, JOURNALISTE ET AUTEUR
Publié dans Liberté le 05 - 10 - 2020

Liberté : Vous avez récemment publié un livre intitulé Cfawat n Rradyu n-teqbaylit (Souvenirs de la Radio kabyle). Pourquoi "Rradyu n-teqbaylit" (radio kabyle) ?
Boukhalfa Bacha : C'est la question que tout le monde me pose et à laquelle je trouve un réel plaisir à répondre. J'ai intitulé ce livre Cfawat n Rradyu n-teqbaylit (Souvenirs de la Radio kabyle) tout simplement parce que tous les témoignages recueillis dans cet ouvrage, à travers des entretiens, de Lla Yamina jusqu'à Ben Mohamed, concernent les personnages talentueux qui avaient travaillé à la radio quand elle s'appelait Chaîne kabyle. Cette appellation a duré jusqu'en 1970, quand la radio a bénéficié d'une nouvelle organisation et d'un nouvel organigramme pour devenir, ensuite, Radio chaîne II. Tous ces témoins ont connu Rradyu n-teqbaylit depuis les années 1940 jusqu'aux années 1960. Radio chaîne II est un acquis de 30 ans de lutte.
Vous êtes l'un des pionniers de la Radio kabyle. Vous aviez de la chance de faire partie de ce beau monde. Comment cela s'est-il passé ?
Effectivement, je fais partie des pionniers de cette radio et j'ai eu la chance de connaître des personnages qui m'ont aidé et soutenu pour arriver à réaliser ce que j'ai pu faire durant ma longue carrière. Je leur rends un vibrant hommage ; je ne peux pas tous les citer, car ils sont nombreux. Il y a eu, par la suite, ceux avec qui j'ai travaillé. Mais je voudrais souligner que la troupe féminine était la première à pouvoir marquer le premier passage à la Radio kabyle parmi nous tous. Cette troupe mérite tous les égards car, à l'époque, ce n'était pas évident. Au fil du temps, je me suis rendu compte que tous ces gens-là ont beaucoup donné et se sont même sacrifiés pour arriver à avoir une radio.
D'où l'idée de publier cet ouvrage ...
L'idée m'est venue autrement. Quand ils avaient ouvert le département de Tamazight à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, nombreux sont les étudiants qui venaient vers nous pour réaliser des thèses de fin d'études sur la Chaîne II. Du coup, il n'y avait rien à leur fournir. Pas d'archives, à ma connaissance. Quand ils venaient vers moi, je leur disais simplement ce que j'ai trouvé quand j'avais rejoint la Radio kabyle depuis le 2 mai 1963. En 1991, quand Mohamed Guerfi était directeur de la Chaîne II, il a eu l'idée de constituer une archive de la radio à travers l'enregistrement de ces personnages et qui étaient, évidemment, disponibles. Malheureusement, avec ce qui s'était passé durant la décennie noire, on se limitait à faire notre travail quotidien. Il a fallu attendre 2001, quand Mohamed Guerfi est revenu à la radio en qualité de directeur de la programmation. C'est là qu'on a relancé l'idée qu'on avait délaissée, malgré nous, en 1991. Avec l'autorisation du directeur général, j'ai commencé les enregistrements. Ainsi, le 17 janvier 2001, j'ai commencé avec Mohamed Lamrani. Ce dernier nous a appris beaucoup de choses sur la Radio kabyle, même des choses auxquelles on ne pouvait pas s'attendre. Je laisse le soin aux lecteurs de le découvrir par eux-mêmes.
Dans cet ouvrage, vous avez interviewé 30 témoins. Vous n'avez pas oublié un personnage, un journaliste, un artiste ou autre producteur ?
