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L'art autrement vu : le masque et l'identité
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 30 - 09 - 2010

Dans beaucoup de pays, la question de l'Identité est devenue un thème récurrent à chaque échéance électorale. Voulant aborder le sujet, je me perds dans la multiplicité des approches et je réalise que s'il n'y pas entente sur une définition, c'est que le concept n'est pas autonome.
L'Identité est une succession de rôles sociaux. Toute la vie est un long processus d'identification.L'homme nous dit Emile BOUVRAND (1) est un «être étrange qui a , pour exister, besoin du miroir de l'autre». chaque personne se distingue par l'articulation qu'elle cherche entre sa vision d'elle-même et la perception que les autres ont d'elle.
Et Pierre HARTMANN (2) nous rappelle que le terme «personne» issu du latin «persona» désigne dans cette langue le masque de théâtre. Etymologiquement la personne est un masque.
Je me rappelle alors que mon ami Lamin DOKMAN, peintre de talent et dont la notoriété a franchi nos frontières, a eu l'heureuse inspiration de réaliser des masques d'une beauté à couper le souffle. Mais au delà de leur lumineuse esthétique, ces masques, mis côte à côte, racontent avec une rare poésie le parcours que prend nécessairement toute vie humaine. Dans la joie ou la déception, dans l'angoisse ou la détermination, dans le doute ou la conviction, dans l'enthousiasme ou la lassitude, dans la colère ou le regret …. L'homme adopte des attitudes, des postures, des masques.
L'artiste a compris que le masque est un vecteur culturel, qu'il participe à l'ordre social. «L'Identité d'une personne serait le masque de sa soumission et de sa dépendance» (3).
Désormais Dokman ne permet plus au regard qui croise un masque d'être indolent ou distrait.
Il a poli, lissé, manucuré, sublimé le masque jusqu'au ravissement. Il l'a chargé d'une ubiquité excentrique et exhibitionniste.
Le masque est alors Soleil grandiloquent dans un bleu timide tiraillé par des mèches dorées qui nagent dans un blanc laiteux.
Il est un regard impérial sur le jaune verdoyant d'une histoire endormie.
Il se fond dans une flore engorgée par des fleurs à peine écloses mais qui se dressent fièrement dans leur vert paisible.
Il fait le guet dans une nature exubérante qui s'évapore lentement dans un nuage ambré.
Il est le troubadour aux couleurs confuses qui n'arrive pas à incarner l'ange bleu dont il a rêvé
Il est l'arlequin qui peine à communier avec un printemps dominant dans un jaune lumineux côtoyant un marron sage et rassurant.
Il est l'écorché vif quittant avec force un espace sombre que se disputent sans succès le vert et le bleu sous une lumière vacillante.
Il est la forme métallique qui se drape dans des feuilles persistantes aux couleurs telluriques.
Il est le visage ravagé par une peur indicible et dont la coiffure désordonnée cache mal des stigmates d'un marron et d'un bleu rougeoyants.
Il est le regard creux baignant dans des éclats jaunes et rouges, qui semblent prédire l'apocalypse.
Il est la tête engoncée dans des couleurs criardes qui trahissent un maquillage hâtif pour faire face aux sollicitations de la vie.
Mais le masque sait aussi devenir spatial et mécanique et sans se départir de son fort béguin pour le bleu, il s'articule autour de tiges en or qui cherchent à brouiller un regard déjà absent.
Il peut devenir une prêtresse aux yeux étirés à l'infini et qui émerge de ses propres racines. Elle donne le dos à un horizon rouge au dessein singulier et avance dans un halo jaunâtre souligné par le noir de son présent défait.
Il se fait frimousse espiègle et aguichante donnant libre cours aux rires de la vie dans une profusion de pétales bleues en mouvement dans une gerbe de mousse blanche.
Il sait devenir épanouissement d'une féminité qui offre son équivoque émotion, son ambivalence entre la sensualité des lèvres roses et l'autorité d'un front en acier vieilli, entre la tendresse du regard et la rigueur d'un menton qui plonge sa raideur dans une sève d'un bleu houleux .
Il est volupté d'un voile en damier irrégulier déclinant le vert dans toutes ses nuances mais qu'étrangle un ourlet bleu comme un sort écrasant de sévérité.
Il est profondeur d'une âme auréolée par des perles enfilées en tresses denses et brillantes sur une crinière abondante présage d'un avenir profus.
Il est la conscience d'une face translucide enchâssée dans des rais de lumière et étreinte par un environnement théâtralisé.
Il est l'écume d'un bonheur oublié timidement évoqué par des perles boisées sur des joues poudrées à l'excès.
Il est la caricature d'un rêve trop lointain pour émouvoir mais qui arrache encore un sourire à des lèvres d'un mauve pulpeux.
Il est le piège du mauvais mais aussi l'écrin des racines en diamant et des firmaments en fleurs de lotus .
Dokman sait tout cela et il en nourrit notre imaginaire jusqu'à la fascination .
Quand le poète s'empare de la langue des couleurs et qu'il fait de la lumière son principal témoin, il finit par trouver à la mémoire un refuge sûr dans tout regard innocent.
Mais à cette mémoire il donne de nombreux visages pour mieux préserver sa réalité. Elle ne se cache pas mais, dissimulée, elle excite la curiosité et réveille l'esprit engourdi par la routine.
C'est par le masque que passe le chemin de la vérité.
Alors s'offrir un masque est peut - être le dernier luxe qu'autorise encore une société qui a enterré sa pudeur et où la dignité ne survit que masquée.
Et Dokman a embelli à l'envi le moyen d'échapper à la servitude de l'identité.
1)- Emile BOUVRAND : Dossier thématique Université Rennes II 12007.
2)- Pierre HARTMANN : Le personnage de théâtre entre masque et travestissement.
3)- A TOURAINE :
Introduction à la sociologie Barcelone, Ariel 1978.


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