La ville de Nedroma ou «Petit Tlemcen» conserve toujours sa personnalité de «ville précoloniale», comme le disait le professeur Djilali Sari. Ce haut lieu de mémoire, gardant les traces de l'empire almohade au passé spécifique, est une ville magnifique, telle qu'on l'aperçoit des hauteurs des Traras en arrivant de Tlemcen sur la route qui traverse Aïn Kébira et Sidi Moussa. Sa consœur, Honaine, la ville voisine, est située à mi-chemin dans les confins des monts des Traras qui se dressent majestueusement sur les rivages de la Méditerranée. Il faut le souligner, l'histoire de la fondation de ces deux villes historiques de Nedroma et Honaine est étroitement liée à celle de l'empire almohade fondé au début du XXIIe siècle, dont est issue la dynastie éponyme d'origine berbère qui gouverne le Maghreb et Al-Andalous entre le milieu du XIIe siècle et le XIIIe siècle. Selon les historiens, le mouvement religieux des Almohades est fondé vers 1120 par Mohammed ibn Toumert, qui se soulève contre les Almoravides. Mohammed ibn Toumert était un Berbère né vers 1080 à Igilliz dans la tribu des Hargas, au versant septentrional de l'Anti-Atlas. Il était le fils du chef de ce village amghar. Quant à Abd al-Moumen ibn Ali, son disciple, c'est un Zénète, fils d'un potier du village de Tadjra, localité située au nord-est de Tlemcen, près de la ville de Nedroma. Ibn Toumert fut chassé par la population de Béjaïa, en raison des troubles qu'il y engendrait, et se réfugia à proximité dans la zaouïa de Mellala, rassemblant autour de lui des disciples dont Abd al-Moumen, qui étudiait alors à Béjaïa, capitale hammadide, où il était parti chercher la science. L'empire almohade va s'étendre de la Libye actuelle et eut pour capitale Marrakech, où les Almoravides (Mourabitoun) étaient au pouvoir. Les Almohades prirent Marrakech des mains des Almoravides en 1147, puis conquièrent le Maghreb central hammadide, l'Ifriqiya (alors morcelée depuis la chute des Zirides) et leTaifas. Ainsi, le Maghreb et l'Al-Andalous sont entièrement sous domination almohade à partir de 1172. Ainsi, Nedroma et Honaine partagent le même passé durant le Moyen Age. Ces anciennes villes gardent aujourd'hui les mêmes structures citadines propres à la médina, caractérisée par l'artisanat et le commerce et centrée sur le culte et les souks. Toutes les maisons traditionnelles ne sont pas des palais, mais toutes contribuent à la richesse de la médina et son architecture et doivent être considérées à la fois comme lieu de résidence et comme patrimoine historique. Selon un architecte de Tlemcen, ces deux villes sont toutes les deux resserrées autour de leurs mosquées, bien délimitées dans leurs remparts même si ceux-ci étaient en partie détruits. On parcourait ses ruelles étroites qui rayonnaient à partir des mosquées almohades et se distribuaient en plusieurs quartiers. Aujourd'hui, Ces deux agglomérations abritent des quartiers nouveaux qui contrastent avec les autres quartiers plus anciens réunis à l'intérieur et autour de remparts grandioses. Nedroma et Honaine demeurent aujourd'hui un lieu de mémoire important. Leurs passés historiques sont visibles dans leurs vieilles mosquées, leurs remparts et monuments historiques, leurs architectures et leurs traditions, leurs savoirs et leurs mythes, ainsi que les divers vestiges. Les générations à venir doivent savoir que Nedroma et Honaine ont un passé derrière elles, un passé dont elles peuvent s'enorgueillir et sur lequel elles peuvent construire leur avenir.