Les responsables de Renault n'ont certainement pas lésiné sur les moyens, en ce début de février, pour faire connaître et apprécier la nouvelle Mégane et les ambitions de la gamme aux consommateurs algériens. C'est dans le cadre enchanteur de Nice et de Cannes que la presse algérienne spécialisée a pu tâter le pouls de la New Mégane de la marque française. Nouvelle ? Pas tellement puisqu'il s'agit de se mettre au volant d'une berline légèrement restylée par rapport à ses devancières qui avaient soulevé la passion des acquéreurs grâce à un « look » extraordinairement futuriste et qui, dit-on, n'a pas encore fait son temps. Mokhtar Mahdjoub, directeur de la communication de Renault Algérie et accompagnateur tout dévoué aux hommes de la presse nationale qui avait faient le déplacement, tentait à tue-tête de vanter les mérites de ce produit aux journalistes spécialisés algériens : « Quand vous la conduirez, croyez-moi, vous l'apprécierez tellement que dès votre retour vos véhicules habituels vous donneront la sensation de vieilleries inconfortables. » M. Mahdjoub aurait pu faire assurément un excellent vendeur... En fait, la nouvelle Mégane s'est vu subir un léger changement par rapport à ses sœurs au niveau de la carrosserie (petite chirurgie à l'avant et à l'arrière) probablement pour davantage la redynamiser. Idem de la calandre, des phares, des antibrouillards, des jantes et des enjoliveurs qui lui donnent, allez osons le mot, un rajeunissement ciblé par les concepteurs. Leader absolu L'enrichissement de ce produit tel que décrit dans la conférence de presse, d'avant-essai du directeur des projets de Renault, a touché aussi bien à la mécanique, à la motorisation qu'aux équipements. « La Mégane est leader dans sa catégorie avec 2,4 millions d'unités vendues dans le monde, notamment dans 75 pays hors Europe occidentale », a-t-il déclaré, précisant que cette berline a occupé la première place des ventes dans sa catégorie en 2003, 2004 et 2005. Et la nouvelle Mégane 2.0 DCI de 150 ch, en dehors de ses aspects de confort et de visibilité, est une mécanique haut de gamme qui la place parmi l'élite de la catégorie. Dès les premiers kilomètres esquissés sur l'asphalte niçois, la sensation de puissance s'allie déjà à l'équilibre général en vitesse stabilisée. La motorisation est étonnamment silencieuse pour une diesel, et l'insonorisation à l'intérieur de l'habitacle n'a rien à envier aux congénères de la gamme propulsée par des moteurs à essence. La qualité du bruit de la nouvelle Mégane DCI n'impose pas de contraintes, même en régime ralenti, et la pollution de l'atmosphère environnante, nous a-t-on affirmé, est circonscrite dans le giron de la nullité. C'est que Renault impose à tous les diesels les nouvelles normes anti-pollution Euro 4 sans se départir de ses propensions à la faire monter en puissance. Avec ses 150 ch, ce nouveau 2.0 DCI renferme sous son capot un équipement motorisé respectable et respecté, fruit de l'étroit échange d'expérience (désormais plus accru) entre Renault et Nissan. Que ce soit au démarrage ou en vitesse de croisière, les cliquetis propres au diesel n'y sont pas perceptibles, même si la nouvelle Mégane apparaît moins nerveuse que ses camarades dans la gamme des moteurs à essence. Au pied d'une côte abrupte, entamée en régime inférieur (3e vitesse), la berline nous a menés sans esquisser le moindre râle, presque élégamment, jusqu'au sommet en maintenant une insonorisation remarquable et un confort de conduite agréable. Silence, vitesse et souplesse C'est une super compacte diesel qui allie à la fois le silence paradoxal de sa puissance, la vivacité liée à sa conception dynamique et la douceur de son « cockpit » qui rendront la vie à bord « comme à la maison ». Côté base roulante, la nouvelle Mégane n'a pas connu de corrections majeures au niveau de la précision de conduite. Le volant reste sobre et la souplesse de roulage légèrement rigide par rapport à ses autres concurrentes, asiatiques en particulier. Le conducteur, accessoire d'un moment que j'étais, a trouvé la direction à assistance électrique un peu rude, heureusement atténuée par des suspensions remarquables dans les virages prononcés de la capitale azuréenne ou à grande vitesse sur l'autoroute Nice-Cannes et retour (25 km). Un autre point positif à mettre au tableau de cette Mégane 2006, la vivacité de ses relances (qu'on appelle chez nous la reprise), très accentuée par la turbo qui lui font endosser des performances remarquables en matière de rattrapage d'un rythme souhaité. Le 2.0 DCI grimpe alors avec agilité à une vitesse de palier pour rattraper les secondes perdues quand il s'agit, sur autoroute, de s'accrocher aux basques d'une grosse cylindrée par exemple. Poussée alors au maximum concevable de sa vitesse, la Mégane n'a aucune peine de s'arrêter en cas d'obstacle visible. Son système de freinage est remarquablement dosé et efficace en terrain sec. A 50 km/h, elle s'arrête sur 8 mètres, sur 28 mètres à 100 km/h et s'immobilise après 65 mètres à 130 km/h. Son ABS est donc d'une efficacité salutaire en cas de pépin inopiné. Dans cette courte idylle niçoise de l'homme et de la machine, les aspects négatifs que nous avons relevés, au-delà de la dureté relative de sa conduite assistée, ont trait à l'exiguïté de ses sièges arrière, à la rudesse du fauteuil du conducteur et surtout à sa consommation élevée de carburant qui est un élément important de non-achat pour les bourses moyennes. En effet, les essais spécialisés donnent à la Mégane une consommation aux 100 km de 6,6 litres sur route, 7,2 litres sur autoroute et 8,2 litres en ville, ce que d'aucuns trouveront excessif pour le segment de cette berline par ailleurs très attirante et aguichante pour tous ses autres équipements haut de gamme. Avec son design légèrement revu et corrigé et sa multitude de rangement, la Mégane offre également d'autres atouts. ABS et airbags, régulateur et limitation de vitesse, phares et essuie-glace, automatiques, radar de recul, antibrouillards, surveillance de pression des pneus, climatisation, jantes alliages. Bref, tout est de série ou presque. Le prix ? Les éventuels acquéreurs devront patienter jusqu'au milieu du 2e trimestre (probablement au mois de mai) pour connaître le prix de cette nouvelle Mégane. Mais comparativement au tarif pratiqué en France (25 500 euros), il semble que cette petite merveille devrait s'adresser à une clientèle élitiste. Mais gageons que nombreux parmi les amoureux de la marque au losange pensent qu'une aussi belle voiture, aussi complète et aussi généreuse, vaut bien un petit effort financier. Mokhtar Mahdjoub, notre accompagnateur, a su lire le plaisir dans nos yeux lorsque le système de navigation (GPS) incrusté à bord nous a ramenés comme un petit enfant, égaré dans les dédales d'une ville que nous découvrions à peine, jusqu'à notre parking de départ dans la banlieue niçoise. « Qu'est-ce que je vous disais ? Désormais, vous ne rêverez plus que de cette ensorceleuse nouvelle Mégane 2006 », soutient-il avec le sourire malicieux de celui qui vient d'inoculer le virus et qui, plaisante-t-on dans le milieu de la presse automobile nationale, est capable de vendre une Renault à l'inspecteur Colombo...
