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Pourquoi c'est la résistance qui a gagné à Ghaza
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 01 - 2009

Mentionnons tout d'abord que cette lettre est écrite à la lecture d'articles parus dans la presse mondiale tantôt confortant Israël dans sa description du conflit comme une victoire pour elle, tantôt décrivant les rallies de la victoire de Hamas comme indécent au vue des pertes énormes en vies palestiniennes occasionnées par le conflit et comme si Hamas aurait du pleurer les centaines de civils tués par Israël au lieu de célébrer !
Au delà de l'effroyable boucherie qui a lieu à Ghaza, il est une question d'importance pour l'évolution future de la situation et aux yeux de l'histoire, c'est bien qui d'Israël ou de la résistance palestinienne à gagné stratégiquement la bataille. La même question avait été posée lors de l'offensive israélienne au Sud Liban il y a deux ans. Il y a certes un avantage psychologique important à celui qui sera déclaré vainqueur et c'est bien pour cela que les deux parties se sont empressé de le faire. Nous analyserons cette situation et nous verrons que dans une perspective stratégique, et aussi sans nous gêner de le dire morale, la résistance palestinienne en est l'indéniable vainqueur.
Nous ne reviendrons pas sur qui a déclenché les hostilités, ni des pertes humaines palestiniennes hors mesure. En fait nous savons maintenant qu'Israël se préparait minutieusement pour l'assaut et qu'elle ne cherchait qu'une excuse pour le déclencher. Il est d'ailleurs clair que le timing coïncidait avec la vacance du pouvoir aux Etats-Unis, sachant bien que la nouvelle administration aurait, pour au moins préserver une mesure de crédibilité, probablement poussé à une fin rapide des hostilités, et ceci n'était pas dans l'intérêt d'Israël. Nous ne quitterons pas ce point sans mentionner que la question formelle de qui à ouvert les hostilités à un coté surréel si on se rappelle que de toute façon un blocus total à toujours été considéré comme l'équivalent d'une déclaration de guerre totale, aussi, tous ceux qui arguent que Hamas a violé le cessez le feu, qui en fait venait a expiration, font acte de niaiserie ou de malhonnêteté intellectuelle.
Il n'y a pas eu de guerre à Ghaza !
Du point de vue de la stratégique classique, il est difficile de tenir l'offensive israélienne de Ghaza comme une guerre tant la situation s'éloigne de ce que guerre implique. Il y a eu une opération coup de poing, baptisé significativement «plombs durcis» par les israéliens, opération de vengeance ou furent utilisé de manière massive des bombardements par l'aviation ainsi que l'artillerie terrestre et navale, et dont le but semble bien avoir été en dernière analyse une punition criminelle par la destruction d'une ville et de ses habitants.
A part des répliques au mortier et aux armes légères par la résistance pour empêcher la progression de l'armée israélienne et son infiltration dans les villes, et de quelques escarmouches, Tsahal n'a jamais affronté de face Hamas et les autres factions. Il n'y a jamais eu de bataille de rue comme l'espérait ardemment Hamas. Une rue résistait-elle qu'elle était rasée. Un crépitement d'armes provient t-il d'un bâtiment qu'on envoie les F16 le mettre à bas. Même les incursions profondes de l'armée israélienne dans quelques quartiers de Ghaza et qui furent l'objet d'une résistance héroïque de la part des palestiniens, le furent par la méthode de la colonne infernale. L'occupation du terrain par saturation de feu, et précédée par une flottille d'avions sans pilote et de F16 ne relève d'aucun acte de bravoure et ne saurait constituer une victoire militaire. La preuve de cette tactique de lâches est bien le faible nombre de décès de ses soldats ! La comparaison des pertes militaires de chaque coté est de même sans aucune signification au vu du rapport de force et des tactiques employées. A contrario, la victoire de Hamas et de ses alliés, certes chèrement payée en vies civiles humaines, tient au fait qu'ils ont su limiter au maximum les gains tactiques de l'armée adverse. En plus de cela, il est notable que la résistance soit restée quasiment intacte en tant que force organisée et que donc la disruption de ses lignes de soutien logistique et de communication, certes entamée par le caractère massif du pilonnage adverse, n'a pas vraiment eu lieu. On est droit d'imaginer que si l'armée israélienne aurait eu en face d'elle les forces du Fateh, ce dernier se serait désintégré en tant que force combattante ou aurait quémandé un cessez le feu à un prix exorbitant. Le Hamas par contre n'a a aucun moment fléchit ou demandé un cessez le feu. Il s'est permit même l'incroyable exploit de continuer à tirer ses missiles sur Israël jusqu'au cessez le feu alors même que l'armée israélienne jouissait d'une maîtrise absolu des airs et déployait toutes sorte de mesures de surveillance électronique pour identifier les dépôts de missiles et les points de lancement. Ainsi la résistance était-elle prête pour affronter la phase suivante de la bataille, celle ou l'armée israélienne avait le plus à perdre et que finalement cette dernière s'avisa de ne pas lancer.
