Cela s'est vérifié encore samedi sur la grande scène d'Oujda, où des milliers de fans ont chanté à l'unisson Nahla chama, Synia, Ya bani inssan ou encore Allah ya moulana et vibré aux rythmes d'airs entraînants et mélancoliques. «Sa force de frappe est restée intacte et ses chansons toujours aussi ancrées dans la réalité sociale», fait remarquer un journaliste casablancais, fan invétéré de Nass El Ghiwane, Omar Sayed, leader du groupe depuis la disparition de Boujmîa et de Larbi Batma, n'a pas caché samedi sa joie de renouer avec l'ambiance festive d'Oujda. «Le public de Oujda est très sympathique et accueillant», a-t-il déclaré après son passage sur scène, soulignant que «la chanson raï a le souffle long et réussit toujours à se régénérer et à surprendre son public». Nass El Ghiwane s'est constitué dans les années 1970 à Casablanca au quartier Hay Mohammadi, l'un des quartiers les plus pauvres de la capitale économique du Maroc. PROTEST SINGERS Il était composé au départ de cinq musiciens : Larbi Batma, Omar Sayed, Boujmîa Hagour, Allal Yaâla et Aziz Tahiri qui sera remplacé en 1974 par Abderhmane Kirouche. Leurs chants se caractérisent par des chœurs puissants poussés à l'unisson qui font revivre la poésie orale sur des airs façonnés par des instruments traditionnels à l'instar de la s'nitra, le gumbri, le bendir et la tbila. Grâce à des paroles engagées et poétiques reflétant les malaises de la jeunesse marocaine de l'époque et à leurs rythmes puissants, ils ont révolutionné la musique marocaine et maghrébine et laissé une marque indélébile dans le paysage culturel du pays. En 2011, un ouvrage retraçant le parcours de ce groupe mythique a été édité au Maroc. Nass El Ghiwane, 40 ans de chanson protestataire marocaine, est le titre que l'écrivain Abdelhai Sadiq a choisi pour cet ouvrage. Ce livre, composé de 200 pages, est un hommage aux leaders du mouvement El Ghiwane et donne à lire la traduction en langue française d'une quarantaine de tubes et une vingtaine de chansons traduites pour la première fois vers l'espagnol et l'anglais. En 2003, un livre est publié regroupant l'ensemble des textes de leurs chansons en darija, intitulé Klam el-Ghiwan.