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Le père, le fils et le mauvais esprit
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 26 - 05 - 2010

A chaque fois qu'il regagne son domicile dans une grande ville de l'Ouest au retour d'une visite familiale, il quitte la route nationale pour traverser les jolies petites bourgades qu'il a toujours affectionnées.
Ces petites agglomérations qui se succèdent à l'approche de la grande ville, sont restées très rurales dans leur mode de vie, avec juste ce qu'il faut comme urbanisation pour un minimum de confort.
Les maisons en pierres et aux toits en tuiles rouges, presque toutes à un seul niveau, se sont incrustées dans la nature sans la déranger et les champs environnants continuent à employer une bonne partie des forces vives.
Les gens y vivent dans l'espace public plus que dans leurs demeures, la rue est l'écrin de leur émotion. Plus que la beauté de leur cadre, ces bourgs offrent un autre mode d'existence et de pensée.
Profitant des services du Centre Urbain, ils s'en tiennent à distance et restent imperméables à son influence malgré la proximité.
Mais la politique d'équilibre régional n'a pas épargné le charme de ces lieux paisibles, une immense usine a été implantée à l'entrée du dernier village avant la capitale régionale.
Comme une plaie grise, des bâtiments hideux en tôle et en fer se dressent au beau milieu d'un paysage verdoyant, chassant de plusieurs hectares les arbres qui, dans un très récent passé, couvaient de leurs feuilles le chemin départemental.
C'est ce chemin ombragé qu'il aime emprunter pour apaiser ses nerfs mis à rude épreuve par la conduite sur la route nationale toujours encombrée par des routiers au comportement agressif et dangereux.
Mais depuis quelques temps, la rive gauche de ce chemin a été dégarnie des arbres majestueux qui protégeaient les passants, le jour, des dards du soleil et leur communiquaient leur imposante sérénité.
Le spectacle est désormais triste, sur plusieurs centaines de mètres, derrière l'enceinte grillagée, gisent des épaves de véhicules lourds et légers et de volumineux engins. Plus loin des produits semi-finis jonchent les aires de stockage.
Cependant si l'entreposage à ciel ouvert s'étend de jour en jour, sur ces espaces battus par le vent, il n'y a pas âme qui vive. Pourtant dans ce fleuron des « industries industrialisantes », il n'y a pas loin de mille hommes à travailler.
Il ne savait pas qu'il allait, dans peu de temps, hériter de la Direction Générale de cet établissement qui est venu polluer le panorama qui l'arrache à la route nationale et lui fait faire, avec plaisir, un surplus de quelques kilomètres.
Le responsable du secteur industriel en tutelle de l'usine, qu'il avait connu sur les bancs de l'Université, l'appelle à son secours. Il lui confirme ses pressentiments sur le triste état des lieux et lui demande de prendre les rênes du complexe, transitoirement s'il ne veut pas d'un engagement définitif, pour mettre de l'ordre et relancer l'activité.
C'est ainsi qu'il se trouve, sans s'y attendre, à la tête d'un établissement dont il arbore la seule apparence.
La situation est difficile, bien plus difficile qu'il ne l'imaginait. Il mit plus d'une année à reprendre toute l'organisation, à redéfinir les missions, à délimiter les responsabilités, à clarifier les liaisons fonctionnelles, à établir les complémentarités, à mettre en réseaux les compétences…. à apprendre à ses collaborateurs à travailler ensemble sans nécessairement être les chefs les uns des autres.
La maitrise de l'outil technique lui exigea moins d'énergie et de temps que d'essayer d'imprimer un comportement industriel à un personnel majoritairement issu d'un milieu rural.
Un milieu dont les vertus, très nombreuses par ailleurs, ne profitent pas toujours aux exigences de ponctualité, d'assiduité, de précision, de diligence, de vigilance et de communication propres à la production industrielle.
Coordonner les activités du parc roulant et la mise en marche des camions et des engins, le processus d'alimentation des ateliers et le démarrage de la production effective n'a pas été chose aisée.
La maitrise du transport du personnel et le ramassage à des arrêts bien établis a permis de garantir la ponctualité des ouvriers, des agents de maitrise et de l'encadrement technique mais pour le reste du personnel les affaires ne sont pas simples.
