Le Président Tebboune a promis une loi, dès les prochaines semaines, contre les spéculateurs qui sucent le sang des Algériens. Jusqu'à trente ans de prison ferme, voire la peine à perpétuité, a menacé le Raïs. C'est que le pays continue à prendre un plaisir maso à voguer au gré de la cryptothéorie du petit bonheur la chance, un peu comme ce médecin qui meurt en oubliant de prendre les médicaments qu'il s'est lui-même prescrits. Sinon, comment chasser de nos esprits tourmentés, cette peur «atavique» de se retrouver comme ce pêcheur chargé de faire traverser d'une rive à une autre un loup affamé, avec à ses côtés immédiats un mouton effarouché, et une botte de foin, sachant que sa felouque vermoulue n'est capable de supporter le poids que d'un seul «passager» ? Dans une sorte de dangereuse jonction, de plus en plus insupportable, d'événements où se mêlent le préfabriqué, le cousu de fil blanc, le mauvais augure, le coup «ourdi», ou encore cette «néo-mode» pyromane du lait volontairement abandonné sur le feu, les Algériens, pêle-mêle des salonnards jusqu'aux persifleurs de vent détourné, en passant par le vendeur de patate pourrie, triste vérité de La Palisse que de dire que le temps n'est plus (jamais !) à l'énoncé des intentions, ni encore moins aux ingrédients pseudo-politiques aux contours mal perçus ou mal compris par une population qui a besoin, d'abord, des bienfaits d'une douche froide pour se débarrasser de ses propres démons. Parce que l'Algérie des superlatifs, comme un arbre en fin de vie, ne peut pas cacher la grande forêt de l'arrière-pays profond, adossé au sous-développement hideux, la gestion «hors norme» du pays le fait ressembler à une gigantesque machine en panne, que d'aucuns cherchent à réparer avec de simples invocations, des mains levées vers le ciel, voire avec des plans laborieusement tirés sur la comète. Un peu comme un homme qui a mal à la tête, peut-on valablement lui administrer un placebo quand son mal nécessite le bistouri, et sa guérison une bonne dose de baraka ? Si certains, dans la vie d'ici-bas, ne veulent pas voler le Temps au temps, d'autres veulent faire valoir leur droit à la paresse, dans un pays qui ne produit plus de l'huile de coude depuis très longtemps déjà. L'on se souvient d'un certain Paul Lafarge qui avait mis fin à sa vie, de peur de devenir une charge pour les autres, c'est-à-dire pour ceux qui travaillent. Au nom d'une philosophie toute particulière, celle de disposer de son temps comme on l'entend, la meilleure solution pour le pays ne serait-elle pas respecter le temps des autres et régler sa propre horloge à la vingt-cinquième heure ? Assurément, qu'est-ce que «longtemps» pour une vie d'homme ?