Résumé de la 15e partie - Tante Hermione frémissait de plaisir de connaître le nœud de l'affaire. La trahison de sa mère revêtait à ses yeux moins d'importance que l'innocence de Hugh. — Votre mère avait désespérément besoin de liquide, et elle voulait mettre fin à votre idylle. A mon avis, elle a voulu faire d'une pierre deux coups : créer un fossé entre vous deux, et vendre les perles dès que possible. Elle le niera, bien entendu. J'étais probablement trop brutale, mais il valait mieux qu'Ursula sache qui sa mère était réellement- si elle ne s'en était pas encore doutée. — Vous saviez que Hugh ne les avait pas prises. Je suis si heureuse. — Pourquoi serait-il revenu s'il les avait volées ? Ursula, je crois qu'il vous adore. Jouer le rôle d'un jumeau était le geste d'un homme amoureux fou. Je m'irritais un peu que quelqu'un ait fait quelque chose d'aussi extraordinaire pour une fille comme Ursula, charmante, certes, mais pas extraordinairement brillante ni rien. Mais j'ai remarqué que les hommes s'amourachent souvent de ce genre de filles ternes et peu douées. — C'est sensationnel, n'est-ce pas ? — Oui, ai-je approuvé, en tâchant de ne pas me montrer envieuse. Son idée me plaît. Le contraire du «Prisonnier de Zenda». Au lieu d'un sosie prenant la place d'une autre personne, nous avons une personne se faisant passer pour un sosie. — Il est terriblement malin, non ? — Ce n'était pas trop malin de vous donner ce mouchoir avec ses initiales, ai-je rétorqué. Mais j'espère qu'il a du talent pour les cartes. Quelques jours après, nous déjeunions, tante Hermione et moi, en regardant, comme de coutume, le fantastique paysage. — Regardez, lui ai-je dit, voilà Ursula. Cette fois, elle ne giflait pas Hugh. Elle marchait avec lui main dans la main. — Un homme adorable, a commenté ma tante. Et un si bon joueur de bridge. Je n'oublierai jamais la scène à laquelle nous avons assisté lorsque nous sommes allées dans leur suite après la partie. A ce souvenir, les yeux de tante Hermione s'illuminaient. Ursula, ma tante et moi, nous étions arrivées à l'instant même où les Cutters remettaient une liasse de billets tout neufs à Mr Kent, et une pile de reconnaissances de dettes à Mrs Destinoy-Pinchot. — Quel soulagement pour elle, a repris ma tante. Les Cutters lui auraient créé des embarras très déplaisants s'il avait fallu qu'elle les paie. Ce sont des tricheurs professionnels, à mon avis. — Moi, j'ai vraiment adoré sa tête quand elle a vu les perles au cou de sa fille, ai-je répondu. Quelle grimace. Et cette histoire cousue de fil blanc, selon laquelle elle avait seulement voulu apprendre à sa fille à ne pas être négligente avec les choses de valeur. Même Ursula n'y a pas cru. A suivre