Oh que si ! Mais ce n'est pas un oubli. Quand j'ai commencé en 2001, il y avait parmi eux ceux qui n'étaient plus de ce monde. Il y avait également d'autres que je n'ai plus croisés et qui ont changé d'horizons et d'autres qui ont refusé de témoigner et/ou qui n'étaient pas disponibles. Mais je vous signale que, parmi ces témoignages, trois enregistrements ont été récupérés des archives de la radio, dont deux m'ont été remis par Feroudja Khiar, que je remercie au passage. Car ces trois personnages n'étaient plus de ce monde quand j'ai commencé le travail en 2001.
Il y a eu les enregistrements, ensuite la transcription. Comment avez-vous pu la réaliser pour en faire un ouvrage ?
Quand j'ai terminé les enregistrements, on a vu qu'il y avait une mine d'informations et de souvenirs sur la Chaîne kabyle. C'est alors que j'ai décidé avec Mohamed Guerfi de faire profiter un large public. C'est comme cela que nous avons pu le publier grâce notamment au concours du Haut-Commissariat à l'amazighité et de la maison d'édition Frantz-Fanon à qui j'exprime ma totale gratitude. Du coup, ce livre constitue une archive précieuse pour les futures générations et pour les chercheurs universitaires. Comme disait l'adage, les écrits restent. Au départ, j'ai eu beaucoup de difficultés, mais au final, en 2008, j'ai repris le projet et chacun a mis son grain de sel pour faire la transcription en kabyle sur 750 pages manuscrites. Ce qui est énorme, car on a fait du mot-à-mot. Et là, j'ai limité le livre à seulement 300 pages pour le rendre plus lisible. Mais si vous avez aujourd'hui Cfawat n Rradyu n-teqbaylit entre vos mains, c'est grâce à Takfarinas Naït Chabane de l'Université de Tizi Ouzou. Je ne lui rendrai jamais assez d'hommages. Il m'a fait un travail extraordinaire ; je le remercie du fond du cœur.
Dans cet ouvrage, vous avez donné la parole à tout le monde. Mais votre carrière ne ressort pas. Pourquoi ?
Effectivement. J'estime que ces personnages se sont sacrifiés et méritent cet hommage. C'est aussi pour faire savoir aux lecteurs ce que ces gens-là ont consenti comme efforts. Je dois rendre également hommage à ma génération, c'est-à-dire celle de 1963 à 1990, qui a maintenu l'effort pour mettre sur pied la Radio chaîne II. Car, avant 1990, cette chaîne était inexistante et on n'avait pas les mêmes droits que nos confrères des autres radios. Y compris dans la grille salariale ! Depuis 1969 jusqu'à 1989, aucun journaliste de la chaîne kabyle n'a couvert un événement à l'étranger. Il aura fallu attendre l'année 1989 pour qu'enfin un journaliste de la Chaîne II soit envoyé pour couvrir un sommet à Bagdad. Même à l'intérieur du pays où les chaînes I et III possèdent des correspondants, on n'y allait jamais. Après, il y avait l'histoire des jumelages pour arabiser la Chaîne II en supprimant des émissions destinées aux enfants, aux jeunes et autres magazines. On avait même commencé à faire des flashs d'information en arabe. Le plus dur, c'était l'émission "Sport et Musique". En 1970, on nous dit qu'on n'avait rien à voir avec le sport, alors qu'on le faisait de 1964 à 1970, y compris la retransmission des matchs. Cela dit, si je suis encore de ce monde (chose qu'on souhaite à Dda Boukhalfa, ndlr), j'ai prévu d'écrire mes mémoires. Je vous révèle d'ailleurs que j'ai fini les enregistrements. Reste à les transcrire. Ces mémoires concernent ma carrière du mois de mai 1963 au mois de mai 2005, soit 42 ans de carrière à la Radio kabyle et à la Chaîne II.
Cet ouvrage est préfacé par le docteur Saïd Sadi. Comment avez-vous fait ce choix ?
