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PASSIONS D'ALGERIE
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 22 - 12 - 2016


Livres
L'Ecrivain. Une enfance algérienne. Roman (Mémoires) de Yasmina Khadra. Editions Julliard (Pocket), Paris 2001, 2010 et 2016, 286 pages, 550 dinars.
On ne connaît (très) bien un écrivain (romancier, essayiste, poète...) et son œuvre qu'après avoir (très) bien connu son parcours, et tout particulièrement tout ce qui lui a permis de grandir, de se développer puis de «créer». Ou tout ce qui a contrecarré son évolution. La période de l'enfance et celle de la prime jeunesse sont, peut-être, les plus riches... en informations.
Donc, on ne peut saisir le style et le caractère de Yasmina Khadra qu'en connaissant ce que fut l'enfant et le jeune Moulessehoul Mohammed.
Adoré de son père (un officier de l'ANP) et l'adorant, ayant une enfance presque heureuse à Oran, au sein d'une famille heureuse bien que pas très unie (le père est un coureur de jupons), il est «jeté» dans une des premières écoles des cadets de la Révolution, celle de Tlemcen (avec pour commandant de l'école le capitaine Abbas Gheziael). Une école où les gamins (fils de chouhada, fils de militaires ou de très proches de militaires) sont, au nom de la Révolution, élevés «à la dure» au rythme d'une véritable caserne, au départ avec des moyens comptés («Une vie insipide, plus proche de l'élevage que de l'éducation; l'apprentissage par excellence du renoncement»). Les rapports avec le père se distendent, d'autant qu'il ne cache plus ses (re-)mariages.
Après Tlemcen, et après la réussite à l'examen de sixième, c'est le départ pour l'école de Koléa («Matricule 129»)... qui prépare au bac et à la carrière d'officier. Ce qui restait de bons rapports avec le père s'envole (tout en préservant le minimum de respect dû au géniteur... et à la hiérarchie) avec un autre (re-)mariage et le divorce avec la mère et pis encore l'expulsion (par le père) de la villa alors occupée par la famille. Une vie difficile s'annonce pour la famille abandonnée.
Heureusement, il y a les copains des écoles (il y a, d'ailleurs, aujourd'hui encore chez les anciens, un véritable esprit «cadets de la Révolution», à l'image des énarques à un autre niveau). Heureusement, il y a des enseignants (algériens et/ou étrangers) compréhensifs et formateurs, sachant découvrir les intelligences et éveiller les esprits... à autre chose que la discipline militaire. Grâce à eux (amis, comme Ghalmi, et enseignants, comme Mme Jarosz), et à la lecture des classiques de la littérature universelle et nationale (ce qui était disponible !), le sens littéraire du jeune Mohammed, «l'émotif, l'écorché vif, immédiatement interpellé par les sujets tristes») va exploser («premier texte en prose récompensé en 1966»)... ce qui ne plaît pas tant à certains «supérieurs» trouvant toujours «anguille sous roche» chez celui qui pense, allant parfois jusqu'à réprimer sévèrement et injustement. Heureusement, il a rencontré (quel hasard !)... à la caserne, Slimane Benaïssa qui montrait une pièce avec et pour les militaires... et, devinez, Houari Boumediène (quel hasard !), en visite anonyme à Koléa. Il l'avait encouragé à continuer à écrire («Un poète parmi nous, n'est-ce pas merveilleux ?»)... Et il a croisé... Saïd Makhloufi (du FIS-dissous). Après la réussite au bac... Mais c'est, ici, une tout autre histoire.
L'auteur: Né en janvier 1955 à Kenadsa, élève de l'Ecole des cadets de la Révolution, ancien officier de l'Armée nationale populaire, Yasmina Khadra, de son vrai nom Moulessehoul Mohammed, est, aujourd'hui, un écrivain très connu. Lu dans des dizaines de pays, il est traduit en plusieurs langues. Il a à son actif plus d'une trentaine d'œuvres dont deux sont autobiographiques («L'Ecrivain» en 2001, «L'imposture des mots» en 2002). La plupart sont des romans dont certains ont été adaptés au cinéma comme «Morituri», «L'Attentat», «Ce que le jour doit à la nuit» et «Les hirondelles de Kaboul» et au théâtre et même en bandes dessinées... ceci sans parler des ouvrages (dont des romans policiers) publiés sous pseudonyme au milieu des années 80 et au tout début des années 90, inventant même un personnage fameux, celui du Commissaire Llob («Le Dingue au bistouri» et «La foire aux Enfoirés»). A noter qu'il a co-signé, aussi, des scénarii de films... qu'il a été un certain temps directeur du Centre culturel algérien à Paris... et qu'il a même tenté une courte «aventure» politique lors des dernières présidentielles !
