La décision du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas d'aller à l'ONU demander une reconnaissance par le Conseil de sécurité d'un Etat palestinien indépendant et 'libre'' de toute tutelle d'Israël a fait 'mouche''. Elle a touché directement les appuis autoproclamés de la paix au PO, mais surtout mis à nu les leçons de démocratie des grandes puissances, qui ont fait de cette décennie celle de la lutte contre le terrorisme. Si les Etats-Unis, en pleine pré-campagne électorale, sont gênés par la démarche du président palestinien, qui veut pour ainsi dire faire le forcing au niveau des Nations unies, les Européens ont par contre brillé par leur indifférence face à l'une des plus vieilles questions du Moyen-Orient: une si difficile paix dans une région d'où est pompée près de 45% de la production mondiale de pétrole. Et, pourtant, ils ne se sont pas privés d'intervenir militairement en Libye sous le couvert de la démocratie et l'aide au peuple libyen opprimé. En Palestine, ils préfèrent, par contre, fermer les yeux, et faire prévaloir souvent la carte du veto. Les Etats-Unis voudraient, eux, bien gérer ce dossier, mais au niveau bilatéral, c'est-à-dire la poursuite des négociations de paix entre les Palestiniens et les Israéliens, sous leurs auspices, bien entendu. Une stratégie qui dure et exaspère les Palestiniens, qui voudraient, en allant porter la question de la reconnaissance d'un Etat indépendant devant l'ONU, mettre tout le monde devant ses responsabilités. Les Etats-Unis au premier chef, puisqu'ils parrainent depuis 1947 tout ce qui se rapporte à l'Etat sioniste. Lequel, bien entendu, n'accepte pas la démarche d'Abou Mazen et menace. Israël sera à l'ONU le 23 septembre lors du dépôt de la demande palestinienne. Et, sur ce registre, le PM israélien ne s'embarrasse pas de précautions en annonçant publiquement qu'il va partir à New York pour saborder la demande palestinienne, en lançant que son voyage vise notamment à faire en sorte que la tentative (des Palestiniens) de contourner des négociations directes échoue au Conseil de sécurité. Clair, net et précis. Et ceci dure depuis des décennies, avec la bénédiction des Européens et Américains qui ne pensent au MO que sous le prisme du défi énergétique, et plus précisément des réserves pétrolières du Golfe. Il est évident que la démarche de Abbas recontextualise de nouveau les enjeux au PO, avec la nouvelle donne du terrorisme, et met à mal les soutiens d'Israël qui ne voudraient surtout pas, en ce moment, d'une détérioration de la situation dans la région, avec l'instabilité qui pointe en Syrie et les effets géopolitiques du Printemps arabe, qui a déjà mis en place un pouvoir pas forcément proche des Etats-Unis et qui a déjà signifié à Israël les nouvelles limites à ne pas franchir avec l'épisode du renvoi de l'ambassadeur israélien au Caire. Pour autant, la demande palestinienne à l'ONU pour la reconnaissance d'un Etat indépendant sera sans nul doute fortement soutenue, particulièrement par l'Algérie, qui a toujours été aux côtés du peuple et de la cause palestinienne. M. Medelci, qui sera présent à Manhattan, va appuyer la position des Palestiniens, fatigués de palabres qui n'ont jusqu'à présent rien donné, à part renforcer davantage la mainmise des Israéliens sur les terres palestiniennes et légitimer le terrorisme d'Etat des sionistes. Et, pour une fois depuis longtemps, Abou Mazen replonge dans la bataille pour les droits légitimes des Palestiniens à avoir leur propre Etat.