À travers cette préface, Saïd Sadi a rendu un vibrant hommage à la Radio kabyle. Je vous informe qu'il avait fait un passage à la Radio kabyle vers la fin des années 1960, si je me souviens bien. En tout cas, c'était avant 1970 quand le parti unique imposait la pensée unique et supprimait des émissions et des magazines. Je me souviens bien : il avait fait de très belles émissions. Nous sommes restés en contact et nous sommes rencontrés dans beaucoup d'occasions. Saïd Sadi est d'abord un ami. Sincèrement, quand on a terminé la transcription, j'ai demandé à Takfarinas Naït Chabane son avis s'il était nécessaire de préfacer ce livre. Je ne vous le cache pas, certains m'ont dit que ce n'était pas nécessaire de le faire. Certains estimaient que je ne méritais pas d'être préfacé ! Mais, bon ! Dans la discussion, Takfarinas Naït Chabane m'a suggéré le nom de Saïd Sadi. C'est alors que je l'ai appelé au téléphone. Au bout de quelques jours, il m'a envoyé la préface. Je ne peux que remercier cet homme talentueux.
Quel message souhaiteriez-vous adresser à la nouvelle génération, notamment les journalistes et les producteurs de la Chaîne II ?
Sincèrement, je n'aime pas être messager. Mais je continuerai à parler de la Chaîne kabyle jusqu'à ma mort. Nous avons consenti des efforts immenses. Il y a eu ceux qui ont souffert et d'autres qui ont eu des problèmes en voulant introduire des expressions kabyles anciennes et de tamazight. On a pu faire fonctionner, ensuite, la Chaîne II comme on pouvait. Vous pouvez témoigner, vous et vos camarades, comme Madjid Ben Belkacem, Hamid Saïdani ou encore Arezki Azzouz, de la période des années 1990, des années prolifiques et de bouillonnement. Cela me rappelle la période où Saïd Sadi, Arezki Si Mohamed, Belaïd Alloul et d'autres étudiants venaient travailler à la Radio kabyle. C'était la période où la radio commençait à s'épanouir. Malek Ouari, à qui je rends un grand hommage (il a quitté la radio en 1958, ndlr), qualifiait la Radio kabyle de l'époque de "Pôle d'intellectuels". La radio a joué un rôle important pour préserver le kabyle. Chacun parlait à sa manière, mais cela relevait de sa richesse. Mais on a fini par harmoniser le kabyle pour le rendre accessible à tous les auditeurs. Aujourd'hui, la Chaîne II a un grand rôle pour l'harmonisation de tamazight. Or, aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Quand j'entends certains mots utilisés en chaoui ou en mozabite, je pense qu'il y a beaucoup de travail qui reste à faire. Déjà à notre époque, on harmonisait certains mots et concepts dans l'information. Pour l'histoire, Mohamed Guerfi et moi avons interviewé, en 1974, Mouloud Mammeri. À l'époque, il nous a donné quelques mots qu'on a fini par utiliser, entre autres thagrawla (révolution), addal (sport) et autres idlès (culture). Et en 2020, certaines variantes n'utilisent pas ces mots alors qu'il y a tous les moyens de le faire. Du coup, l'urgence est d'harmoniser tamazight à la Radio chaîne II.
Entretien réalisé par : Farid Belgacem
Dans cet entretien, Boukhalfa Bacha, le journaliste vétéran de la Radio nationale chaîne II, anciennement appelée Radio kabyle, revient sur son travail de restitution et de mémoire des grands personnages qu'il a connus et avec qui il avait partagé de longues et pénibles expériences. Après une riche carrière de 42 années, Dda Boukhalfa, comme aiment l'appeler affectueusement ses collègues, a réussi, à travers une trentaine d'entretiens, à éditer son livre intitulé "Cfawat n Rradyu n-teqbaylit", pour donner la parole à ceux qui ont forgé une radio pas comme les autres. De Lla Yamina jusqu'à Ben Mohamed, en passant par Saïd Zanoun, Mohamed Hilmi et autres Ourida Mezaguer (Anissa), l'auteur nous livre quelques secrets de la Radio kabyle, depuis sa naissance jusqu'à sa structuration.


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