Aussi, contrairement à ses bilans finaux, Israël n'a nullement achevée ses objectifs, mais a accompli tout ce qu'elle avait pu accomplir au coût maximum qu'elle s'était fixée, et qui est bien modeste. En effet, elle n'a nullement affaiblit la résistance de manière significative et durable, et encore moins écrasée ladite résistance, ni arrêté le tir de missiles contre ses villes, ni stoppé le trafic de marchandises et probablement d'armes à travers les tunnels à la frontière Egyptienne. La partie gagnante dans un conflit est celle qui achève ses objectifs où qui impose ses conditions. La proclamation par Israël d'un cessez le feu unilatéral, est un éloquent constat qu'elle ne pouvait plus achever d'autres gains tactiques ou stratégiques, et implicitement qu'elle ne pouvait rien imposer à l'autre partie. Le fait que le monde occidental, et en premier lieu les Etats Unis, ne la pressait pas outre mesure de terminer son offensive et donc d'enregistrer une victoire décisive si elle le pouvait est un autre argument de poids en faveur du constat de son échec. La résistance palestinienne par contre avait pour objectif de rester une force viable et d'empêcher Israël d'acquérir des avantages tactiques ou stratégiques (Telle qu'une réoccupation partielle de territoire) et elle a réussie parfaitement en cela.
Duplicité et Complicité, l'Histoire jugera
L'autre grande leçon de l'offensive israélienne sur Ghaza, est cette fois sur le registre moral. Certes personne ne se préoccupe de la morale en temps de conflit, mais le conflit Israélo-Palestinien étant un conflit qui s'inscrit dans le temps, cet aspect est d'une importance capitale dans l'évaluation du bilan du conflit. De plus ce conflit ayant toujours été, du moins dans la perspective palestinienne, un conflit pour le droit et la justice, l'ampleur des massacres commis par Tsahal au vu et au su du Monde dans sa tentative d'en finir avec la résistance est un élément capital d'appréciation. Nous dirions que l'autre grand dévoilement de ce conflit est l'extrême duplicité ou en terme moins diplomatique, d'hypocrisie des gouvernements occidentaux. En fait s'il fallait appeler les choses par leur nom, nous devrions parler de complicité dans le crime.
Il est clair en rétrospective pour tout observateur impartial qu'Israël s'est comporté dans son offensive sur Ghaza avec une brutalité et d'un manque d'égard absolu pour la vie humaine. Ceci a été établi au fil des jours en direct et personne ne pourra dire qu'il ne savait pas ou qu'il n'a rien vu. Devant ce carnage israélien relayé par les média du monde entier, les gouvernements occidentaux dans leur grande majorité arborèrent un silence coupable sinon un discours «équilibré» ou le blâme était partagé, tout en se gardant de qualifier l'assaut israélien pour ce qu'il était, une attaque vengeresse et cruelle contre une population sans défense et sans aucun moyen de fuir. Souvent cet équilibrage était accompagné d'un dédouanement de fait d'Israël avec l'évocation de son droit à se défendre. Cette incapacité de qualifier un crime pour ce qu'il est lorsqu 'il s'agit d'Israël est le parfait exemple du «double discours» dont se sont distingués les gouvernements européens durant le conflit et constitue en soi un acte de faillite morale.
Au delà de la perte par l'Europe de ses prétentions d'être une référence morale, et un peu la conscience du Monde comme elle se plait souvent à se décrire, c'est tout son élaboré discours sur les droits de l'homme, et accessoirement sur l'abolition de la peine de mort, qui apparaît pour ce qu'il est, un discours à utilisation sélective et donc marqué du sceau de l'hypocrisie.
