A une question sur les suspicions qui touchent les termes de la constitutionnalisation de tamazight, allant du préambule qui l'ignore complètement à l'article 178 qui l'exclut de la liste des constantes nationales, en passant par l'article 3 lui-même, le secrétaire général du HCA dira que son institution ne fait pas de lectures politiques mais se contente des faits, «à nous de travailler pour sa promotion à travers notamment son aménagement et sa standardisation», a-t-il ajouté La Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou abrite entre hier et aujourd'hui un colloque international intitulé «Belaïd Ath Ali, un auteur et une œuvre à (re)lire», organisé par le Haut commissariat à l'amazighité (HCA) et le Laboratoire d'aménagement et d'enseignement de la langue amazighe (Laela) de l'université de Tizi Ouzou. Plusieurs universitaires et spécialistes participent à cette rencontre scientifique consacrée à un pionnier de la littérature amazighe moderne, Belaïd Ath Ali étant le premier à avoir écrit un roman en tamazight en 1946. «Le colloque d'aujourd'hui (…) s'inscrit dans le sillage de la célébration du 36e anniversaire du printemps amazigh qui, cette année, coïncide avec la constitutionnalisation de tamazight et sa consécration comme langue nationale et officielle», a affirmé El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA, dans son allocution d'ouverture de cette rencontre. Selon le premier responsable du HCA, l'objectif est «d'œuvrer à l'introduction de l'ensemble des beaux textes de notre littérature sans exclusion aucune dans les programmes de l'école algérienne». Il fera savoir qu'en marge du colloque, le HCA mettra en place deux ateliers dont le premier, dédié aux auteurs, s'articulera sur «les techniques d'écriture de nouvelles et de romans», alors que le second est consacré aux traducteurs confirmés, appelés à valider l'initiative du HCA, qui consiste en la traduction vers tamazight de la nouvelle Constitution et d'autres textes fondamentaux de l'Etat. De son côté, le wali de Tizi Ouzou, Brahim Merad, précisera que ce colloque «se tient à un moment où nous fêtons, dans la sérénité, le respect de l'altérité un événement qui a aidé l'Algérie moderne à briser des tabous, à bousculer des préjugés, à dominer des passions et surtout à raffermir sa cohésion et éclairer des pans de son histoire millénaire, que des vicissitudes ont maintenus dans le clair-obscur». Evoquant l'écrivain Belaïd Ath Ali dans une brève biographie, le wali de Tizi Ouzou le considère comme «un fin connaisseur de la littérature orale de Kabylie qui a écrit et traduit des légendes anciennes, comme il a produit des textes qui ressemblent fortement au genre romanesque», rappelant Lwali n Wedrar, (Le Saint-patron de la montagne), comme le premier roman en tamazight. A l'issue de la cérémonie d'ouverture et au moment où le premier panel d'universitaires et d'experts entamait les communications, le secrétaire général du HCA a commis un geste inélégant à l'égard des participants en animant, dans une arrière-salle, une conférence de presse autour de… la nouvelle vision du HCA entamée en 2014. Selon lui, l'action de l'institution qu'il dirige s'articule autour d'une mise en réseau qui permet de mener des actions en direction et en collaboration avec toutes les institutions publiques concernées, à commencer par les ministères de l'Education, de la Communication, et de la Culture. Des détails seront donnés à l'occasion d'un long exposé, concernant ces actions. El Hachemi Assad évoquera également la future académie de la langue amazighe, pour laquelle une réunion élargie aux compétences est prévue, probablement en été, pour une large concertation sur ce nouveau cadre institutionnel. Le HCA veut visiblement anticiper sur la question en faisant des propositions, comme celle relative aux conditions d'éligibilité au poste de membre de l'académie. Le HCA revendique-t-il que la journée de Yennayer soit une journée fériée ? A cette question d'un journaliste, El Hachemi Assad affirme que «le HCA est une institution publique qui ne revendique pas, mais qui agit en concertation avec les institutions publiques, en prenant en compte le fait que Yennayer est un référent culturel commun à tous les Algériens». «C'est dans ce sens que l'on a saisi le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales pour une mise à jour de certains textes de loi, à la faveur de la nouvelle réalité constitutionnelle faisant de tamazight langue nationale et officielle, et parmi ces lois, il y a celle de 1963 fixant les fêtes légales». Le secrétaire général du HCA répondra également à une autre question sur les suspicions qui touchent les termes de la constitutionnalisation de tamazight, allant du préambule qui l'ignore complètement à l'article 178 qui l'exclut de la liste des constantes nationales, en passant par l'article 3 lui-même. Pour lui, le HCA ne fait pas de lectures politiques mais se contente des faits. Tamazight dans la Constitution est une réalité et un acquis indéniables, a-t-il estimé. «A nous de travailler pour sa promotion à travers notamment son aménagement et sa standardisation», a-t-il ajouté. Par ailleurs, il reviendra sur l'académie de la langue amazighe pour s'interroger sur sa capacité à relever le défi. «L'Académie peut-elle relever le défi toute seule ? Je ne le crois pas. Elle ne peut que travailler avec le HCA», a-t-il fait savoir. M. B.