Extraits: «Aucune force ne peut retenir un enfant qui court retrouver sa famille. Surtout lorsqu'il sait que les retrouvailles ne durent que l'espace d'une accolade»(p 45)
Avis : Présenté à titre exceptionnel... Avant de lire Yasmina Khadra, lisez cet ouvrage... pour mieux comprendre sa «mégalomanie», son caractère difficile (il assume) mais aussi son humanité et son humanisme et... ses «déchirements» internes, tous expliqués. Vous allez, aussi, enrichir votre français... et pour les apprentis écrivains, trouver, peut-être, la formule.
Citations: «Croire en quelque chose, c'est d'abord et surtout ne jamais renoncer»(p 128), «Si la cupidité durcit le cœur, la famine le fossilise»(p 2016), «Dans l'institution militaire, ce qui n'est pas à l'ordre du jour est désordre, donc à réprimer impérativement»(p 234), «L'armée, chez nous ou ailleurs, est le cimetière des arts et des lettres. On ne peut pas écrire avec l'épée de Damoclès suspendue sur la nuque»(p 272)
Quatre nuances de France, quatre passions d'Algérie. Essai de Rachid Arhab, Karim Bouhassoun, Xavier Driencourt, Nacer Safer (préface de Jean-Louis Debré. Avant-propos de Jean-Pierre Chevènement). Editions Frantz Fanon, 2016. 270 pages, 900 dinars.
Un ancien ambassadeur de France à Alger, catholique pratiquant, un sans-papiers venu d'Algérie il y a plus d'une décennie, un enfant de banlieue devenu conseiller technique et qui, lui, a acquis la double nationalité, française et algérienne, après avoir découvert le pays de ses ancêtres... et un journaliste célèbre d'origine algérienne mais Français de nationalité. Des rencontres, des discussions, des voyages en pays profond, et cela a donné un livre écrit, écrit à quatre mains et à quatre voix, à la veille des attentats du 13 novembre 2015. Par quatre personnes venues de formations et d'horizons différents mais, peu à peu, liés par une amitié sincère et fraternelle.
Une véritable contre-histoire de France «dans un pays qui doute de lui-même, de son identité, de ses lendemains» (R. Arhab)... Un «voyage ensemble», mais aussi un puzzle «construit à quatre, chacun détenant plusieurs morceaux». Immigration, identité nationale, (bi-) nationalité, intégration, laïcité, islam, l'Algérie profonde... Tous les sujets sensibles. Tout y passe.
Ils nous entraînent à mieux connaître la France, pas toute la France, pas la France «réelle», celle de la pleine propriété, rancunière, oublieuse du passé colonialiste bien noir de certains de ses pères, raciste même, excluant toute idée de copropriété, mais celle de «Liberté, Egalité, Fraternité» sûrement. Ce qui est sûr, c'est que Rachid Arhab est devenu «plus diplomate», Xavier «plus à l'écoute», Karion a changé et Nacer comprend mieux les positions des uns et des autres. S'entendre et se respecter... une belle leçon pour les partis politiques.
Les auteurs:
- Rachid Arhab est né en Algérie en 1955. Journaliste de formation, il a été présentateur sur France 2 et grand reporter. Membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel durant six ans. Né Français, devenu Algérien puis redevenu Français, en 1992, sans être Algérien.
- Karim Bouhassoun, 35 ans, est Français de naissance. Diplômé de Sciences-po Paris, il est fonctionnaire au Conseil régional de Franche-Comté à Besançon.
- Xavier Driencourt, 60 ans, Français de souche, catholique pratiquant, inspecteur général au Quai d'Orsay, ancien ambassadeur de France en Algérie (2008-2012).
- Nacer Safer, 37 ans, Algérien sans-papiers durant douze ans. Régularisé par la suite.
Extraits: «Il y a trop d'excès et de facilité avec la double nationalité: ici Français, là Algérien, ailleurs Australien ou Marocain.
On ne prend jamais le «menu complet» mais on choisit à la carte les avantages de chaque nationalité» (R. Arhab, p 79), «Il est faux de dire que l'on peut indiféremment être attaché à deux Etats et servir deux pays. On aime un pays, son histoire, on s'identifie à son avenir, on souhaite être un acteur (et non un simple spectateur) du pays dont on a la nationalité»(R. Arhab, p 79).
Avis : Destiné surtout aux Français de souche et d'adoption... ainsi qu'aux candidats à la «harga».