Certes, la nature meurtrière d'Israël est bien établie dans les consciences arabes, ce au moins depuis le massacre de Deir-Yacine et où elle ne manque pas à chaque conflit de nous le rappeler amplement, mais encore fallait-il que la conscience internationale en prenne note. Mondialisation aidant et malgré le poids des média occidentaux et faiseurs d'opinion dont le biais systématique pour Israël n'est plus à démontrer sauf pour les plus naïfs, il est devenu incomparablement difficile pour Israël de défendre cette image de David contre Goliath quant on fait dans l'overkill et ce contre des populations démunies et sans défense.
De plus le capital de sympathie envers Israël s'effrite dans les consciences du monde, ce capital qu' Israël a su fructifier à la suite des massacres dont les juifs furent victimes en Europe durant la seconde guerre mondiale. La bénédiction européenne lors de son acte créateur en 1948 peut justement être vue comme une catharsis, une manière dont l'Europe se débarrassait de sa mauvaise conscience, certes au dépend d'un autre peuple mais ainsi était la situation dans la phase de colonisation que vivait le Monde à cette époque. On est donc bien loin de l'image dont Israël a su user et abuser, celle d'un Etat menacé dans son existence par ses puissants voisins qui voulaient rejeter ses habitants à la mer. Or la bataille pour l'image est souvent aussi importante que la bataille sur le terrain. La cause palestinienne à d'ailleurs eu tout a gagner de l'éclipse et de la veulerie des gouvernements arabes du conflit.
Nous relèverons l'inanité ainsi que l'immoralité de la position du gouvernement égyptien qui se prétend lié par des accords avec la communauté européenne pour ne pas ouvrir sa frontière avec la bande de Ghaza, accord qu'Israël n'a d'ailleurs jamais respecté. Aussi, au-delà de ses arguments d'une légalité surréaliste, c'est bien d'un double blocus que l'on parle, blocus et Israélien et Egyptien. La continuation de ce blocus lors du carnage israélien qui s'ensuivit fait de l'Egypte son allié stratégique de taille et son complice. Voila ce dont à quoi est réduit un régime foncièrement antidémocratique et dont la faillite morale et économique le rend dépendant de ses bailleurs de fond. Le fait que les négociations des différentes factions de la résistance avec l'autorité palestinienne se fassent au Caire ne dédouane nullement le régime égyptien, ceci est imposé par les rapports de force et relève de la realpolitik. En conclusion, la résilience de la résistance au déluge de feu israélien et l'incapacité de son armée à réaliser ses objectifs à part quelques gains tactiques très limités constitue en soi une victoire militaire historique pour les Palestiniens. La faillite morale d'Israël dans la conduite du conflit, et notamment l'utilisation de la puissance de feu de son armée sans discrimination et de manière brutale, ainsi que la veulerie et l'hypocrisie manifeste des gouvernements occidentaux resteront devant l'histoire autant de stigmates moraux qu'il leur sera difficile d'effacer.
Nous parlons ici bien sur du Fateh de l'Autorité Palestinienne habitué à une vie de faste et gangrenée par la corruption, pas le Fateh des années de braise. Cette situation était assez similaire à celle du Liban ou le Monde occidental avait accordé à Israël tout le temps nécessaire pour achever sa besogne, sauf qu'un autre élément changea la donne, notamment la pugnacité du Hizbollah qui lui infligea des pertes militaires intolérables les derniers jours surtout, et l'obligea de ce fait à conclure un cessez le feu sans condition, et sans achever de gain.
Les médias occidentaux dans la majorité des cas n'ont pas su éviter cette tendance indécente à «équilibrer» la couverture du conflit. Ainsi a-t-on vu sur certaines chaînes de TV la vision de scènes de morts de dizaines d'enfants et de femmes équilibré par la couverture d'une veillée funèbre pour un des très rares soldats tués lors d'une bataille. Un autre cas surréel est lorsqu'une scène de désolation avec des édifices éventrés et fumants avec corps et biens éparpillés au sol est mis en «parallèle» avec des témoignages de la frayeur d'enfants israéliens de la ville de Sidérot au son des sirènes d'alarme lors d'un tir de missile de la résistance.
Il est significatif que les soixante ans d'existence d'Israël sont jalonnés de massacres de populations palestiniennes et arabes en général Les massacres de Sabra et Chatila ou son armée avait soigneusement délimitée le «killing ground» pour que les Phalanges puissent fassent leur besogne de bourreaux par proxi, et la vengeance meurtrière qu'elle a exercée envers les villages du Sud Liban durant l'été 2006 sont peut-être ceux qui ont le plus marqués les consciences arabes.
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* Professeur à l'Université Mentouri, Constantine


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