Algérie cinquante ans après : la part du droit, tel est le titre de l'ouvrage en deux tomes paru aux éditions Ajed et coordonné par le professeur Walid Laggoune, enseignant à la faculté de droit et expert. D'entrée, l'auteur annonce la couleur. Dans une société algérienne où l'aspiration à un «Etat de droit» paraît presque consensuelle entre institutions, classe politique, acteurs sociaux, le droit peut-il demeurer au-dessus de tout questionnement ? 50 ans, c'est plus que l'âge mûr en tous cas, assez pour tenter de revisiter la fabrique du droit algérien, comme le souligne M. Laggoune, qui estime que «c'est le moment de mettre en évidence les contraintes et facteurs qui perturbent encore sa cohérence interne et une mise en œuvre plus harmonieuse de son contenu». M. Laggoune nous renvoie au débat juridique initié par le doyen Ahmed Mahiou, il y a 30 ans, soulevant cette lancinante question : «rupture ou continuité du droit antérieur ?» Quid de la construction de «l'Etat nation», d'une véritable citoyenneté, de l'action publique face au droit. Le volontarisme juridique, est-il écrit dans l'avant-propos juridique, «a fini par introduire au regard de ses rythmes et temps une mobilité préjudiciable à la règle de droit censée pourtant fixer les principes». Une fournée de contributions tout aussi riches les unes que les autres composent cet ouvrage. On citera Nouredine Saâdi, maître de conférences à l'université d'Artois, qui s'est penché sur le thème «Tocqueville et l'Algérie, le libéral et le colonial», «Réflexions sur le service public colonial» de Mohamed Boussoumah, professeur de droit à Ben Aknoun. L'autre professeur à l'université de Picardie, Nadir Marouf, a développé le thème de «La litigiosité en matière foncière et précédent colonial en Algérie», Messaoud Mentri, professeur de droit à l'université de Annaba, évoque «La question de l'applicabilité du droit international humanitaire durant la guerre d'Algérie». Mohamed Abdelwahab Bekhechi, professeur des universités, a développé le thème des «Variations autour d'un demi-siècle de production juridique algérienne». Ghenima Lahlou-Khiar, professeur à Alger, a traité du «Droit civil algérien qui reste à construire», «Le contrat en droit algérien» est disséqué par le professeur Ali Bencheneb, ancien recteur d'académie. D'autres contributions tout aussi intéressantes composent les deux tomes, dont certaines sont traduites en langue nationale. La part du droit, un ouvrage collectif d'une grande importance qui nous éclaire sur bien des points en ces moments troubles… Walid Laggoune doit être vivement remercié pour avoir pu nous livrer ce document.