Citations: «L'Islam en tant que tel n'est pas un problème. Mais, c'est plutôt son assimiliation et son acceptation qui constituent un véritable défi»(pp 99 et 100), «Les banlieues, c'est comme un ‘archipel urbain' que personne ne revendique»(p 130), «Etre libre, c'est créer des richesses, des services, être utile, créer, rencontrer, vivre ses rêves»(R. Arhab, p 150), «L'Algérie et la France sont un vieux couple séparé mais qui doit garder des liens, pour ne pas laisser à l'abandon tous ses nombreux enfants»(p 215)
Sous le pavillon des Raïs. Roman de Amèle El Mahdi. Casbah Editions, Alger 2016, 188 pages, 800 dinars.
L'histoire d'El-Djazaïr, racontée (en diagonale et romancée)... par ce qui fait fantasmer le peuple d'Alger depuis quelques décennies... le fameux canon «Baba Merzoug», actuellement en «otage» à Brest, avec sur sa bouche pointée vers le haut, un coq gaulois («né» en 1542 - an 949 de l‘hégire -... de père Vénitien, Sebastine Cor Nora).
Le plus grand canon de fonte de l'époque et qui ne sera égalé par aucun autre (sept mètres de long, douze tonnes de poids, près de 5 kilomètres de portée et des boulets de 60 kilos). El-Djazaïr devint, durant près de trois siècles, El-Mahroussa.
Mais, seulement un pan de l'histoire d'Alger entre le XVIe et le XIXe siècles. A partir du «règne» de Aroudj Barberousse qui s'autoproclama sultan (roi) d'El-Djazaïr après avoir «éliminé» le prince Selim Ettoumi. «Occupation», «Présence»... c'est un peu pour effacer ces termes estimés partiaux et subjectifs par beaucoup qu'on se contentera, avec l'auteure, du noble terme de «Régence» ottomane; le premier «Beyler-bey» étant Kheireddine Barberouse. Une ville convoitée par ses richesses (les butins entreposés au fil des ans par les corsaires et leurs chefs: les derniers occupants avaient «exporté» vers la France 62 tonnes d'or, 241 tonnes d'argent et une quantité considérable de bijoux, de pierreries...), crainte parce qu'elle servait de refuge, quasi imprenable et, disait-on, protégée par la «baraka» de ses nombreux saints (Charles Quint en sut quelque chose), a des corsaires redoutables ne facilitant pas la navigation maritime commerciale en Méditerranée des pays du Nord, mais haïe pour sa pratique d'abord de la religion musulmane mais aussi de l'esclavage (qui, d'ailleurs, était pratiqué par bien des pays du nord de la Méditerranée). El-Djazaïr comptait, un certain moment, jusqu'à six bagnes et trente mille captifs chrétiens.
L'auteure: ancienne professeure de mathématiques, elle se consacre aujourd'hui à l'écriture. Déjà auteure de deux romans, d'un conte fantastique et d'un livre de contes pour enfants. Une habituée de Casbah Editions.
Extraits: «La guerre est-elle moins laide si elle faite avec de belles armes ? La mort n'est-elle pas plus hideuse si elle est provoquée par un pistolet en or ? Ou bien le sang n'est-il pas plus aussi rouge si c'est un yatagan incrusté de diamants qui le fait couler ?».(p 52)
Avis : Une partie de l'histoire d'Alger romancée... assez (trop ?) positive.
Citations: «L'histoire des nations aussi puissantes soient-elles, ne diffère pas tellement de celles des petites gens»(p 85), «Ce sont le malheur et le dénouement qui révèlent ce qu'il y a de meilleur dans l'être humain»(p 127)
PS: C'est la période des «classements» internationaux 2016.
- Celui de l'UIT concernant le niveau de développement des TIC et des télécommunications: l'Algérie est classée à la 103e place mondiale sur 175 pays et à la 8e africaine (après Maurice, les Seychelles, l'Afrique du Sud, la Tunisie, le Maroc, le Cap Vert et l'Egypte) sur 46 pays. Point faible, l'absence du contenu local.
- Celui de RSF sur la liberté de la presse: l'Algérie est classée 129e mondiale (119e en 2015)... devant le Maroc, 131e mais après la Tunisie 96e. Un classement établi avant le décès de Mohamed Tamalt. Note: selon le CPI, 259 journalistes sont emprisonnés dont 81 en Turquie et selon RSF, 52 journalistes sont retenus en otages.
- Celui de WEF sur la consommation des ménages: les ménages algériens consacrent 42,5% de leurs revenus à l'achat de nouriture (6,4% pour les ménages américains).


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