Les dirigeants israéliens sont en train de crédibiliser la démarche palestinienne auprès de l'ONU afin d'obtenir le statut d'Etat observateur non membre et même d'en faire une menace. Et même la pire d'entre toutes, alors même qu'ils disent être en faveur de la création d'un Etat palestinien et qu'ils en ont même négocié les termes avec la direction palestinienne. L'Autorité palestinienne, mise en place en 1996, est justement le résultat de ces pourparlers et, n'était le blocage israélien, une telle instance avait un caractère provisoire, avec des attributions limitées et une durée d'existence qui ne devait pas excéder dix années avant de disparaître au profit de l'Etat palestinien en question. Ce qui explique alors l'agitation dont ils font preuve depuis, à vrai dire, l'année dernière, quand la direction palestinienne s'était déjà adressée au Conseil de sécurité pour le même objectif. On connaît la réponse – négative bien entendu –, mais celle-ci ne les a pas dissuadés, quand bien même le gain paraissait infime. «La Palestine a déjà le statut d'observateur», disait-on alors, même si c'est l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui en occupe le siège depuis 1974. Décidés à y aller, les Palestiniens ont déjà suscité le mécontentement des Etats-Unis et, depuis peu, les plus fortes menaces israéliennes contenues dans un document officiel. Des représailles bien entendu et pas n'importe lesquelles. Le vide, ou encore le néant s'agissant de liquider la direction palestinienne, ou plus précisément l'Autorité palestinienne, quand bien même elle sert d'alibi et que même les Palestiniens, jusque et y compris dans les plus hautes sphères, considèrent comme telle. Certains n'hésitent pas à demander sa disparition, alors même que les organisations internationales et des personnalités avisées mettent en garde contre le chaos qu'engendrerait un effondrement des institutions palestiniennes. Pourtant, le ministre israélien des Affaires étrangères n'hésite pas à y aller et demande le renversement du président palestinien Mahmoud Abbas en cas de succès de la demande d'élévation du statut de la Palestine à l'ONU à la fin du mois, selon un document d'orientation politique révélé hier. «Renverser le régime d'Abou Mazen (Mahmoud Abbas) serait la seule option dans ce cas», affirme ce projet de document. Ce ministre avait déjà prévenu, le 24 octobre, lors d'une rencontre avec la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, que si les Palestiniens «persistaient dans ce projet (il) ferait en sorte que l'Autorité palestinienne s'effondre». Le président Abbas a annoncé lundi soir que la demande de rehaussement du statut palestinien serait présentée à l'Assemblée générale de l'ONU le 29 novembre au nom de l'OLP. Les responsables palestiniens ont affirmé être prêts à affronter les conséquences de la démarche à l'ONU. Il y a un abcès à crever et, de toutes les façons, ils n'ont absolument rien à perdre. Cela fait plus de 20 ans qu'ils négocient avec Israël et la réponse de ce dernier était de mettre fin graduellement, mais de manière constante et résolue, au principe de départ qui est celui de la solution à deux Etats. D'ailleurs, de nombreux dirigeants palestiniens ont fini par déclarer qu'ils étaient prêts à accepter une solution dans le cadre d'un seul Etat. Pour avoir éprouvé toute la politique israélienne, les Palestiniens ont décidé de ne plus reculer. Leurs territoires sont des prisons et ils sont en tous points dépendants de l'administration israélienne. Abou Mazen a pris, lui aussi, l'exacte mesure de ses prérogatives et c'est tout juste s'il a pu échapper, jusque-là, aux accusations les plus infâmantes que les Palestiniens pourraient prononcer à son égard. Son parcours plaide pour lui. Mais nul doute qu'Israël ne gagnera pas quoi que ce soit dans le cas d'un effondrement de l'Autorité palestinienne. Sauf si plan israélien ne vise que Abou Mazen. Qui des Palestiniens acceptera alors de prendre sa place ?