L'Algérie s'est retiré de «l'Accord d'Alger» qui avait mis un terme, en juillet 2006, à la rébellion armée au nord du Mali, a relaté lundi, le quotidien privé malien, L'Indépendant, qui cite «une source officielle généralement crédible». Ce journal évoque un courrier adressé par un responsable algérien à son homologue malien, en fin de semaine dernière, l'informant du retrait de l'Algérie de l'Accord d'Alger du 4 juillet 2006. L'accord a été signé entre les représentants de l'Etat malien et des rebelles touaregs de l'Alliance démocratique du 23 Mai pour le changement ((ADC), et a permis de normaliser des rapports conflictuels entre la région malienne de Ménaka et Bamako. Le traité faisait suite au soulèvement touareg. Il a été négocié à la faveur d'une médiation algérienne salutaire. Selon ce quotidien malien, deux représentants de l'Algérie au sein du Comité de suivi de cet accord, devaient regagner Alger, hier mardi. Pour L'Indépendant, le retrait de l'Algérie dont elle a été le concepteur et dont elle était, jusque-là, le facilitateur, «constitue une étape prévisible après la libération par le Mali des quatre terroristes d'Al-Qaïda pour sauver de l'exécution le Français Pierre Camatte ». «L'Algérie se sentant dépouillée de la garantie qu'elle constituait, écrit encore ce journal, en tirera les conséquences en se retirant elle aussi de l'Accord». Ce journal précise le contexte de ce retrait qui intervient après le rappel par l'Algérie de son ambassadeur la semaine dernière. En révélant cette information faisant état du retrait de l'Algérie de l'Accord d'Alger, le journal malien ne s'empêche pas de se livrer à une virulence à l'égard des autorités algériennes et parle de représailles. «Le vrai motif du contentieux algéro-malien - qu'Alger préfère garder soigneusement sous le boisseau pour le moment - réside dans l'amélioration des relations entre le Maroc - son ennemi juré - et le Mali au double plan diplomatique (dossier du Sahara occidental) et économique (présence renforcée de grands groupes marocains au Mali)», affirme ce quotidien. La libération de l'otage français par la branche maghrébine d'Al-Qaida (AQMI), en échange de quatre terroristes libérés par les autorités maliennes, a provoqué une grave crise diplomatique entre l'Algérie et le Mali. Le grand scandale est venu de Paris. Nicolas Sarkozy avait exercé des pressions honteuses sur Bamako pour libérer les terroristes contre le relâchement d'un Français présenté comme «humanitaire» mais que d'autres sources affirment qu'il n'est rien d'autre qu'un agent espion de la DGSE. Sarkozy a, en effet, exercé des pressions durant des semaines sur le Mali où le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, avait effectué deux visites. Face à cette manœuvre dangereuse, Alger avait légitimement réagi. «La décision du Mali ne sert ni la région, ni sa stabilité, ni le combat mené contre le terrorisme», avait déclaré M. Mourad Medelci. L'Algérie et la Mauritanie ont vivement exprimé leur mécontentement à l'égard des autorités maliennes et ont rappelé leurs ambassadeurs en poste à Bamako. La libération de M. Camatte en échange de la mise en liberté de quatre islamistes (deux Algériens, un Burkinabè, un Mauritanien) qui étaient réclamés par Al-Qaïda au Mali, est en effet, un acte d'une extrême gravité. Les terroristes libérés sont, en effet, accusés d'avoir participé à des attentats sanglants à Alger (dont un avait visé le Palais du gouvernement en 2008). Le département de Medelci a dénoncé la transgression par les autorités maliennes de la convention bilatérale de coopération judiciaire qui lie les deux pays et au nom de laquelle une demande d'extradition des deux terroristes algériens libérés, Mohamed Ben Ali et Tayeb Nail, avait été formulée en septembre 2009 et réitérée durant le mois en cours. La libération «sous le prétexte fallacieux qu'ils ont été jugés et qu'ils ont purgé leurs peine (au titre de la détention provisoire) viole les résolutions (...) contraignantes du Conseil de sécurité des Nations unies et les engagements bilatéraux, régionaux et internationaux de lutte contre le terrorisme», fait valoir un communiqué du département de Medelci.