L'encadrement administratif, commercial et financier qu'il a peiné à recruter, malgré le grand avantage que lui offre sa position à l'université tarde, à s'adapter aux impératifs de discipline que nécessite l'activité du complexe.
Il s'est donné beaucoup de mal pour les convaincre de le rejoindre et de participer au sauvetage de l'entreprise, il ne peut, par conséquent, recourir à des méthodes autoritaires pour les astreindre à la ponctualité et à l'assiduité qu'il espère. Il lui faut trouver un moyen subtil et pédagogique pour arriver à ses fins.
Alors, il eut l'idée d'ouvrir très discrètement un registre du mouvement des cadres, tenu par le premier responsable de la sécurité.
A ce dernier, il donne lui-même des consignes très strictes de discrétion et de confidentialité.
Il lui demande de noter systématiquement les arrivées, les sorties et les retours de tous les intéressés et de lui dresser une expédition par personne à la fin de chaque mois.
Le relevé des retards et des absences accompagne le bulletin de salaire au pied d'une lettre qui invite le destinataire à y trouver le récapitulatif de tous ses déplacements durant le mois, sans commentaire ni allusion à aucune suite.
Cette méthode est censée donner à réfléchir au concerné et interpeller sa conscience.
Effectivement, au bout de six mois, les choses évoluent considérablement, les relevés sont de plus en plus légers. Il ne déplore plus que quelques retards et de très rares absences.
Ainsi, il peut passer à la dernière phase de sa mission ; l'accord conclu avec son ami l'oblige à se choisir un successeur avant de prendre congé, comme il l'envisageait depuis le début.
Il étudie minutieusement, depuis plusieurs jours, les dossiers de ses plus proches collaborateurs, ils sont quasiment de même compétence, ils présentent des qualités analogues et presque les mêmes défauts.
Il a beaucoup de mal à en privilégier un ; aucun indice ne l'aide à trancher. Soudain, une idée lui vient à l'esprit, parmi les lettres qu'il envoie chaque fin de mois, il n'en a jamais signé à l'intention d'un seul de ses adjoints.
Voilà un argument décisif qui va lui permettre de conclure sa mission en beauté et remettre le sort de l'entreprise à une personne qui, en sus d'une compétence avérée, se distingue par une ponctualité et une assiduité à toute épreuve.
Il interpelle sa secrétaire pour s'assurer que le Directeur de l'Administration Générale n'a jamais été destinataire d'un relevé d'absences. Puis, rassuré, il fait convoquer son collaborateur dans son bureau et demande à n'être dérangé qu'en cas d'urgence.
La secrétaire lui a confirmé machinalement le fait après vérification de son registre du courrier-départ mais demeure toutefois perplexe. La fenêtre de son bureau donne sur l'accès principal de l'usine et elle peut voir très nettement toute personne y entrant ou en sortant, et il lui semble bien que le Directeur de l'Administration Générale est souvent en retard et qu'il quitte fréquemment les lieux pendant les heures de travail. Comment se fait-il qu'il n'a jamais été mentionné dans les rapports mensuels de la sécurité ?
Elle est en proie à ses doutes quand la secrétaire du Directeur de l'Administration Générale frappe à sa porte pour lui remettre un courrier à la signature du patron.
Elle apprend en le consultant qu'il s'agit d'un procès-verbal d'installation d'une nouvelle recrue à un poste qu'elle convoitait pour son frère.
Dépitée, elle n'est pas au bout de ses surprises et manque de tomber à la renverse en apprenant l'identité de l'heureux concurrent de son frère.
Le Chef de la Sécurité a obtenu le poste pour son fils. Son sang ne fit qu'un tour et elle comprend tout de suite pourquoi le Directeur de l'Administration Générale n'a jamais figuré sur le registre des absences.
Elle décide de s'en ouvrir immédiatement au patron et s'avance rageusement vers la porte de son bureau quand celle-ci s'ouvre pour laisser passer les deux hommes souriants. Avant qu'elle ne put ouvrir la bouche le Directeur Général, l'invite fièrement à être la première à féliciter son successeur.


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