Le débat a fait rage. Mais après moult tractations, le bureau de l'APN, qui s'est réuni hier, a décidé de couper la poire en deux. La suppression ou pas de la prime de fin de mandat, qui représente une année de salaire des députés, était hier au centre de toutes les discussions dans les coulisses de l'hémicycle Zighoud Youcef. Qui étaient pour, qui étaient contre son annulation ? Le débat a fait rage. Mais après moult tractations, le bureau de l'Assemblée qui s'est réuni hier dans l'après-midi, a décidé de couper la poire en deux en réduisant de moitié la prime. Une proposition qui sera examinée pour validation par les membres de la commission des finances et du budget. Les députés percevront ainsi uniquement 50% du montant prévu, c'est-à-dire 1,3 million de dinars au lieu de 2,6 millions. Notons que dans la matinée, les députés du RND, deuxième force politique au Parlement, ont proposé sa suppression pure et simple alors que ceux du FLN ont pris l'initiative de couper la poire en deux en suggérant de réduire de moitié la prime en la ramenant à 1,3 million afin de l'adapter selon l'argument avancé par le président du groupe parlementaire de cette formation, Mohamed Djemaï, au contexte économique actuel. Par contre, les députés des autres formations ont qualifié cette question de «faux débat». Pour eux, il y a une volonté de «noyer le poisson» et de détourner les citoyens des questions essentielles, notamment «l'adoption d'une loi de finances impopulaire». «Nous avons proposé à la commission de finances de réduire l'indemnité mensuelle des députés à 20%, mais notre proposition a été paradoxalement rejetée», déplore le député islamiste. Le PT et l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) estiment que la suppression de cette prime ou son maintien n'est pas l'essence du problème, il faudra selon eux aller au-delà de la réduction ou l'annulation de cette prime dans le contexte actuel caractérisé par la crise qui touche de plein fouet l'Algérie. Naâmane Laouar, du MSP, explique que les députés de sa formation sont prêts à sacrifier cette prime et même leur salaire, mais qu'en est-il des autres responsables des autres secteurs ? «Pourquoi on pointe du doigt uniquement le député, alors que les ministres, les directeurs généraux de Sonatrach et de Sonelgaz, les directeurs des différentes caisses touchent une prime conséquente dépassant le milliard, les footballeurs qui touchent des salaires faramineux et de surcroît non imposables. Il est nécessaire d'appliquer cette règle à tous les hauts cadres de l'Etat. A notre avis, on veut à tout prix noircir l'image du député», déplore cet élu, qui pense que cette démarche voulue et entérinée par le pouvoir risque de se retourner contre ce dernier et poussera les citoyens à s'abstenir lors des prochaines élections. Djaloul Djoudi, du Parti des travailleurs, estime que cette prime a mis a nu la politique du gouvernement «Pourquoi on n'instaure pas une prime pour le simple fonctionnaire ? Pourquoi on ne demande pas aux hauts cadres de faire le premier pas ? Au PT, nous n'avons pas attendu la veille des élections pour essayer de redorer notre image auprès de l'opinion publique, comme le font aujourd'hui certains partis», accuse le député du PT. Rappelons que la prime de fin de mandat, instaurée depuis 2002 par décret présidentiel, représente près de 3 millions de dinars par député. Il est à souligner que le budget de l'APN pour 2017 est de 6 milliards de dinars.